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Avez-vous vraiment besoin de tout cela, Monsieur le Premier ministre ?

| 16.03.2015
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A l'appel de certaines Organisations de la société civile (OSC), des centaines de Burkinabè ont pris d'assaut l'aéroport international de Ouagadougou dans l'après-midi du jeudi 12 mars 2015. Ils sont venus accueillir le ministre de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité (MATDS), Auguste Denise Barry, et sa délégation de retour d'une tournée d'explication sur le report du vote des Burkinabè de l'étranger.
© DR / Autre Presse
A l'appel de certaines Organisations de la société civile (OSC), des centaines de Burkinabè ont pris d'assaut l'aéroport international de Ouagadougou dans l'après-midi du jeudi 12 mars 2015. Ils sont venus accueillir le ministre de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité (MATDS), Auguste Denise Barry, et sa délégation de retour d'une tournée d'explication sur le report du vote des Burkinabè de l'étranger.
De retour de Côte d'Ivoire, Auguste-Denise Barry, le « Monsieur transition » de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité a été accueilli par son Premier ministre et de jeunes gens, le drapeau burkinabè en mains, venus lui apporter leur soutien. Contre qui et pourquoi ? Parce qu'Auguste-Denise Barry est allé pour expliquer les raisons pour lesquelles les Burkinabé de la diaspora ne participeront pas aux prochaines élections et qu'il y a eu cet incident que tout le monde a déploré ? Quel regard voulez-vous que les Ivoiriens et tous les autres pays qui accueillent nos compatriotes aient sur eux ?


En effet, cet accueil pour le monde insolite montre qu'ici un objectif a été atteint. Lequel ? Celui de mettre fin définitivement à la non-participation des Burkinabé de l'étranger aux élections, est-on tenté de dire. Mais, en vérité, est-ce une bonne chose que nos frères et sœurs, parce qu'ils sont à l'étranger, ne prennent pas part aux élections post-insurrection, très capitales pour la réconciliation des Burkinabé ? Si c'est cela qu'on a fêté, tant mieux.

En outre, en tant que Premier ministre d'un gouvernement de transition, sensé réconcilier son peuple, Isaac Zida, a sans doute été induit en erreur en se présentant lui-même à l'aéroport pour accueillir un ministre, fut-il son bras-droit et célébrer un événement qui n'en valait pas la peine en cette période. Est-il normal que celui qui a incarné l'unité nationale juste après l'insurrection et qui de fait l'est toujours, tranche en faveur d'une partie des Burkinabé ? Blaise Compaoré a commis l'erreur quand, revenant des Etats-Unis où il a déclaré qu'il n'y a pas d'institutions fortes sans hommes forts, il s'est fait accueillir par les partisans du Oui au référendum et à la modification de l'article 37 de la Constitution. La suite on la connaît. Non seulement cela a radicalisé la position de ceux qui étaient contre, mais a creusé davantage le fossé entre les Burkinabè. Si c'est cet objectif qu'on recherche par cet accueil, on a envie de dire tout de suite que les Burkinabè n'en ont pas besoin.

Isaac Zida est en train de commettre à nouveau les erreurs qu'on lui a reprochées juste après son arrivée à la Primature. C'est compréhensible car, à côte de lui comme de tous les hommes de son rang, il y a des gens qui refusent de lui dire la vérité. Autrement, ces gens-là ont un autre calendrier qu'ils tentent de lui faire dérouler. Par ailleurs, quand Auguste Denise Barry dit qu'il y a des « mains cachées » derrière ces personnes qui ont perturbé la rencontre d'Abidjan, on a envie de lui dire de citer ces mains-là. Car, plus rien ne sera comme avant et les Burkinabè ont besoin de savoir tout, ou presque tout ce qu'ils doivent savoir. Les élections présidentielle et législatives d'octobre seront sans doute le couronnement d'une transition réussie. Aussi, toute action qui tente à les perturber doit être « neutralisée » (pour reprendre un terme qu'ils connaissent bien dans le milieu militaire). Et qu'ensuite, les Burkinabè sachent qui veut saboter le processus.

Au cas contraire, ça ressemble à des mises en scène dont les seuls et vrais acteurs sont ceux qui accusent. Et ça, ce n'est pas moins du déjà vu, du...populisme.

Dabaoué Audrianne KANI

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