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Blaise Compaoré sur son départ : «je n’ai encore rien décidé»

| 16.07.2014
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Blaise Compaoré sur son départ : «je n’ai encore rien décidé»
© DR / Autre Presse
Blaise Compaoré sur son départ : «je n’ai encore rien décidé»
Son avenir après le pouvoir, le sort de l'article 37, ses relations avec les Roch Marc Christian Kaboré, le lieu de la sépulture de Thomas Sankara, etc. Blaise Compaoré a abordé toutes ces questions dans les colonnes de Jeune Afrique (du 13 au 19 juillet 2014) dans une longue interview qu'il a accordée à Marwane Ben Yahmed. Nous vous en proposons une mouture, vu l'intérêt évident de la parole présidentielle pour les Burkinabè, surtout par ces temps qui courent.

L'antienne est assez bien connue, car ressassée invariablement ces dernières années par Blaise Compaoré chaque fois qu'on lui demandait s'il comptait briguer un autre mandat en 2015 : «2015, c'est encore loin...». Cette fois, face à notre confrère Jeune Afrique, son discours a varié puisque le chef de l'Etat a déclaré : «Je n'ai encore rien décidé. Je suis toujours dans ma réflexion, j'écoute les uns et les autres». Avec une telle réponse, difficile de savoir si le référendum tant réclamé par ses partisans aura lieu.

La présidentielle étant prévue pour novembre 2015, le référendum, s'il devait avoir lieu, devrait se tenir avant mai 2015, sinon le Burkina ferait entorse aux dispositions régionales qui interdisent tout changement des règles du jeu politique six mois avant un scrutin. Sur ce point, Blaise Compaoré a répondu ne pas vouloir s'enfermer dans un schéma précis. Par contre, il compte bien utiliser le temps qui lui reste pour «mûrir» la «réflexion».

«Il n'est pas exclu que je m'arrête en décembre 2015»

Expert dans le maintien du flou, le président a dit ne pas exclure son départ en 2015 : «Il n'est d'ailleurs pas exclu, même si l'article 37 de notre Constitution venait à être modifié, que je m'arrête en décembre 2015, comme c'est pour l'instant prévu».

Le président n'a pas peur de l'après-pouvoir. Au contraire, il éprouve le besoin naturel de se reposer ou de faire autre chose. Blaise songe donc à l'après-présidence : «Si je réfléchis à ce que je ferai après 2015, ce n'est pas parce que j'ai peur de ne plus être considéré ou de m'ennuyer, ou encore par la volonté de m'accrocher à mes privilèges». Affirmant voir les choses au-delà de sa propre personne, celui qui dirige le Burkina depuis le 15 octobre 1987 a déclaré : «Ce qui me préoccupe, c'est ce que deviendrait le Burkina, trouver la bonne formule, garantir la stabilité, ne pas voir détruit tout ce qui a été mis en place. Je n'ai pas envie d'assister à l'effondrement de mon pays pendant que je me repose ou parcours le monde... C'est pour cela que je réfléchis beaucoup à tout cela et que je n'ai pas encore tranché la question, qui n'a rien à voir avec le devenir de ma petite personne».

Après 27 ans de pouvoir, Blaise Compaoré a avoué ressentir «l'usure du temps comme tout le monde» et a tenu à assurer les uns et les autres qu'il est conscient qu'il lui faudra bien partir un jour.

C'est pourquoi le chef de l'Etat a confessé avoir déjà réfléchi à la question de sa succession et à celui qui devra lui succéder. Cependant il n'en dira pas plus, car «ce n'est pas le genre de réflexion que l'on partage en public».

«Je préfère largement qu'ils aient quitté le CDP»

Le départ des démissionnaires du parti présidentiel (ndlr : Roch, Salif et Simon), le chef de l'Etat l'a minimisé, argumentant qu'on est dans un Burkina où «chacun est libre de faire ses choix : partir, revenir, repartir...» Blaise s'est même félicité de leur départ en ces termes : ces dissidents «pensent réellement ce qu'ils disent de moi... Je préfère largement qu'ils aient quitté le CDP». D'ailleurs, tous les ponts seraient rompus entre eux et «nous discutons par stades interposés...».

On aura remarqué que le président tient toujours à son Sénat et ne désespère pas qu'il voie le jour. «Le Sénat figure dans notre Constitution, donc il verra le jour, évidemment. Il reste cependant encore un certain nombre de discussions à mener et de points à régler», a-t-il déclaré à ce propos.

En avril dernier, la justice burkinabè s'était déclarée incompétente pour faire expertiser la tombe de Thomas Sankara afin d'attester que ce sont bien ses restes qui s'y trouvent. Sur cette question, Blaise est catégorique : «Thomas est enterré au cimetière de Dagnoën, à Ouaga».

Une synthèse de

San Evariste Barro

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