Voilà pour la carte postale. Mais ce fut également une 25e édition éminemment politique, puisque la Côte d’Ivoire, pays invité d’honneur a vu son chef d’Etat, Alassane Ouattara, remettre l’Etalon d’or, en compagnie de son homologue burkinabè. La glace existant entre Alassane et Roch Kaboré a fondu, car entre les deux, si ce n’était pas la fâcherie, il y avait tout de même, au milieu, le président déchu Blaise Compaoré exilé en Côte d’Ivoire. Petit à petit, au gré des sommets où ils ont des apartés et avec le Traité d’amitié et de coopération (TAC) et la diplomatie souterraine, la raison d’Etat a primé sur l’amitié, celle solide entre le n°1 ivoirien et l’ex-président burkinabè. En acceptant de venir pour tirer les rideaux sur cette biennale, en compagnie de son frère burkinabè, Alassane Ouattara montre, si besoin était, qu’inexorablement entre les deux pays, bien qu’il y ait de nombreux facteurs dirimants, le divorce est impossible. C’est dire qu’il n’y a pas que le sport qui est le seul lien de rapprochement entre les individus et les peuples. Le 7e art l’est doublement.
D’abord, par la force et le choc des images qui n’ont pas de frontière, film éponyme, d’ailleurs, de la Burkinabè Apolline Traoré qui raconte l’histoire des commerçantes qui font la navette entre les pays pour faire du trafic. N’en déplaise aux cassandres, la remise du prix suprême du FESPACO par les deux présidents, une première, est une image d’Epinal qui pulvérise tous les pronostics funestes qui augurent toujours des rapports faisandés CI-BF. Tout n’est pas encore au beau fixe, il y a toujours le mandat d’arrêt international contre Blaise Compaoré et d’autres réglages de moindres détail, subsistent. Mais déjà, c’est un FESPACO qui aura permis aux deux pays de célébrer des épousailles nouvelles, maintes fois menacées ou secouées par des orages de foyer. Pour ce coup-ci encore, le tête-à-tête de 30mn entre les deux dirigeants duquel rien n’a filtré, aura encore sans doute, permis d’aplanir certains points de vue et de préparer les prochains travaux spécifiques entre les deux pays. Et si on devait retenir de ce 25e FESPACO qui fut une réussite, malgré l’attaque mortelle de Kourfayel (Nord) qui aurait pu changer d’acronyme en l’espace d’une journée pour devenir Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouaga et d’Abidjan (FESPACOA) .
Joachim de KAIBO