En face de lui, le représentant du Balai citoyen était bien à l'aise dans son rôle. Parce que, son mouvement, comme il l'a dit est un mouvement de veille. C'est d'ailleurs ce qui a justifié le refus de celui-ci d'entrer dans les organes de la transition. Autrement dit, en tant que tel, le Mouvement a compris qu'en entrant dans quelque organe qu'il soit, il ne pourra plus jouer son rôle qui lui permet de critiquer et d'orienter les actions des gouvernants. C'est bien le rôle d'un mouvement ou d'une organisation de la société civile.
Un autre représentant à ce débat qui était lui aussi dans son rôle, c'est celui de la Confédération générale de travail du Burkina (CGT-B). Très à l'aise comme dans les débats précédents, il n'a pas manqué de tancer, de remettre par moments le gouvernement à sa place. Exactement comme le syndicat l'a toujours fait. Tout ceci dans son rôle bien fondé qui est celui de défendre les intérêts des travailleurs. Car, son organisation avait bien compris qu'il ne fallait pas entrer dans les organes de la transition. Même si, elle a lutté aux côtés des politiciens pour l'avènement de l'insurrection et de la transition.
En effet, l'insurrection populaire a été un produit de la rue. Il est tout à fait malheureusement compréhensible de constater que les Burkinabè continuent de revendiquer dans la rue. Et cela est d'autant plus vrai que le départ des deux ministres, Adama Sagnon et Moumouni Djiguiemdé a été obtenu par la rue. Autrement dit, si les agents des deux ministères n'avaient pas maintenu la pression dans la rue, ils ne seraient jamais partis. C'est dire qu'arrivé au pouvoir, tout en décrétant que plus rien ne sera comme avant, le gouvernement a continué de faire comme avant : ne satisfaire une revendication que lorsque les gens sont dans la rue. Ayant compris cela, les Burkinabè continuent eux aussi de faire exactement comme avant.
Si la transition se trouve aujourd'hui au milieu d'une certaine tourmente, ce n'est pas de la faute des Burkinabè, que certains accusent de ne pas vouloir l'accompagner ou de mettre les bâtons dans ses roues. A tort ou à raison, les bases de la transition ont été faussées dès le départ. En travaillant à écarter coûte-que-coûte des Burkinabè accusés de parias, ceux par lesquels tout cela est arrivé, on a consciemment ou inconsciemment, c'est selon, confirmé une certaine haine, une certaine intolérance d'une partie des Burkinabè envers d'autres. Dans ces conditions, il fallait tout de suite enclenché le processus de réconciliation. Malheureusement, là aussi, on a pris plus de temps qu'il n'en fallait. Si bien que les « parias » se sont recroquevillés sur eux-mêmes, donnant l'impression que ce qui se passe ne les intéresse pas.
Les politiciens qui ont contribué à la chute du régime de Blaise Compaoré ayant fui en partie leurs responsabilités de conduire la transition, Augustin Loada de la société civile et l'armée endosseront la responsabilité de ce qui arrivera à la fin de la transition. En bien comme en mal.
Dabaoué Audrianne KANI