Cependant, osons croire et souhaiter que du côté des militaires les choses soient définitivement rentrées dans l'ordre. Maintenant, tout le monde va se tourner une fois de plus vers ces politiciens à l’appétit vorace. Encore eux, pourrait-on dire ! Nous n'avons cesse de le dire et de le répéter dans les mêmes colonnes. La classe politique burkinabé a échoué. Lamentablement. Elle doit l'accepter et se remettre en cause. Même si certains ont fait leur mea-culpa, ils n'en sont pas moins coupables. Tout ce que le peuple endure aujourd'hui est dû à son irresponsabilité à faire face aux préoccupations réelles des populations dans leur majorité. Les Burkinabè ont toujours exprimé le vœu ardent de vivre ensemble, de construire leur pays ensemble dans la fraternité, l'engagement ferme, la paix et la liberté. Malheureusement, et ce, depuis des années, ils (ces politiciens) sont arrivés à introduire le virus de la division, de l'intolérance, de la haine, de la pensée et de la réflexion uniques et des rancœurs au sein des populations. Ils sont arrivés à diviser les Burkinabè, à créer une nouvelle classe de Burkinabé dont l'objectif est le pouvoir à tout prix. Et pourtant, on peut bien servir son peuple, son pays sans être au pouvoir.
Qui mieux que le paysan, dans les confins du Burkina, dans le contexte actuel du Burkina sert mieux son peuple et le pays ? Qui mieux que ces petits commerçants, acteurs du secteur informel et qui se promènent à longueur de journée avec leurs marchandises en bandoulière, servent mieux leur peuple et leur pays ? Qui mieux que ces menuisiers dans les coins de rues, ces maçons dans les nouveaux secteurs servent mieux leur peuple et leur pays ? Qui, mieux que ces fonctionnaires, ces agents du secteur privé servent mieux leur pays, leur peuple ?
Dans sa dernière adresse au peuple (communiqué du service d’information du gouvernement), le gouvernement de la transition, après avoir salué la bravoure du peuple et son engagement pour la liberté et la paix, a demandé aux Burkinabè de se réconcilier et de cultiver la paix. C'est incontestablement la prochaine étape dans le processus en cours. Rien, disons-le, rien ne peut nous permettre de réussir ce que nous avons déjà réussi sans la réconciliation, sans la liberté et la paix.
C'est pourquoi, la transition est interpellée à rappeler tout le monde à l'ordre. Surtout la classe politique qui doit faire une véritable introspection de ses actions depuis ces dix dernières années. Si jamais elle s'inscrit dans la même dynamique que ce que nous avons déjà connu, il faut craindre pour la suite. Malheureusement, ce sont les mêmes acteurs. Donc, il sera très difficile qu'ils aient de nouveaux comportements. Peuvent-ils réellement démanteler un système qu'ils ont eux-mêmes construit de toutes pièces pour leurs propres intérêts ? Il faut peut-être y croire.
Dabaoué Audrianne KANI