Burkina Faso : Compaoré demande d’ici fin août un rapport « circonstancié » sur le projet controversé du Sénat

| 13.08.2013
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Blaise Compaoré
© DR / Autre Presse
Blaise Compaoré
Ouagadougou, le 12 Août 2013 (AIB) - Le chef de l'Etat burkinabè Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, a demandé lundi à son Premier ministre un rapport « circonstancié » d'ici « au plus tard le 31 août » sur la mise en place controversée du Sénat que l'opposition rejette y voyant un moyen pour lui de se maintenir au pouvoir au-delà de 2015.

 

« Le président du Faso (Blaise compaoré) soucieux de garantir l'unité nationale, de préserver les acquis démocratiques, et fidèle à la longue tradition de dialogue et de paix qui ont toujours caractérisé le peuple burkinabè, a donné des instructions (...) à l'effet de lui soumettre au plus tard le 31 août 2013, un rapport d'étape circonstancié sur le processus d'opérationnalisation du Sénat avec des recommandations et propositions appropriées dans un esprit de consolidation des institutions républicaines », indique un communiqué de la présidence transmis à l'AIB.

Cette décision a été prise « au regard des controverses et préoccupations qui traversent les différentes composantes de la société burkinabè » sur la mise en place du Sénat, précise le texte.

Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao et le ministre d'Etat, ministre chargé des Relations avec les institutions et des Reformes politiques Arsène Bognessan Yé ont été chargés de convoquer « dans les meilleurs délais » le Comité de suivi et d'évaluation de la mise en œuvre des réformes politiques consensuelles issues des « Assises nationales » ayant guidé la création du Sénat afin de produire ce rapport.

L'opposition et les syndicats ont manifesté à plusieurs reprises contre la mise en mise place controversée du Sénat inscrit dans la Constitution en juin 2012 et consacré par une loi votée en mai 2013.

L'opposition mais aussi la société civile accusent le pouvoir de vouloir réviser, par l'entremise de cette haute chambre, l'article 37 de la Constitution limitant le nombre de mandats présidentiels, pour permettre au chef de l'Etat qui a déjà effectué quatre mandats successifs depuis 1991 de briguer à nouveau sa succession en 2015.

L'Eglise catholique a également rejeté le Sénat, tout comme l'Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), un parti allié au pouvoir.

M. Compaoré a affirmé le 30 juillet en marge d'un Conseil de ministre conjoint Côte d'Ivoire-Burkina Faso à Yamoussoukro que le Sénat sera « bien mis en place ».

« Qu'il y ait des manifestations, qu'il y ait des avis contraires, ce n'est pas seulement au Burkina qu'on voit ça par rapport à des dispositions légales ou constitutionnelles. Mais jamais, même à Paris, ni en Amérique, une marche n'a changé une loi, n'a changé la Constitution. Ça n'existe pas », a lancé le président burkinabè.

« Le raffermissement continu de la cohésion sociale ainsi que la mobilisation de l'ensemble des citoyens autour des enjeux de stabilité et construction du développement, constituent un impératif pour l'édification d'un Burkina Faso de progrès et de démocratie », indique le communiqué.

Ce sénat dont la mise en place est attendue en septembre sera composé de 89 membres dont 29 nommés par le Chef de l'Etat, 39 élus par les collectivités territoriales, le reste provenant des religieux et coutumiers, des syndicats et du patronat mais aussi de la diaspora. Les collectivités territoriales et la diaspora ont déjà élu leurs sénateurs.

Le Burkina Faso a été confronté au premier semestre 2011 par une vague de manifestations populaires et de mutineries qui ont failli ébranler ce pays stable d'Afrique de l'Ouest qui a pris son indépendance en 1960.


TAA-RH

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