Auguste Denise Barry : L’homme qui fait bouger les lignes

| 17.04.2015
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Auguste Denise Barry : L’homme qui fait bouger les lignes
© DR / Autre Presse
Auguste Denise Barry : L’homme qui fait bouger les lignes
«Il n'y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités», avait coutume de dire le général De Gaulle. Le ministre burkinabè de l'administration territoriale, de la sécurité et de la décentralisation,( MATDS) Auguste Denise Barry, semble avoir fait sienne cette affirmation de l'homme du 18-Juin.

Lorsqu'il hérite du portefeuille plus que sensible du MATDS, le 23 novembre 2014, dans le gouvernement de la transition, il était déjà en terrain connu, puisqu'il y avait déjà fait un tour, durant quelques mois.

Mais même avant cela, aux premières heures de l'après-insurrection, les Burkinabè s'étaient déjà habitués à sa silhouette qui n'était jamais loin du Lt-cl Yacouba Isaac Zida. Discret, réputé travailleur et cérébral, il est présenté comme l'une des têtes pensantes de la transition et il se murmure que le PM ne prend pas de grandes décisions sans s'ouvrir à lui.

Un long compagnonnage lie les deux hommes depuis le Prytanée militaire du Kadiogo, et l'exercice du pouvoir d'Etat les a plus rapprochés.

Voilà donc ce père de famille de 50 ans, patron de la sécurité du Burkina, sous une transition dont l'exemplarité pourrait servir de laboratoire, sous d'autres cieux. Pour ce faire il faut que les hommes chargés de l'animer crapahutent dur Et si la compétence d'un ministre de l'administration se mesure à l'aune du courage, voire de hardies prises de décision, alors l'actuel MATDS jouit de cette qualité.

Sans préjugé de ce qui se passera les prochains mois, ces derniers jours, l'homme a fait bouger les lignes de la transition :

- il était aux premières lignes avec le vote de la loi électorale et assume : «Ceux qui se font passer pour des victimes étaient hier seulement des bourreaux», lâchera-t-il à l'endroit ceux qui crient à l'exclusion ;

- quant aux arrestations de dignitaires de l'ancien régime, c'est aussi dans ses cordes, et là aussi, il s'en est expliqué (lire reportage, page 6).

Pendant longtemps, on a intenté un procès, en incompétence, voire en complicité à l'égard des autorités de la transition qui parlaient plus qu'elles n'agissaient. Ces derniers jours, c'est bien le contraire, et sans doute, le ministre Barry fait partie des responsables de la transition qui ont œuvré à apporter cette preuve par l'acte.

Certes, l'insécurité, l'incivisme, les situations volatiles sur les sites miniers, sont toujours prégnants au Faso, mais pour ce qui est du nettoyage des écuries, il y a un début de frémissement, quand bien même on sait que par exemple, pour les crimes de sang, il n'est pas évident qu'on puisse enrôler et avoir des verdicts sous cette transition. L'essentiel est qu'outre les crimes économiques, ceux de sang connaissent aussi un début de justice.

Cependant, le chantier essentiel, ou du moins l'autre chantier titanesque qui attend l'affable mais déterminé A. Denis Barry, est l'organisation des élections du 11 octobre 2015.

Il est vrai que c'est la CENI qui est l'administration qui supervisera ces scrutins, mais le chapeau du MATDS sera toujours là, et le département est attendu sur ce terrain où généralement, on la suspecte de rouler pour le pouvoir sortant. Dans ce cas du Burkina actuel, les tenants du pouvoir de la transition ne sont pas preneurs, et on devrait assister à une neutralité du MATDS, même si on ne peut pas empêcher certains, (et c'est déjà le cas de ceux qui ont été écartés par la loi électorale) de soutenir que la transition a un penchant pour des chapelles politiques. Lesquelles ?

En tous les cas, A. Denise Barry sait que presque sous tous les cieux, un ministre de l'administration est très populaire et aimé, car il incarne l'ordre, la force légale dont il use en cas de nécessité. A l'heure où la pagaille semble vouloir faire tache d'huile, il devra et il l'a promis, veiller au grain. Ce n'est pas rien que partout, les ministres de sécurité sont affublés de surnoms, tels sécurocrate, porte-flingue du pouvoir.

La Rédaction

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