Adoption de la charte de la transition : Une colère sourde étreint-elle la société civile ?

| 13.11.2014
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Adoption de la charte de la transition : Une colère sourde étreint-elle la société civile ?
© DR / Autre Presse
Adoption de la charte de la transition : Une colère sourde étreint-elle la société civile ?
Que se passe-t-il à propos de ce fameux avant-projet de charte de la transition censé tracter le Burkina vers des lendemains institutionnels normalisés ?


La question peut paraître incongrue, voire provocatrice, puisque ledit texte est presqu'au point, en attendant le réglage de certains de ses aspects.

En effet, hier, dans la matinée, partis politiques, société civile, religieux et coutumiers ont examiné chacun en ce qui le concerne, la mouture de l'armée qui souhaite une charte moins touffue. Hier, une commission conjointe devait réexaminer et adopter le texte amendé par l'armée, puis par les partis politiques, et les OSC et les religieux.

Au finish, l'armée est venue en retard, et a souhaité que le draft réintroduit par ses vis-à-vis soit examiné de nouveau par la hiérarchie, avant la plénière pour validation ?

On sait que les désaccords portent sur : la suppression de l'Assemblée nationale de transition, de la commission de réconciliation nationale, et sur le conseil de sécurité. L'armée souhaite par contre, le maintien du Conseil national de transition (CNT), dont le chef serait issu de ses rangs. Ce CNT aura un statut consultatif et non délibératif. En outre, la clef de répartition de ses 60 membres sera paritaire, soit 15 par groupes représentés (opposition : 15, société civile : 15, armée : 15 et ex-majorité : 15).

La plénière pour l'adoption de ce document est prévue en principe pour aujourd'hui, dans l'après-midi.

Mais voilà, si l'opposition, par la voix de Zéphirin Diabré, semble se satisfaire, non seulement des propositions de l'armée, et du timing que la Grande Muette impose, la posture du côté de la société civile, semble, de plus en plus, différente. Du moins officieusement.

Certes, il n'y a pas encore un acte manifeste, mais cette société civile commence à trouver le temps long pour les délibérations sur l'avant-projet de charte. Non pas qu'elle épouse les délais de l'UA, mais elle estime que plus on avance, plus elle subodore, que le Lt-cl Zida semble vouloir se hâter lentement.

Elle se base sur certaines idées émises par le chef de l'Etat qui a parlé tantôt de «forum», tantôt de «candidat de l'armée»pour conduire la transition.

Si on validait par exemple, ce texte fondamental ce jeudi 13 novembre, l'urgence n'est-elle pas de trouver l'homme ou la femme, qui va conduire le pays jusqu'à la présidentielle de 2015 ?

Pour la société civile, pourquoi un forum avec des jeunes, des femmes, des anciens... ?

N'est-ce pas les mêmes, qui sont sortis les 30 et 31 octobre pour accoucher la Révolution ? Ce forum se tiendra-t-il avant ou après la désignation du président de la transition par le collège ?

Et enfin, l'armée a-t-elle vraiment besoin de proposer «son candidat» pour ce poste ? Officiellement donc, quand on arpente les couloirs de l'hôtel Laïco, à Ouaga 2000, de l'Autorité du Liptako-Gourma où se déroulent les travaux en plénière, le langage est policé, conciliant. Mais en aparté, des éléments de la société civile qui ont été actifs depuis des mois, et le jour de la chute de Blaise, éructent contre le comportement qu'ils jugent ambivalent du Lt-cl Zida. Selon eux, si la charte est adoptée, le chemin de la transition civile est tout tracée, l'armée devant veiller à la sécuriser jusqu'en 2015.

Soyons clair : or une partie de la société civile semble suspecter le Lt-cl Zida, qui, du bout des lèvres, affirme qu'il partira si le civil est trouvé, mais qui paraît manœuvrer à rester dans l'ombre le vrai patron de la transition civile et même plus.

Les prochains jours nous situeront sans doute, mais d'aucuns commencent déjà à ronger leur frein. «Nous n'avons pas dit à Blaise de partir pour que d'autres militaires s'y installent pour l'éternité».

Mon colonel, la parole est à vous !

Joachim de KAIBO

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