« Seule la vérité est révolutionnaire »! L'ennemi commun, c'est ce "micro-état armé" qui est à Kosyam et qui refuse de délocaliser!

| 30.07.2015
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Le Régiment de sécurité présidentielle tient à rassurer toute la population qu’il n’est pas en marge de la transition voulue par le peuple burkinabè. Il est engagé pour une issue heureuse du processus et du calendrier de la transition qui permettrait de mettre en place un pouvoir légitime issu des élections démocratiques. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
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Le Régiment de sécurité présidentielle tient à rassurer toute la population qu’il n’est pas en marge de la transition voulue par le peuple burkinabè. Il est engagé pour une issue heureuse du processus et du calendrier de la transition qui permettrait de mettre en place un pouvoir légitime issu des élections démocratiques. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Nous venons de traverser une très grave crise. Les afflictions des Burkinabè des classes moyenne et pauvre, les incertitudes, les hésitations de nos politiques, les absurdités et les désaccords au sein de l´armée ont atteint un tel paroxysme que l´implosion s´annonce à l´horizon. Cette situation préoccupante est le reflet des luttes intestines des "enfants gâtés" de la république. Elle est le résultat du calcul politicien de ces hommes (politiques ou militaires) sans consciences ni scrupules qui pour quelques intérêts égoïstes sont prêts à déstabiliser notre pays. Mais cette dégradation brutale du climat politique et social peut, en fin de compte, être la dernière étape de la fin d´une époque si les Burkinabè se mettent debout.


De l'"état voyou" à la "république des copains et des coquins".

De 1987 à aujourd´hui encore, les violations systématiques des droits humains et la combinaison de plusieurs facteurs: économique, militaire, politique et géopolitique ont fait de notre pays un état voyou. Despotes dans l´âme, méfiants, rusés et fins calculateurs, les premiers responsables du système Compaoré étaient devenus finalement "paranos et mégalos". L´assassinat et le vol étaient comme inscrits dans leurs patrimoines génétiques. L´accaparement des maigres ressources et recettes minières du pays par la famille présidentielle et son entourage, le clanisme et la corruption qui minaient les institutions de l´état... rendant impossible une paisible alternance politique avaient fini par créer ces mouvements insurrectionnels et ces troubles sociaux. La maîtrise de ces troubles sociaux est devenue plus que jamais une nécessité. Faisons attention à ce qu´ils ne perdurent pas, car c´est ainsi que naissent les guerres civiles.

La culture de la docilité, une arme si efficace!

Autant l´alternance était souhaitée par la majorité des Burkinabè, autant elle était inimaginable du côté du régime déchu. Tous les arguments auraient été utilisés pour nous rendre dociles afin de maintenir au pouvoir des hommes qui en presque 30 ans de règne absolu étaient devenus de "véritables prédateurs". Nous avons été endormis avec ces termes flatteurs: la paix, la stabilité, le progrès continu. Cependant, au même moment les assassinats se poursuivaient. Au sein du parti et du Gouvernement devenus une sorte de "Cartel De Poulets", on distribuait aisément faveurs et disgrâces présidentielles ou même royales. Aux dociles, on accordait tout. Hautes fonctions dans l´administration, postes d´Ambassadeurs, facilités de tous genres. Aux moins dociles on prescrivait une courte ou longue traversée de désert, avec peut-être à la prime l´espoir de retrouver un jour son petit paradis perdu. Quant à tous ceux qui avaient fait le choix d´avoir une opinion différente, ils étaient envoyés au martyr!

Aux dociles des bols de soupe. Aux autres des coups de matraque.

Des drôles de vocables et d´expressions ont même été inventés pour la première fois dans notre langage politique: "Incivisme". Aux yeux du pouvoir, dire non au vol, à l´injustice, à la corruption et à la précarité...c´était tout simplement devenu de l´incivisme. Curieusement, le pouvoir était parvenu, par des manœuvres dont lui seul a le secret, à convaincre des religieux, des artistes, des représentants de la société civile et des chefs traditionnels à se joindre à lui dans cette comédie. Le cirque ne pouvait guère passer! Les Burkinabè en avaient assez de cette culture de la docilité.

L´état voyou, a débuté un certain 15 octobre 1987. La "république des copains et des coqins" quant à elle a vu le jour dès 1991, avec l´adoption d´une constitution taillée sur mesure. Les institutions de cette république étaient le lieu d´élaboration des visions criminelles de la politique où les partisans enthousiastes surtout soucieux de plaire, poussaient toutes les idées bonnes ou mauvaises jusqu´à leur point culminant. Les dignitaires du régime étaient constitués d´apparatchiks totalement inconscients, qui s´illustraient dans une course effrénée vers les biens matériels. Souvenez-vous de cette célèbre phrase lâchée par une ponte du régime de l´époque. "Nous avons les belles femmes, les belles voitures et les belles villas. Et nous avons l´argent". Tout était assez bien résumé.

En réalité la fonction politique n´a qu´un seul but: s´enrichir. Le laxisme et les divers scandales notoires et nombreux, la "monarchisation" du régime présidentiel ont constitué ce que j´ai appelé dans un de mes précédents articles... un "cocktail explosif". Ce pouvoir est resté répressif et oppressif. La douloureuse alternance n´était qu´une question de temps!

Toute dictature renferme en elle même les germes de sa faillite.

