Situation nationale : Diendéré la terreur, est-ce vraiment fini ?

| 28.09.2015
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Situation nationale : Diendéré la terreur, est-ce vraiment fini ?
© DR / Autre Presse
Situation nationale : Diendéré la terreur, est-ce vraiment fini ?
Le peuple burkinabè, face au coup de force du Général Diendéré, a dit sans ambiguïté et avec courage, non. Il a été conforté en cela par des organisations internationales au nombre desquelles l’on peut citer l’UA (Union Africaine). Cette dernière, en effet, et il faut le noter, avait utilisé le terme terroriste à juste titre pour qualifier les putschistes. Le visage le plus emblématique de ces terroristes portait un nom que les Burkinabè ne sont pas prêts à oublier : le Général de brigade Gilbert Diendéré. Il est certainement l’un des officiers les plus taiseux et les plus craints de l’histoire du Burkina. Le seul mérite, si c’en est un, qu’on peut lui concéder, est d’avoir reconnu sa responsabilité entière dans ce coup de force d’un autre âge et de s’être dit disposé à faire face à la Justice. Comment se fait-il alors que celui qui avait fondé son« prestige » et sa « gloire » sur la répression féroce du peuple burkinabè et ce, pendant trois décennies, en tout cas au moment où nous tracions ces lignes, bénéficie encore du statut de citoyen libre ?


Diendéré, de manière méthodique, a su alimenter la peur

Cette question est d’autant plus pertinente que le chef des putschistes a poussé l’outrecuidance à son paroxysme le samedi 26 septembre dernier, en tentant d’interrompre par la force le processus de désarmement de ses hommes dès l’annonce du gel de ses avoirs et de ceux de ses présumés complices. Quel culot! Peut-on s’exclamer. Sous d’autres cieux, Diendéré serait dans le meilleur des cas en train de réfléchir sur sa forfaiture en lieu sûr, dans l’attente de comparaître devant une cour martiale pour félonie et homicide volontaire. L’on se souvient que pour avoir été seulement suspectés de tentative de putsch contre Blaise Compaoré, les officiers Boukari Lingani et Henri Zongo, après un procès expéditif, avaient été passés par les armes. Et celui qui était à la manœuvre était justement Diendéré. Aucun démocrate ne souhaite ce sort au Général. Par contre, tous les démocrates sont en droit de s’inquiéter et de s’indigner de le voir libre aujourd’hui, après qu’il a pris la liberté d’ôter la vie à d’innocents burkinabè et d’exposer notre pays aux flammes de la géhenne. Le service minimum que la République aurait dû faire était de le mettre aux arrêts de rigueur et ce d’autant plus qu’il a reconnu toute sa responsabilité dans le malheur qui vient de frapper le pays et qui a traumatisé bien des Burkinabè. Certes, il a demandé solennellement pardon, mais cela ne suffit pas. Et, l’on comprend très difficilement l’extrême mansuétude avec laquelle il est traité après le putsch. La seule explication de ce refus des autorités de s’assumer jusqu’au bout pourrait être liée à la peur maladive et chronique qu’elles éprouvent dès que l’on parle du Général Diendéré. Et ce sentiment est à la fois partagé par les civils et les militaires. Et Diendéré, de manière méthodique, a su alimenter cette peur en se reposant sur la puissance de feu du RSP au détriment de l’armée nationale transformée pour les besoins de sa cause en coquille vide. Diendéré avait tellement réussi cela que dans l’imaginaire de la majorité des Burkinabè était ancrée l’idée selon laquelle seuls les éléments du RSP avaient le monopole de la vaillance et de la maîtrise de l’art militaire. Et les autres comptaient pour du beurre. Naturellement, pour dégager la voie afin d’être l’Alpha et l’Oméga de l’armée, la terreur entretenue par Diendéré a dû compter pour les officiers acquis à sa cause et qui lui doivent certainement certains de leurs privilèges. Ceux-ci constituent aujourd’hui de véritables hiérarques repus et tapis dans ce que l’on appelle la hiérarchie militaire que Diendéré a évoquée à la face du monde pour dire que son coup de force avait le soutien de la grande muette. Heureusement, l’évolution de la situation nous a prouvé qu’il n’en était rien.

Il ne faut pas traiter l’après putsch avec légèreté ni sentimentalisme

En effet, les Burkinabè peuvent être fiers de leur armée. Elle renferme toujours en son sein, malgré les apparences, des hommes et des femmes capables d’entendre les cris de détresse du peuple martyrisé et traumatisé du seul fait du RSP. Ce sont ces soldats du peuple qui ont désavoué le putsch du RSP en prenant la responsabilité de converger vers Ouagadougou pour libérer la patrie du joug humiliant de Diendéré et de ses hommes et cela, à ce que l’on dit, contre l’avis de certains hiérarques de l’armée qui ont lié leur destin à celui du général félon. Pour le moment, Diendéré s’est retranché au camp Naaba Koom où il assiste au désarmement de ses hommes. Mais pour autant, l’on ne peut pas s’empêcher de s’inquiéter toujours et de se poser la question suivante : Diendéré la terreur, est-ce vraiment fini ? L’on peut en douter, au regard des considérations qui suivent : d’abord, l’on peut être sceptique quant au désarmement en cours. En effet, les patrons du RSP pourraient n’avoir pas mis tous leurs œufs dans le même panier. Il est fort probable donc que toutes leurs armes ne soient pas stockées uniquement à leur caserne. Certaines pourraient se trouver enfouies à des endroits insoupçonnés, dans la ville de Ouagadougou, dans sa banlieue et même dans des citernes. Bref, qui peut nous garantir que Ouagadougou n’est pas assise sur des caches d’armes ? Car le général est énigmatique et diaboliquement intelligent. En outre, Diendéré, au-delà du fait qu’il avait la haute main sur l’armée, bénéficie à coup sûr de nombreuses accointances tant au plan domestique qu’à l’extérieur. De ce fait, il ne faut pas traiter l’après putsch avec légèreté ni sentimentalisme. Le Burkina pourrait le payer très cher un jour. Car, le prochain coup de force de Diendéré ou d’un de ses compagnons d’arme pourrait être plus dévastateur. C’est pourquoi l’on ne doit pas se contenter de tuer le serpent sans en trancher, comme il faut, la tête. Tout le monde est prévenu en tout cas, à commencer par les autorités de la Transition qui ont l’ultime occasion de débarrasser notre pays de « Diendéré la terreur ».

« Le Pays »

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