Eh bien, il s'agit d'un vocable propre au RSP et bien connu des membres de ce corps. Une sorte de bonus sur salaire qu'avait institué Blaise Compaoré pour contenter « ses enfants » qui, en retour, ne manquaient pas de lui dire « merci papa » ; d'où l'appellation. D'un montant de 25 000 FCFA par mois, cette gratification, à ce qu'on dit, était servie par trimestre, soit 75 000 FCFA en chaque fin de trimestre. Suite à la déchéance et la fuite en exil du « papa », cet avantage cher aux militaires du RSP, qui ne reposait sur aucune base légale, était compromis. Avec la prise du pouvoir d'un des leurs, « les enfants chouchou » de Blaise Compaoré se sont dit que l'espoir était permis de voir le fameux « gombo » se maintenir. Surtout qu'en fin décembre 2014, à la fin du premier trimestre post-Compaoré, Zida n'avait pas hésité, à en croire les indiscrétions, à servir gracieusement à chacun de ses anciens frères d'armes, la coquette somme de 300 0000 FCFA. Cela, au regard des efforts consentis par ceux-ci pour lui permettre d'accéder, dans un premier temps, à la Présidence, puis par la suite, son maintien en tant que Premier ministre.
Malheureusement, avec la brouille survenue entre-temps, Zida aurait décidé de mettre fin au « merci papa ». Quand la nouvelle est parvenue dans les rangs, les « jeunes gens » (ainsi qu'on appelle les jeunes soldats du RSP) auraient rétorqué qu'il n'était pas question. « Zida ne peut pas mettre fin au « merci papa » de la sorte. Il faut qu'il soit maintenu et il sera maintenu ». Aurait-on laissé entendre. En la faveur d'une rencontre convoquée par Zida en début février 2015, pour discuter avec les délégués des 14 classes qui constituent le RSP, ceux-ci ont saisi l'occasion pour tirer l'affaire au clair. Interrogé de façon frontale par les délégués sur le sort qu'il comptait réserver au « merci papa », Zida aurait dit à ses interlocuteurs qu'iln'entendait plus verser le fameux bonus. Les délégués ne seraient pas passés par 4 chemins pour mettre leur ancien compagnon en garde quant à l'effectivité d'une telle éventualité. Ils lui auraient même donné un ultimatum (le 30 mars 2015) pour que « merci papa » soit servi. Faute de quoi, Zida les entendrait. A-t-on appris. En plus, au lieu de 75 000 FCFA, ils auraient exigé que désormais ce soit le double, soit 150 000 FCFA, qui soient servis.
Sur ces entrefaites et face à la détermination de ses vis-à-vis, Zida aurait consenti à accéder à leur exigence. Toutefois, il aurait exigé que leurs supérieurs hiérarchiques, à savoir les commandants Kiéré et Coulibaly, lui écrivent officiellement pour demander le payement des sommes exigées. Lorsque les délégués sont allés rendre compte à ces derniers, ils auraient opposé un niet catégorique à cette requête de Zida. Il n'est pas question pour eux d'adresser une quelconque correspondance à Zida au sujet du « merci papa ». Cela fut rapporté à Zida et il aurait décidé que dans ce cas, il n'allait pas servir quoi que ce soit. Mais les « jeunes gens » aussi ont maintenu leur ultimatum du 30 mars. Finalement, on apprend que Zida a dû céder. Le 26 mars, à quelques jours de l'expiration de l'ultimatum, « merci papa » a été servi. Seulement, au lieu des 150 000 FCFA exigés, il n'a servi que 75 000 FCFA. Une rencontre serait prévue au sein du RSP pour apprécier la situation et envisager la conduite à tenir. Affaire à suivre !