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Article 37 : A l’aube des craintes

| 04.09.2014
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Article 37 : A l’aube des craintes
© DR / Autre Presse
Article 37 : A l’aube des craintes
L'horizon 2015 semble bien vouloir mettre en question les libertés de presse, de manifestation et même de penser au Burkina Faso. Ces espaces de libertés qui sont le résultat d'âpres luttes antérieures se trouvent en ces instants menottées par ceux-là qui voient se ragaillardir leur orgueil à chaque fois que le Burkina Faso est cité comme un exemple en matière de liberté de la presse et de manifestation.

L'avenir de l'article 37 de la Constitution, la mise en place du Senat, telles sont les questions qui divisent fortement les burkinabè. Les positions d'avance tranchées et diamétralement opposées ne laissent apercevoir aucune lueur de conciliation. C'est justement ce qui explique l'étouffement éclair du projet de la médiation interne porté par l'Ex-Président Jean-Baptiste OUEDRAOGO. L'optimisme le plus naïf ne pouvait en réalité sous aucun rapport soutenir la réussite d'une telle entreprise. Le Parti au pouvoir comme l'Opposition reste mordicus sur leur position et chacune de ces parties dit agir au nom et dans l'intérêt du peuple burkinabè. Chacune de ces parties dit agir aussi pour faire triompher la Loi fondamentale, c'est-à-dire la « Volonté générale » sur celle individuelle, égoïste et égocentrique. Le radicalisme des positions sur ces différentes questions « d'intérêt national » ou non, c'est selon, a fini par imposer de manière explicite ou implicite à chaque burkinabè le choix d'un camp, celui de Zéphirin DIABRE ou celui de Assimi KOUANDA. Aucune autre position n'est admise et aucune autre option n'est à servir non plus. Dans un ordre aussi radical, les indécis et tous ceux qui appellent à la conciliation des positions pour éviter une éventuelle dérive sont considérés sans aucun autre jugement comme des traitres, conformément aux termes d'un rappeur français qui disait qu' « Il n'y a que les traitres qui ne prennent pas de partie. »

Les questions ci-dessus évoquées ont fragmenté la société burkinabè en deux blocs qui se combattent indirectement. Le critique de cette situation c'est que dans cette lutte, que chaque partie dit mener au nom du peuple burkinabè, les questions de libertés se trouvent mises entre parenthèse, le temps qu'une des parties prenantes triomphe sur l'autre. Ainsi, tous ceux qui ne veulent pas observer cette trêve pour la liberté, pour leur liberté sont de facto considérés comme des personnes Non-gratta, des adversaires farouches si ils ne sont pas des ennemis.

Toutes les actions, même les plus innocentes, sont vues sous l'angle de l'appartenance politique, donc combattues ou soutenues suivant son fond.

La presse, considérée comme observatrice indépendante, doit continuer à écrire et continue à écrire sur la situation politique nationale. En conséquence, ils ne sont pas épargnés par des actions de répressions qui trouvent probablement leur fondement dans le refus de leur organe « de la fermer. » Les cambriolages des locaux des organes de presse constituent-ils encore des Evènement(s) ?

Les manifestations syndicales ou non, considérées comme l'expression de la participation citoyenne à la construction de l'Etat ne doivent pas sombrer même si elles mettent en exergue de fortes contradictions parfois difficilement conciliables. Une telle hypothèse signifierait un retour au stade du totalitarisme qui a douloureusement jeté le doute sur la prédominance de la raison humaine sur l'instinct animal. Les interdictions de manifestations que l'on relève çà et là militent clairement en faveur d'une restriction de la liberté de manifester, d'une manière ou d'une autre. Le Syndicat national des agents des finances (SYNAFI) s'est vu interdire de manifester au sein et aux alentours de leur ministère. Et l'Opposition politique n'a obtenu la légalité de sa marche-meeting du 23 aout 2014 qu'après une négociation avec les autorités municipales. L'étiquette de l'illégalité collée aux manifestations serait-elle une astuce pour confisquer les libertés de manifestation ?

Plus rien n'a d'intérêt outre l'avenir de l'article 37. La passion aveugle que cela suscite obscurcie davantage les perspectives d'harmonisation des positions. Et pourtant, il est indispensable d'arriver à cette harmonisation des positions afin que le Burkina Faso soit épargné par des dérives qui pourraient rappeler ''l'Etat de nature'' de Thomas HOBBS. La solution au blocage politique n'est ni exceptionnelle, ni magique et ne s'étale pas sur le long terme. La voir exceptionnelle ou magique c'est aboutir à la conclusion que ce sont les intérêts intimes qui sont en jeu. La voir exceptionnelle ou magique, c'est conclure que la génération actuelle et future se doit de se responsabiliser.


C.TRAORE

Faso-actu

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