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Burkina : L’énigme RSP

| 01.07.2015
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Burkina : L’énigme RSP
© DR / Autre Presse
Burkina : L’énigme RSP
Que se passe-t-il vraiment au Régiment de sécurité présidentielle (RSP) ? Cette question, beaucoup de Burkinabè se la posent avec juste raison, tant les remous au sein de ce corps d'élite de l'armée commencent à semer sérieusement le trouble dans les esprits. Des questions d'affectations internes qui avaient fait des gorges chaudes, on en est arrivé, à ce qui se dit, à une «guerre ouverte» entre le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida et ses frères d'armes du RSP.

Peu importe, cette garde prétorienne est victime d'un malaise que ses commandos n'en finissent pas de porter sur la place publique. Selon des informations, des éléments du RSP, manifestement mécontents, auraient brièvement effectué des tirs dans les alentours du palais présidentiel de Kosyam, dans la nuit du lundi 29 juin 2015. Un mouvement d'humeur qui, selon certains confrères, fait suite à l'audition de trois officiers du RSP par la gendarmerie, dans le cadre d'une affaire liée à la sécurité du chef du gouvernement. Il s'agirait du chef de corps de l'unité et ex-aide de camp de Blaise Compaoré, le Colonel Céleste Coulibaly, et des capitaines Dao Abdoulaye et Kaboré Flavien. Le premier officier cité a même démenti l'information sur sa page facebook avant que le crépitement nocturne des armes ne livre plus tard un autre message. C'est évident que les choses ne tournent pas rond au RSP. Mais nous osons croire, que ce corps, qui fait la fierté du Burkina Faso et inspire respect dans la sous-région ouest-africaine, pansera ses plaies au plus vite. Car, avec toutes ces agitations, on se demande de quoi sera fait l'avenir du «pays des Hommes intègres». Quand on connaît le rôle capital joué par le RSP en matière de sécurité au Burkina Faso, on reste de marbre à l'idée de savoir que ses éléments ne partagent pas le sourire. Capable du meilleur et du pire (c'est dans la nature même des soldats), le RSP suscite moult interrogations. Au point que certains citoyens voient en ce régiment une «vraie menace» pour la paix et la stabilité au Burkina Faso, surtout en cette période fragile de Transition. D'aucuns ne continuent-ils pas de réclamer à en perdre les cordes vocales, la dissolution pure et simple de ce corps ? Cette position est peut-être compréhensible, mais pas défendable. Dans un contexte sous-régional marqué par la montée en puissance de l'insécurité et du terrorisme, pareille proposition n'est pas la meilleure. Dissoudre le RSP, dans le sens de valser ses éléments formés à grands frais dans la nature, n'est pas une solution mûrie. Ce serait périlleux de le faire ! Ce qui est plutôt réaliste, c'est de réorienter les missions du RSP, pour en faire une force antiterroriste spéciale. Ses hommes ont les aptitudes et les stratégies nécessaires pour servir valablement la lutte contre le terrorisme aussi bien au Burkina Faso, que partout ailleurs en Afrique. Le Burkina et la sous-région, et il ne faut pas se voiler la face, ont plus que jamais besoin du RSP, par ces temps de jihadistes. Sur cette question fondamentale de dissolution ou de maintien du RSP, le gouvernement de Transition est fortement attendu. Se basera-t-il sur le rapport fourni par le comité de réflexion sur la réforme du RSP pour trancher avant l'expiration de son mandat ? Refilera-t-il la «patate chaude» au futur président élu ? La réforme du RSP est-réellement possible ? Ce sont autant de questions qui méritent attention et réponses. Toujours est-il que les Burkinabè, dans leur grande majorité, en attendent un dénouement. Pour l'heure, il importe au RSP de défendre son image d'unité d'élite républicaine, en privilégiant le dialogue à la méthode forte. Histoire de permettre la préservation des acquis de la Transition et sa conduite à bon terme. Le Burkina est à une phase cruciale de son histoire sociopolitique, qu'on ne peut plus se permettre un faux pas. Exiger du départ de tous les militaires du gouvernement, comme la rumeur le lui prête, c'est ralentir la marche d'une Transition déjà en difficulté. Unissez tous (gouvernement et RSP) vos efforts pour l'intérêt supérieur de notre pays. Il y va de l'avenir de notre chère patrie.

Kader Patrick KARANTAO

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