Article 37 : « Le référendum est une opération à multiple inconnues à clarifier nécessairement »

| 17.10.2014
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Article 37 : « Le référendum est une opération à multiple inconnues à clarifier nécessairement »
© DR / Autre Presse
Article 37 : « Le référendum est une opération à multiple inconnues à clarifier nécessairement »
La question du référendum divise la classe politique burkinabè. Au lendemain du «dialogue politique inclusif», instauré par le président du Faso, les deux camps se rejettent constamment l'échec. L'un de nos fidèles lecteurs, Tagdi Mayor soutient que le référendum tant réclamé à cor et à cri par la majorité est une opération à multiples inconnues. Et se résume en la personne du chef de l'Etat, Blaise Compaoré, qui semble se murer dans un silence calculé.

Au lendemain de l'échec du «Dialogue politique inclusif», une forte agitation s'est installée au sein de la classe politique, réclamant à tue-tête l'organisation du référendum dont on ignore encore beaucoup de choses.

Première inconnue : quelle sera la formulation exacte de la question qui sera posée au peuple ? Vraisemblablement elle tiendra à savoir si les votants sont d'accord pour la modification de l'article 37 de la Constitution afin de permettre la candidature du Président Blaise Compaoré à sa propre succession en 2015.

Deuxième inconnue : ce procédé ne conduit-il pas à court-circuiter certaines candidatures au sein des partis concernés tout en contournant leurs instances compétentes en matière de choix des candidats ? Même à supposer que cela ne nous regarde pas parce qu'il s'agit d'un problème interne aux partis demandeurs de référendum, il reste à savoir en quoi justement la résolution d'un problème interne à des partis nécessiterait-elle la convocation du corps électoral de notre pays.

Troisième inconnue : le référendum se résumant en fait à imposer la candidature du Président sortant, à l'élection présidentielle de 2015, présuppose que celui-ci convoite, à nouveau, ce portefeuille.

Jusqu'à ce jour, le Président Compaoré ne l'a pas déclaré, qui plus est, il a plutôt déclaré que l'organisation du référendum ne signifiait pas qu'il serait candidat à l'élection présidentielle de 2015.

Evidemment dans cette posture : le président Compaoré s'aménage ou simplement dispose de trois possibilités intéressantes :

  • Si le résultat du référendum est NEGATIF (lui est défavorable), il peut s'en démarquer en arguant à juste titre qu'il ne se sent pas concerné parce que n'ayant jamais annoncé sa candidature, pas même son intention de le faire ;
  • Si le résultat du référendum est POSITIF (lui est favorable), il a toujours le loisir soit d'accepter, soit de refuser d'être candidat.
  • Le référendum et ses résultats s'effacent devant le libre arbitre du Président du Faso qui décide en son âme et conscience in fine.


Dans ces conditions de haute incertitude, peut-on vraiment se payer un référendum peut-être pour rien ?

N.B.: Tout ce qui précède conduit à reconnaître que le référendum a un PREALABLE incontournable qui lui donnerait un sens politique plausible : «L'annonce officielle de l'intention du Président Blaise Compaoré de faire candidature à sa propre succession dans la légalité». Cela au moins le lie à tous les résultats possibles d'un éventuel référendum concocté pour obtenir ladite légalité.

La dernière inconnue se situe au niveau de la réaction que provoquerait une telle annonce d'intention. Mais une déclaration officielle de non candidature, qui n'est pas non plus à exclure d'emblée, serait la plus grande surprise jamais vécue au Faso, mais ne serait pas unanimement perçue comme une abomination par la classe politique nationale.

Décidément, quel traquenard ?

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