Les raisons de la visite extraordinaire qu’Alassane Dramane Ouattara (ADO) a effectuée chez le chef des Mossé en marge de l’investiture de Roch Marc Christian Kaboré sont donc à rechercher ailleurs que dans la consolidation de son régime. Du moins, pas de façon directe, car le président ivoirien a sûrement échangé avec son hôte d’un jour de sujets qui pourraient avoir indirectement un effet sur la stabilité de son mandat. Figuraient certainement en bonne place de l’entretien entre les deux hommes, au-delà des conseils et bénédictions que l’on publie officiellement, les écoutes téléphoniques vraies ou supposées entre Djibrill Bassolé et le président de l’Assemblée ivoirienne, Guillaume Soro, le mandat d’arrêt lancé contre l’ancien président Blaise Compaoré, entre autres dossiers qui contribuent à dégrader les relations diplomatiques entre les deux pays frères et voisins.
Mais qu’est-ce qu’ADO peut bien attendre au juste de l’empereur moaga? Son intercession auprès du président burkinabè nouvellement investi pour qu’il passe l’éponge sur les révélations non encore vérifiées mais tout de même vraisemblables tendant à tenir le pouvoir ivoirien pour responsable, par complicité ou par inaction, d’actes de tentatives de déstabilisation qui ont éprouvé le régime de la transition burkinabè? Le froid qui glaçait les rapports entre le chef de l’Etat ivoirien et l’ex-président de la Transition Michel Kafando était si sec que tout le monde a fini par le sentir.
Alassane Ouattara veut sûrement passer par le Moogho Naaba, que l’on peut considérer comme étant le chef traditionnel du président Roch, pour disposer ce dernier à taire les différends ayant existé et existant entre les deux pays et leurs autorités. Le président ivoirien en a sûrement parlé également avec son homologue burkinabè. Il pourrait ainsi vouloir aller plus vite et plus sûrement à la décrispation diplomatique avec son nouveau compère en passant par l’autorité coutumière et traditionnelle de ce dernier, qui n’hésitera probablement pas à lui poser des conditions.
L’une d’elle sera, à n’en pas douter, sinon l’extradition de Blaise Compaoré, du moins son exil vers un autre pays d’où il lui sera plus difficile de tirer les ficelles du jeu politique du pays qu’il a fui un certain 31 octobre 2014. Peut-être le Burkina a d’ailleurs là une opportunité d’échange entre la livraison du président Compaoré à la justice de son pays qui, en ce moment, remettrait à plus tard l’affaire Soro, au moins le temps qu’ADO termine son mandat. Ce qui n’est pas sans risque de prolonger davantage l’affaire, vu que Guillaume Soro ne cache plus son rêve de succéder à Ouattara.
JPS