Analyse : Roch, pour le gouvernement, prends ton temps !

| 07.01.2016
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Analyse : Roch, pour le gouvernement, prends ton temps !
© DR / Autre Presse
Analyse : Roch, pour le gouvernement, prends ton temps !
Les Burkinabè veulent qu’il nomme tout de suite un Premier ministre et un gouvernement. Parce qu’ils estiment que les « chantiers titanesques » qui l’attendent sont assez nombreux. Et pourtant !


Si le président nouvellement élu, Roch Marc Christian Kaboré, prend du temps pour nommer un Premier ministre et un gouvernement, c’est qu’il a ses raisons. Que les Burkinabé doivent savoir, mais qu’ils feignent d’ignorer. Après la rencontre qu’il a eue avec son prédécesseur Michel Kafando, celui-ci lui a clairement dit qu’il aura beaucoup à faire, parce que la tâche ne sera pas facile. Et cela est d’autant plus vrai que les chantiers et les attentes sont nombreux et pressants. N’est-ce pas une raison suffisante pour le nouveau pouvoir de prendre toutes les précautions afin de mettre en place une équipe loin de tout soupçon et tout reproche ?

« Chat échaudé craint l’eau froide», et les deniers événements vécus ici même au Faso sont encore vivaces dans les esprits. Des ministres nommés par la transition ont été démis ou ont été obligés de « rendre le tablier » parce qu’ils ne concordaient pas avec l’esprit de l’insurrection. Roch a donc intérêt, s’il ne veut pas vivre la même situation, de choisir des gens à la moralité irréprochable et aux convictions de « servir leur pays et non s’en servir » indéniables.

Le Burkina Faso revient de loin. Il arrive alors avec un nouveau pouvoir élu à l’issue d’une transition comparable à un Etat d’exception au cours de laquelle, il faut le dire, très peu de choses ont été faites à la normale. Aussi, n’est-il pas important pour Roch et ses camarades de mettre un peu d’ordre dans la maison avant de l’occuper ? Sans doute que oui ! Une raison suffisante pour prendre le temps qu’il faut, parce que les Burkinabé ne veulent pas retomber dans les mêmes travers. Et subir les conséquences d’une impréparation au sommet de l’Etat.

En outre, après vingt-sept ans de régime Blaise Compaoré, si Roch veut trancher avec les habitudes qu’on a connues, il a le droit de prendre une fois de plus, du temps pour effectivement mettre l’homme qu’il faut à la Primature et les hommes qu’il faut dans les différents ministères. Et cela ne peut se faire en si peu de temps. La transition n’avait pas de programme. Elle a donc calqué le programme de Blaise Compaoré et de son régime qu’elle a plus ou moins terminé. Tout en apportant quelques correctifs pour signifier qu’elle aussi a fait la différence. Peu importe.

Aujourd’hui donc, le plus important pour les nouvelles autorités, c’est d’être en phase avec les aspirations des Burkinabè. Ni dans la précipitation ni dans la lenteur. Mais avec calme, sérénité et conviction. Au Nigeria, c’est après cinq mois que le président Muhammadu Buhari a nommé un gouvernement. Le pays ne s’en est pas moins bien porté. Surtout qu’en ce moment, Roch travaille beaucoup.

Dabaoué Audrianne KANI

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