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An I de l'insurrection au Burkina Faso : Les lineaments d’un nouveau contrat social tracés

| 02.11.2015
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Les activités commémoratives de la journée nationale d’hommage aux martyrs de l’insurrection populaire d’octobre 2014 et du coup d’Etat du 16 septembre 2015 se sont poursuivies à la place du monument des héros nationaux le samedi 31 octobre 2015. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© Leonard Bazié / Présidence
Les activités commémoratives de la journée nationale d’hommage aux martyrs de l’insurrection populaire d’octobre 2014 et du coup d’Etat du 16 septembre 2015 se sont poursuivies à la place du monument des héros nationaux le samedi 31 octobre 2015. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Le poète a raison de s’écrier « oh temps suspends ton vol » . Voilà un an déjà que les Burkinabè de toute couche sociale ,surtout les jean Valjean ont mis fin au pouvoir fossilisé de Blaise Compaoré enferré à l’époque dans ses certitudes de tripatouilleur de la Constitution . C’était le 31 octobre 2014 mais c’était comme si c’était seulement hier, que les insurgés du Faso ,ont déboulonné le locataire de Kosyam scotché à son fauteuil depuis 27 ans .


12 mois c’est peu pour juger un gouvernement tant le temps politique n’est pas le temps calendaire et tant la gestion du legs de presque 30 ans de pouvoir n’est pas aisée. Mais comme c’est le calendrier imparti à ce pouvoir de transition, on ne peut que tirer un bilan d’étape sous reserve des élections et l’après pour pouvoir porter un jugement tranché sur ce régime intérimaire.

En attendant que dire de cette première bougie de l’ insurrection burkinabè que d’aucuns ont vite assimilé en révolution ?

Il faut d’abord souligner qu’au contraire de certaines transitions qu’elle soit civile ou militaire ,celle du pays des hommes intègres s’est doté en l’espace de 2 semaines d’une Charte qui est sa Loi fondamentale adossée il est vrai à la Constitution. C’est inédit tout comme la chute de Blaise .

Le slogan « plus rien ne sera comme avant » devenu leitmotiv national se traduit par certaines réalités quoiqu’il yait des insuffisances : ainsi les burkinabè ont l’impression qu’ils sont égaux et qu’il n y a plus de citoyens de secondes zone. Les linéaments d’une mobilité sociale, économique et politique sont en traçage . La césure béante qui existait entre la justice et les justiciables commence à se combler. Il y a donc comme un air de nouveau contrat social qui souffle sur le Faso. Les burkinabè ont l’impression qu’il peuvent faire de la politique sans craindre pour l’avenir administratif .En clair il est temps d’espérer à des lendemains qui chantent .

Cependant l’arbre des attentes et des avancées inhérentes à cette transition ne doit pas cacher la foret des déconvenues et des ratés de ce pouvoir . On peut en énumérer quelques uns :

Un retard à l’allumage a fait perdre un temps fou aux autorités de cette transition lesquelles autorités n’ont pas eu clairement au départ une feuille de route . Cette absence de mission pour les 12 mois qui lui sont impartis a été une faiblesse insigne qui a impacté négativement son travail.

Ensuite la « décompaorisation » a parasité au début cette transition. En effet si une telle période est propice à l’exaltation des valeurs et à leur implémentation, le fait d’avoir voulu opérer une sorte de TABULA RASA du système déchu et en un laps de temps a handicapé momentanément la transition . Ainsi on a vu que tous les responsables aux grands postes nommés sous l’ancien régime ont été remerciés ; mieux de nouveaux nommés ont été contestés et au final le gouvernement a été obligé de les enlever. Les plus emblématiques restent les ministres de la culture (Adama Sagnon) et du désenclavement ( M Djiguemdé) dont le premier ministre a été obligé de s’en séparer pour bronca contestataire.

Comment oublier les lois qui ont été votées au conseil national de la transition (CNT) qui sont soit fondées mais dont la procédure et la célérité dans l’adoption confinent à la précipitation. En prenant la controversée loi électorale, on se rend compte qu’elle était nécessaire mais mal administrée, elle a creé des problèmes qui auraient pu être évités.

Les zig zags de la transition se constatent aussi dans cette invasion des organisations de la société civile ,les fameuses OSC qui ont souvent induit la transition en erreur en poussant à la roue ,il est vrai qu’à leur décharge ,l’inaction des politiques dont les yeux étaient rivés sur les élections ne laissait pas le choix . Il a fallut d’ailleurs le coup d’Etat du 16 septembre pour réveiller certains de l’ex CFOP (opposants de l’ancien régime) de leur torpeur et des calculs à la petite semaine

En un an donc la principale leçon de cette transition est qu’elle a ouvert des chantiers salutaires pour le pays et dont meme le prochain pouvoir qui sera issu des élections du 29 novembre ne saurait faire l’impasse. Le vouloir vivre ensemble revient peu à peu et il suffit d’une vraie réconciliation pour que le Burkina retrouve le chemin d’un balbutiement du développement.

Dans 4 semaines d’ailleurs ,on pourra savoir si la transition aura accompli la mission majeure à elle confiée et alors on pourra dresser un bilan circonstancié de cette période transitionnelle . En attendant ,les burkinabè espèrent qu’ils pourront enfin voter vraiment à cette date sans une interruption comme ce fut le cas le 16 septembre dernier. Quand un serpent vous a mordu vous avez peur ...meme d’un bois mort .

Joachim de kaibo

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