Après eux, surgit souvent un militaire, mal préparé à la fonction, mais qui estime que la possession d'armes ou de troupes suffit pour gérer un pays et faire le bonheur du peuple. Les cas ne manquent pas :
- en Guinée-Conakry, lorsque Sékou Touré meurt le 30 mars à Cleveland aux Etats-Unis, Lansané Conté s'empare de la magistrature suprême, on sait ce qu'il est advenu par la suite. La seule différence deux les hommes, est que sous le premier, il y avait le camp Boiro de sinistre mémoire, sous le second, cette prison-mouroir a disparu. Pour le reste, la Guinée tombait de Charybde en Scylla.
- Au Togo, le 7 février 2005, c'est bien la hiérarchie militaire qui a placé Faure, le fils du président défunt à Lomé. Le tout dans une quasi-guerre civile, avec à la clef, près de 1000 morts.
- En Côte d'Ivoire, lorsque le vieux Houphouët rendit l'âme, le 7 décembre 1993, constitutionnellement, c'était Bédié qui devait assurer l'intérim, mais à l'époque, Alassane Ouattara a eu aussi la tentation. Et la grave crise qui a secoué le pays est la conséquence de cet interminable règne du père de la Nation.
- Burkina Faso, les 27 ans de pouvoir de Blaise auront eu les mêmes effets, et la cacophonie qui prévaut actuellement relative à la transition est la parfaite illustration que la démocratie péchait à plusieurs endroits. Mais, si cette transition burkinabè s'annonce bancale, c'est que l'opposition burkinabè a mal manœuvré, surtout ces derniers temps.
Celle-là même qui a sué sang et sueur pour l'accouchement de la Révolution, a pêché par naïveté ou par ignorance.
Nulle part ailleurs, société civile et politiciens ont fait bon ménage : la première est un contre-pouvoir, qui lutte pour la bonne gouvernance, les seconds veulent le pouvoir. Souvent dès le départ, la ligne de démarcation est nette mais, on ahane tel Sisyphe à forcer ce mariage de raison pour combattre un ennemi commun.
Le chêne tombé, les bucherons s'y acharneront, mais après ?
L'opposition burkinabè est victime du syndrome obsidional : ça commence déjà à se lézarder entre eux, car l'adversaire commun vaincu, les egos et les appétits politiques gargantuesques de chaque leader reprennent le dessus.
La transition semble piégée et le pays frôle même la chienlit.
Personne ne sait comment évoluera cette période transitionnelle, mais déjà d'aucuns susurrent que si l'opposition ne fait pas bloc pour se décider mieux, vaut laisser l'armée arbitrer, quitte à lui imposer une feuille de route.