Imprimer cette page

« Aventuriers » menaçant la Transition : C’est la CPI et les poubelles de l’Histoire

| 13.07.2015
Réagir
Présent à Bruxelles où il a participé au forum de la fondation Crans Montana, le président du Faso, Michel Kafando a reçu dans la soirée du 12 juin 2015, un prix de cette fondation « pour tout ce qu’il a fait pour son pays ». Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© © Photo : Leonard Bazié / Présidence
Présent à Bruxelles où il a participé au forum de la fondation Crans Montana, le président du Faso, Michel Kafando a reçu dans la soirée du 12 juin 2015, un prix de cette fondation « pour tout ce qu’il a fait pour son pays ». Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Michel Kafando, le président de la transition burkinabè, a donc parlé. Après quelques jours de flottement, de silence et de négociations, tous azimuts, relativement à ce qu'il convient d'appeler affaire Zida/armée, le chef de l'Etat a donc, fait le 10 juillet dernier, une adresse radiotélévisée à la Nation.

Sur la forme, la solennité cadre avec la gravité de la situation et le ton, sans être comminatoire, se veut être ferme, signe d'une certaine lassitude teintée de colère à peine contenue du premier magistrat du Burkina. Le fond quant à lui, est très clair, point de circonlotions diplomatiques, même si on sent que derrière l'homme, affleure toujours celui qui dit la réalité, de façon enrobée.

D'abord, le vocable de «tumulte» revoie aux eaux de l'océan transformées en houle, qui menacent un navire, en l'occurrence celui battant pavillon Burkina. En ces circonstances troubles, le seul courage du capitaine ne suffit pas, il faut un zeste de sagesse.

Le président Kafando, réputé posséder cette qualité, s'en est donc remis à cette sagesse, après avoir écouté tout ce qui compte comme personnalités représentatives de la société burkinabè. Et son diagnostic, après ce vaste brainstorming, est sans appel : il y a péril en la demeure, et il faut trouver rapidement, une solution. Voilà donc un Cadre de concertation des sages (CCS) qui est porté sur les fonts baptismaux.

Le CCS a la charge de résoudre l'équation Zida/armée/ex-majorité. Une crise qui oppose le Premier ministre l'armée et les ex-tenants du pouvoir. L'armée et l'ex-CDP et Cie exigent le départ du chef du gouvernement, et lors des concertations, ce dernier a refusé de rendre le tablier.

Voilà donc le Burkina dans une crise, d'où l'invite du président du Faso à «transcender les divisions, et à privilégier l'intérêt général pour sauver le Burkina Faso». En attendant la restitution des conclusions des travaux du CCS, Michel Kafando a néanmoins, indiqué la voie :

il compte bien mener à terme la mission à lui confiée par le peuple via la charte, c'est-à-dire organiser les élections du 11 octobre 2015.

Il veut accomplir cette tâche dans «la sérénité», à savoir, sans tapage, ni blocage, ni intimidation ou peaux de banane.

Enfin, il a lancé, une sorte d'avertissement à peu de frais à tous ceux qui grenouillent pour saboter la transition.

Excédé, il a même lâché le mot «aventuriers», «mus par les forces du mal» qu'il met en garde contre un éventuel torpillage du processus transitionnel : ils répondront devant les institutions internationales, pour ne pas dire devant la CPI, puisque de par leur fait, la chienlit pourrait s'installer au Faso. De même, la responsabilité de ces torpilleurs sera engagée devant l'Histoire, et même qu'ils pourront finir dans les poubelles de l'Histoire.

C'est donc un Michel Kafando, qui a avoué que les rounds de sa médiation n'ont pas porté de fruit, et qui a lancé un SOS pour sauver notre transition. Comme au lendemain de l'assassinat du journaliste Norbert Zongo, le Burkina Faso encore une fois confie la sortie d'une crise aiguë à un petit comité de sages.

Aveu d'impuissance donc, du président du Faso, alors qu'il s'en trouve des compatriotes qui estiment que Mba Michel aurait dû arbitrer, soit en se prononçant sur les nouvelles missions dévolues au RSP, soit en congédiant le PM et tout le gouvernement. Le PF essuie ces critiques de ces Burkinabè qui oublient trop vite qu'il s'agit d'une transition et que la question dont il s'agit ne se règle pas à coup de décret ou de simple trait de plume.

Trancher le nœud gordien du problème suppose d'abord, qu'on sache la lame de fond qui le sous-tend. Qu'est-ce qui oppose fondamentalement Zida à l'armée, et d'ailleurs, un individu, fût-il PM, peut-il s'opposer à toute une armée représentée par sa haute hiérarchie ? Une haute hiérarchie, qui d'ailleurs, officiellement, n'a jamais fait connaître clairement sa position. A vrai dire, Michel Kafando, pétri d'expériences de la vie, n'ignore pas, et au vu des 27 ans du régime déchu, que rien n'est simple dans le cheminement du Burkina Faso de l'après-Blaise.

La révolution est restée inachevée, de vieux réflexes et pesanteurs politiques et militaires sont toujours prégnants. 16 ans donc après, le collège des sages revoilà le Faso suspendu à un autre collège éponyme. Ah, ces bégaiements de l'histoire!.

Joachim de KAIBO

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité