En effet, on peut être quand même surpris qu’au moment où les cœurs sont meurtris et les cadavres des victimes encore fumants suite à cette funeste attaque, de tels propos tendant à remuer le couteau dans la plaie non encore cicatrisée de la dissolution du RSP, soient prononcés, en occultant totalement les raisons et les conditions qui ont prévalu à cette dissolution. De fait, Beth regrette tout simplement que les Burkinabè aient pris une telle décision. Or, pour avoir longtemps servi au Burkina, le général Beth est bien averti de l’histoire de ce corps et de son contentieux avec le peuple burkinabè, à travers les enlèvements, les tortures, les assassinats de citoyens dont celui du journaliste Norbert Zongo, qui ont contribué à l’éloigner du peuple et à rendre problématique la question de son existence au moment où se renforçait, en ce même peuple, le sentiment que ce corps d’élite n’était qu’un instrument au service d’un seul individu et de son clan. C’est dire que bien avant les djihadistes, c’est le RSP qui terrorisait les Burkinabè. Illustration en a encore été donnée avec le coup d’Etat de septembre dernier dont le bilan macabre n’a rien de différent de celui des attaques djihadistes du week-end dernier. Or, le RSP aurait pu travailler à avoir l’estime et la confiance du peuple souverain du Burkina Faso qui n’aurait alors jamais demandé sa dissolution parce que conscient de sa force de frappe et de la valeur de ses éléments. Au demeurant, après la chute de Blaise Compaoré, les autorités de la Transition avaient demandé au chef historique du RSP, le général Gilbert Diendéré, de faire des propositions quant à l’avenir et la réorganisation de ce corps au profit de la protection du peuple burkinabè tout entier. L’occasion était belle pour cette unité d’élite de se racheter, et de prouver au peuple burkinabè qu’il était un corps républicain, résolument au service de la Nation et non d’un clan comme cela est incrusté dans le subconscient des masses populaires. Mais Gilbert Diendéré ne saisira pas cette opportunité.
En se retournant contre la République, le RSP s’est disqualifié lui-même
Au contraire, il retournera ses armes contre les institutions du pays, en perpétrant un coup d’Etat qui restera dans les mémoires comme le geste de trop qui aura été fatal au RSP. Finalement, ce dernier n’aura jamais pu se départir de la mauvaise image qui lui collait à la peau, jusqu’à son démantèlement. En se retournant contre la République, le RSP s’est disqualifié lui-même aux yeux du peuple burkinabè en quête de démocratie et de liberté. Il a lui-même signé son arrêt de mort et s’est auto-dissous. Or, Dieu seul sait si des éléments patriotes, il y en avait au sein de ce corps, prêts à se sacrifier pour la nation. Comparaison n’est pas raison, mais si le GIGN ou le RAID, qui sont des corps d’élite en France, s’avisaient d’adopter les agissements du RSP décriés par les Burkinabè, qu’aurait été la réaction du peuple français ? En tout cas, le retrait par Paris de la médaille de la légion d’honneur à son chef, Gilbert Diendéré, après l’échec de son coup foireux, est assez éloquent sur la question. Au demeurant, malgré tout ce qu’on en dit, l’on ne peut pas soutenir que le RSP était aussi opérationnel que les super gendarmes et les superflics français en termes d’équipements, d’entraînement des troupes, de logistique, etc. Cela n’a pas empêché les terroristes de frapper durement la capitale française par deux fois en l’espace de onze mois. Qu’en dit le général Beth ? A défaut donc de partager la peine des Burkinabè, le général Beth a manqué l’occasion de se taire. Car vu les conditions dans lesquelles la dissolution du RSP est intervenue, ce n’était ni le lieu ni le moment d’avoir une telle sortie médiatique. A moins qu’il soit nostalgique de la période Compaoré, ce qui est, du reste, bien compréhensible, vu les atomes crochus qu’il avait avec les hommes forts du pays à l’époque. Ce qui a même fait dire à une certaine opinion qu’il ne désapprouvait pas la forfaiture du Général Diendéré avec qui il partageait de bons moments de sauts para, quand il était au Burkina. C’est pourquoi le moment semble mal choisi pour poser le problème de la dissolution du RSP en des termes qui peuvent heurter la conscience des Burkinabè. En tout état de cause, le Burkina Faso l’a fait en toute souveraineté, en toute connaissance de cause et en assume les conséquences. Il faut maintenant penser à l’avenir. Du reste, du temps où il existait, le RSP n’a pas pu éviter l’enlèvement du Roumain à Tambao, rapt qui était, sauf erreur de notre part, l’un des premiers actes terroristes posés contre le Burkina Faso, certes post-Compaoré, mais en présence du Général Diendéré qui avait encore la haute main sur les renseignements burkinabè. A moins que...
Outélé KEITA