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Alassane devrait-il se taire sur la question du Burkina ?

| 22.05.2015
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Alassane devrait-il se taire sur la question du Burkina ?
© DR / Autre Presse
Alassane devrait-il se taire sur la question du Burkina ?
« En matière de paix et de sécurité, nous avons abordé les questions au Mali, au Burkina Faso et en Guinée-Bissau. En ce qui concerne le Burkina Faso, le sommet a demandé la tenue d'élections inclusives, sans discrimination, dans les meilleurs délais, c'est-à-dire comme prévu par les Burkinabè eux-mêmes, le 11 octobre 2014 ». « L'exclusion ne sera pas acceptable » car « nous considérons que tout ce qui doit être fait doit être conforme à la Constitution du Burkina Faso ». Paroles d'Alassane Ouattara, président de la République de Côte d'Ivoire à l'issue du sommet de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui a eu lieu le 19 mai à Accra au Ghana. Alassane Ouattara n'a fait que rapporter les conclusions du sommet. Autrement dit, ce que ses pairs ont décidé pour le Burkina. Quel crime a-t-il donc commis ? Est-ce de l'ingérence dans les affaires intérieures d'un pays ? Devrait-il se taire parce que Blaise Compaoré est accueilli et séjourne dans son pays ? En tout cas, ses propos ont été largement diffusés sur les réseaux sociaux et par les envoyés spéciaux des médias indépendants. Au Burkina comme partout ailleurs, on a jugé l'information digne d'intérêt.


En effet, selon une certaine opinion, ces décisions de la CEDEAO n'engagent qu'elle. Le Burkina Faso est un pays souverain doté d'une Constitution et d'une Charte. La CEDEAO devrait, toujours selon cette opinion s'occuper de ses problèmes. En oubliant que la CEDEAO est justement là pour s'occuper des problèmes de l'ensemble de ses membres dont le Burkina. La preuve en est que la situation au Mali de même qu'en Guinée-Bissau a été évoquée par la même CEDEAO. La CEDEAO ne s'occupe pas seulement de questions économiques, mais de plus en plus de bonne gouvernance politique, de démocratie et de droits de l'Homme.

Aussi, à cette opinion, on pourrait tout simplement rétorquer que le Code électoral révisé tire sa substance de l'article 25, alinéa 4 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Beaucoup plus lointaine que la CEDEAO qui regroupe les pays de l'Afrique de l'Ouest dont huit pays partagent la même monnaie. En outre, des pays comme le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso et le Ghana, en plus du fait qu'ils partagent les mêmes frontières (donc beaucoup de choses), ils sont interconnectés sur le réseau électrique. C'est dire, entre autres, que le Burkina Faso ne peut vivre sans les autres pays de la sous-région et réciproquement. Les Burkinabè doivent le savoir et le prendre en compte dans leurs analyses.

Dans tous les cas, Alassane Ouattara, comme tous les autres chefs d'Etat de la Communauté n'ont aucun intérêt à ce que le Burkina Faso connaisse une quelconque crise. De même, si par hasard cela arrivait, ils ne peuvent rien faire d'autre que de prendre des mesures pour lui trouver des solutions rapides et durables. Mais, ils ont au moins la conscience que tout ce qui touche au Burkina touche à leurs pays respectifs. C'est sans aucun doute ce qui explique leur engagement auprès de ce pays.

Et Alassane Ouattara, dont le pays a souffert des « Et » et des « Ou » en sait beaucoup sur l'exclusion. Il en sait aussi beaucoup sur des élections non-transparentes et truquées. Enfin, il en sait beaucoup quand des personnes tentent par tous les moyens de confisquer le pouvoir. Ce sont des leçons de la vie.

Dabaoué Audrianne KANI

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