Sa déclaration doit donc inspirer ceux qui auront en charge les procédures judiciaires contre les auteurs et complices du putsch. En effet, sous cette Transition, les choses ne se sont pas toujours passées dans les règles de l’art. Il y a même eu des dénis de droits individuels, basés sur une justice sélective, dirigée notamment contre les dirigeants de l’ancien régime.Des ministres et des responsables de partis de l’ex-majorité ont été embastillés sans qu’aucune procédure judiciaire ne soit ouverte à leur encontre. Ce sont ces dérives qui ont coûté à Auguste Denise Barry, l’ancien sécurocrate de la Transition, son poste de ministre. Michel Kafando, sans s’immiscer dans le travail des juges, indique la voie à suivre. Il faut donc poursuivre dans ce sens pour situer toutes les responsabilités et garantir à toutes les personnes inculpées un procès équitable. Sans remettre en cause l’impartialité de certaines autorités judiciaires, on peut se demander si certains actes ne relevaient pas d’un certain populisme. En effet, sur quelles bases le doyen des juges d’instruction du Tribunal de grande instance a, dans le cadre d’une information ouverte, gelé les avoirs de certaines personnes et organisations politiques dans les banques et établissements financiers le 25 septembre dernier? Cette question, des observateurs se la posent aujourd’hui surtout que l’on savait que ce serait la justice militaire qui serait saisie pour les suites judiciaires du coup d’Etat. En plus, les intéressés dans une déclaration, disent n’avoir pas reçu une notification officielle de cette ordonnance. Avouons que tout cela peut remettre en cause la crédibilité de l’institution judiciaire. C’est pourquoi les autorités de la Transition doivent insister pour que les Burkinabè fassent confiance à la Justice. Ceux qui veulent des résultats ici et maintenant ont tout faux. Si l’on est convaincu des complicités civiles dans ce coup d’Etat, l’instruction de ce dossier va certainement prendre plusieurs mois. C’est pourquoi il faut déconnecter les suites judiciaires du coup d’Etat de l’organisation des élections à venir. La Transition aura déjà largement fait son boulot si elle s’assurait, sans donner des ordres au pouvoir judiciaire, que tous auront un procès équitable. La mise en place de la commission d’enquête pourrait par exemple, donner des éléments de base pour l’instruction des dossiers au niveau de la Justice militaire. Au total, les Burkinabè ont besoin de savoir ce qui s’est passé après ce putsch. Mais ce serait créer encore des frustrations préjudiciables à la réconciliation nationale si des Burkinabè étaient injustement accusés de collusion avec les putschistes. Le Burkina de l’après insurrection doit démontrer qu’il a le droit chevillé au corps. C’est pourquoi ses fils se sont dressés comme un seul homme pour refuser le déni de justice et le mépris de la Constitution qui était érigé en système sous Blaise Compaoré.
Par Dayang-ne-Wendé P. SILGA