Et comme par enchantement, le président du Faso fait une sortie médiatique, précisément chez nos confères de Jeune Afrique. De cette interview, sa position est entre gris clair et gris foncé. Il veut bien quitter le pouvoir mais à qui remettre les clés du temple et quel avenir pour la maison Burkina. Ce sont ces questions qui turlupinent l'esprit de Blaise Compaoré. Et dans le même laps de temps, ses grands avocats réunis au sein du Front républicain font une caravane pour la paix et la cohésion sociale, font un appel des plus pressants et retentissants envers ceux d'en face pour un dialogue direct afin de conjurer le mal.
En observant cette posture, on voit clairement que le déplacement à Washington pour le Sommet USA/Afrique se prépare minutieusement du côté du pouvoir. Des preuves? La déclaration de Tulinabo Mushingi, ambassadeur des États-Unis au Burkina, résonnent toujours dans les têtes à Kosyam et quand le coq gaulois chante que celui qui a la force doit aussi savoir pardonner, il y a un lien évident avec cette nouvelle position du parti au pouvoir.
Les discours du genre « on va modifier pian... » ou «il n'y a rien en face, tout est maïs...» n'ont plus leur place. Il faut savoir amadouer et c'est ça aussi la démocratie; pas de forcing. Alors on tend la main à l'autre et on cherche des compromis ou bien des modus vivendi, car il faut se présenter chez Barack Obama avec des arguments démocratiques dignes de ce nom et non tout simplement cette ritournelle « on a la majorité, on fait ce qu'on veut, attendez d'avoir la majorité pour changer« . En allant à Washington, il faut du solide plus que ça. C'est pourquoi la longue perche est ressortie pour la tendre à l'opposition. On se présente alors comme des adeptes du dialogue et de la concertation.
Un gros piège à cons car, très vite, l'opposition peut être considérée comme jusqu'au-boutiste et donc mal vue à l'extérieur. Sans oublier que l'on a dans son chapeau un autre lapin, celui de la présentation du Burkina comme un cas à part, un verrou à la montée de l'extrémisme dans la sous-région.
Les Echos du Faso