"A petites doses, les USA mettent la pression sur le pouvoir et ses ambitions modificatrices."

| 08.07.2014
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Bosnan, Mushingi et Traoré
© DR / Autre Presse
Bosnan, Mushingi et Traoré
Il y a quelques jours, l'ambassadeur des USA au Burkina donnait, de façon prosaïque, sa vision et donc celle des États-Unis sur la situation politique nationale. C'était à l'occasion de l' »independance day ». Une vieille démocratie de plus de deux décennies comme celle des USA n'a vu sa constitution subir, en tout, que 27 révisions. Or, celle du Faso, qui n'est même pas trentenaire, a été charcutée déjà trois fois et des ténors du parti au pouvoir le disent avec délectation et se promettent de faire subir encore la pauvre loi fondamentale à un autre charcutage qui va finir par la faire perdre ses fondements.
Après donc l'ambassadeur, voilà le GI's commandant, Andrew Bosnan, qui, avant de rentrer, a fait une déclaration qui va faire perdre le sommeil a plus d'un pro referendum pour révision de l'article 37.

En s'adressant à son frère d'armes, le général Honoré Traoré, l'attaché militaire de l'ambassade des USA au Burkina a été plus explicite que le diplomate ambassadeur, en disant: «Dans les prochaines années, vous aurez la possibilité de faire de votre professionnalisme un modèle en Afrique pendant que votre pays passe une transition démocratique».

On ne peut pas être plus clair. En un mot comme en mille, le souhait et l'idéal du président Obama, à savoir des institutions fortes et non des hommes forts, revient au grand jour et comme le disait un diplomate, il y a une chose bizarre ici au Burkina, en ce que le pays n'a jamais vu un ancien président passer la main à son successeur issu d'élections libres et transparentes; et cela dure depuis l'indépendance.

Ainsi, le GI'S yankee qui, visiblement, n'a pas parlé avec sa propre bouche, souhaite que l'armée burkinabè reste républicaine et donc au service du pays. Sans le dire ouvertement, il ne souhaite pas un destin de capitaine Sanogo au général Honoré Traoré. Il le voit professionnel des armes et il entend qu'il s'en tienne à ça, et la reconnaissance du Faso, de l'Afrique lui reviendrait.

D'ailleurs, le commandant américain donne pratiquement rendez-vous au général Traoré pour d'autres bonnes actions en faveur du développement et du changement de la perception sur les militaires en Afrique. Voilà pourquoi le GI'S dit « vous serez un modèle pour l'Afrique« .

A petites doses, les USA mettent la pression sur le pouvoir et ses ambitions modificatrices.

Ousmane Hébié

lesechosdufaso.net

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