Blaise et le Sénat : La méfiance se le dispute à l’empathie

| 14.08.2013
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Acteurs de la societe se prononcant sur le communique de la preseidence
© DR / Autre Presse
Acteurs de la societe se prononcant sur le communique de la preseidence
Le Sénat sera ou ne sera pas ? Le suspense reste encore entier et les Burkinabè sont dans l'expectative depuis que le président du Faso a instruit très solennellement le Premier ministre et le ministre en charge des Réformes politiques de réunir le comité de suivi pour décider des mesures à prendre devant une institution dont la mise en place est bien décriée. Hier 13 août 2013 dans la matinée, nous avons tendu nos micros à des personnalités politiques, syndicales et à l'homme de la rue pour nous enquérir de l'accueil qu'ils ont réservé à la déclaration présidentielle. Lisez plutôt.

senateur

Boureima Bougouma (élu sénateur)

«A l'allure où allaient les choses...»

Une fois de plus, le président du Faso a eu une très bonne vision. A l'allure où allaient les choses, avouons que ce n'était pas facile. Etant au-dessus de tous en tant que responsable de tous les Burkinabè, la préservation de la paix reste sa préoccupation. Et c'est dans cet esprit qu'il a demandé au comité de suivi du CCRP de se retrouver. Nous, nous croyons au Sénat parce que nous pensons qu'il permet un meilleur ancrage de la démocratie. Maintenant, s'il y en a qui pensent qu'il y a certaines insuffisances, il est de bon ton de voir ce qui ne va pas. L'important étant l'intérêt de la population.

 

Mamadou Nama, président du mois des Centrales syndicales et Syndicats autonomes

«Blaise veut mieux appréhender les choses»

Comme des millions d'autres Burkinabè, c'est à travers les ondes de la RTB qui j'ai suivi le communiqué du président du Faso. Nous sommes dans un pays où le débat démocratique est ouvert et possible, mais je ne pense pas qu'il s'agit de reculade comme certains le pensent. C'est plutôt une décision stratégique pour mieux cerner les divergences par rapport à l'institution du Sénat. Il s'agit pour le président du Faso de mieux appréhender les choses pour mieux les apprécier avant de prendre une décision définitive, c'est-à-dire si le Sénat aura droit de cité ou bien s'il sera un mort-né. Si c'est la première décision qui est retenue, nous estimons que, où l'employeur siègera, les syndicats devront y être également.

 

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Maxime Soudré, étudiant en licence de droit

«Une étape vers la suppression du Sénat»

De deux choses l'une : soit le président n'a pas toujours les informations justes par rapport à la proportion de la population qui est contre la mise en place du Sénat, soit il ne suit pas vraiment l'actualité nationale. Sinon, comment comprendre cette décision alors qu'il venait de dire, il y a seulement quelques jours de cela à Abidjan, que même en France et en Amérique, une marche n'avait jamais pu annuler une loi. C'est à ne rien comprendre ! Visiblement, à travers cette sortie, il avait choisi son camp et c'était une manière d'insister que le Sénat sera instauré contre vents et marées. Il s'agit là, soit d'un repli tactique de la part du président du Faso, soit d'une lecture plus objective de la situation, ou encore une prise de conscience de sa part pour préserver la paix sociale et très probablement une étape vers la suppression de cette institution.

 

Sidonie Andognaba, élève à l'ENEP de Fada

«Une sage décision»

Cette décision de la part du premier responsable du pays est surprenante et inattendue à plus d'un titre, même si elle s'apparente beaucoup plus à une reculade. Je pense qu'elle est par ailleurs empreinte de sagesse et contribuera un tant soit peu à faire baisser la tension sociale et à préserver la paix sociale si chère à notre pays.

 

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Jean Hubert Bazié (opposant politique)

«C'est un boulanger en chef qui nous a longtemps roulés dans la farine»

Au niveau de l'opposition, nos positions sont claires : c'est non au Sénat. La déclaration du chef de l'Etat recèle des formes sibyllines qui cachent quelque chose de malsain. Si on reprend ce qui est écrit, il est dit qu'on doit remettre au chef de l'Etat «au plus tard le 31 août 2013, un rapport d'étape circonstancié sur le processus d'opérationnalisation du Sénat avec des recommandations et des propositions appropriées dans un esprit de consolidation des institutions démocratiques». C'est véritablement une souricière ! Qu'est-ce que ça veut dire ? Ou on dissout le Sénat, ou on ne le dissout pas ! A travers les manifestations, la population a clairement rejeté l'idée. Au stade actuel, il n'a pas de place à l'hésitation. Ce Sénat a déjà fait trop de mal. Ce sont ces mêmes gens à qui il demande d'examiner la situation qui sont les défenseurs acharnés du Sénat actuel. Ce sont les mêmes qui étaient au CCRP. Comment voulez-vous qu'ils disent «Non, nous avons eu tort» ? Nous lions le Sénat à la révision de l'article 37 parce que nous ne voulons pas être les dindons de la farce. Nous ne voulons pas qu'on nous roule une fois de plus dans la farine.

Vouloir le pouvoir coûte que coûte et vouloir le garder au détriment d'une très large majorité de la population est le propre de ce régime. Vous savez, Blaise Compaoré a longtemps roulé les Burkinabè dans la farine. Il a roulé les chefs coutumiers, les religieux, certains hommes politiques de bonne foi, certaines organisations de la société civile. Ce n'est pas celui qui fut président d'un pays voisin qui roulait le plus dans la farine. Nous avons ici un grand boulanger en chef. Raison pour laquelle les gens sont méfiants devant cette déclaration parce que, lorsque la situation se détend, ils reviennent à leurs vieilles habitudes, arguant que c'est eux qui ont le pouvoir et que c'est le peuple qui les a mandatés. A la fin, ils disent que les chiens aboient et la caravane passe. Cette fois-ci, la caravane ne peut pas passer.

Issa K Barry

Jean Stéphane Ouédraogo

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