Des frontières idéologiques aux pratiques quotidiennes de la politique, politicienne ou pas, l´échec est aux aguets. Au fil des années le système avait montré ses limites. Nous n´avons eu que des "politiciens"; c´est à dire des hommes manipulant le système, utilisant leur position pour satisfaire leurs ambitions personnelles et en tirer un maximum d´avantages là aussi égoïstes. En opposé aux hommes politiques; supposés faire passer leurs convictions et des idéaux avant leurs intérêts personnels.

Il suffisait d´ouvrir les yeux, et aller au delà des apparences pour se rendre compte que le système n´était en réalité qu´une véritable ordure...d´abord militaire puis politique. L´état voyou était l´aspect militaire de cette ordure. La république des copains et des coquins quant à elle a été son visage politique! Rien d´étonnant alors que les hommes chargés d´appliquer ce système aient tous trainé au cul d´innombrables casseroles. L´élite "militaro fasciste", garante de la survie de ce système quant à elle possède un impressionnant casier judiciaire. Jetez un coup d´œil sur les meurtres politiques pour s´en convaincre! Ces trente années de règne n´auront finalement été qu´une honte abjecte pour l´état de droit dont les Burkinabè ont maintes fois rêvé.

Ne l´oublions pas si vite. Des hommes et des femmes de ce pays se sont battus pour faire passer un certain nombre d´idéaux. Ils ont défendu leurs convictions, jusqu´à perdre ce qu´ils avaient de plus précieux: leurs vies. La résistance déclenchée depuis octobre 1987, pour certains commence à porter des fruits, mais attention, la chute du président Blaise Compaoré n´est pas pour autant synonyme de victoire finale. Le système n´a subi que ses premiers revers. Nous avons le choix: Continuer à résister et gagner le combat ou renoncer, et dans ce cas, continuer à subir!

Des échecs de la transition. Appel à un nouvel engagement républicain.

Nous avons été infiltrés, juste après le 31 octobre 2104, peut-être même bien avant. Notre révolution a été confisquée! Des théoriciens de l´ombre, des subversifs, des journalistes sans gloire, des analystes sans conviction, des "professionnels et professionnalistes" de l´intoxication et de la liturgie contre-révolutionnaire se sont accaparés de notre mouvement insurrectionnel afin de pouvoir se positionner, soit dans l´administration, soit dans la transition, soit dans les organisations de la société civile, en attendant des lendemains meilleurs. Ceux-là mêmes qui avaient fui la révolution démocratique et populaire pour se retrouver à Lomé ou à Abidjan, en Europe ou en Amérique sont revenus au pays avec d´obscures intentions. Ceux-là mêmes qui avaient renié la mère patrie s´érigent aujourd´hui en donneurs de leçons aux vrais révolutionnaires. Devrons nous l´accepter!? Ensuite il y a les nouveaux opposants! Ceux qui ont fait partie du système, mais ont quitté le navire quand ils se sont aperçus qu´il a commencé à chavirer! Avant je n´avais jamais entendu aucun d´eux dénoncer un crime! Ce sont ces infiltrés civils ou militaires, qui de l´intérieur sapent les objectifs du mouvement insurrectionnel. Seule la vérité est révolutionnaire! Souvenez-vous que la révolution d´août 1987 avait été mise en arrêt, par des hommes de l´intérieur, pas par des gens de l´extérieur! Du moins en ce qui concerne les exécutants de celle sale besogne!

On n´est trahi que par les siens!

Les traîtres au mouvement insurrectionnel se trouvent aujourd´hui dans le gouvernement et dans le CNT. Le RSP en est l´aile militaro fasciste. Le RSP était déjà de toute façon le bras armé du CDP, et de l´ex Front Républicain. De ces officiers aux casiers judicaires scandaleux, de ces anciens tortionnaires, en passant par ces hommes de main qui étaient chargés d´exécuter les sales besognes au Burkina, en Côte D´Ivoire, au Liberia et en Sierra Léone, aux simples têtes pensantes, nous sommes restés dans la merde. C´est la gangrène qu´il faut soigner rapidement. Le RSP cessera d´être un danger le jour où les Burkinabé se débarrasseront de leurs différents relais encore actifs dans l´administration, dans le gouvernement ou dans le CNT. Les quelques officiers qui se sont enrichis de façon illicite, et qui sont impliqués dans les crimes de sang, doivent cesser de manipuler et d'instrumentaliser ces jeunes soldats, qui pour la plupart ne sont en rien concernés par les crimes, connus ou pas. Si les coupables ne sont pas traduits devant les tribunaux, point de paix sociale au Burkina.

Et maintenant ...que faire!? Le strabisme divergent des hommes politiques!

Quoi qu´on dise le pouvoir maléfique s´était un tout petit peu bonifié en vieillissant. C´est dire donc qu´il y a eu quelques acquis. Sans ces minuscules acquis, l´expression populaire qui a eu raison de ce régime, n´aurait pas pu avoir lieu. Alors faisons en sorte à ne pas perdre ces acquis, si minimes soient-ils. Un retour en arrière étant quasi impensable. La réalité politique du Burkina de la transition, est complexe. Complexe par ce que nous risquons d´être victime de notre strabisme divergent. Nos politiques ont un œil rivé sur l´armée, et l´autre sur les organisations de la société civile.

Tout pouvoir politique en Afrique qui n´a pas le soutien de l´armée est condamné à ne pas fermer les yeux! Il ne peut donc dormir tranquille!

Malheureusement ce n´est pas l´armée qui élit, mais plutôt la société civile, d´où ce dilemme. Alors nos hommes politiques essaient de marcher sur des œufs. La manœuvre est difficile, voir même impossible. Tout cela est dû au fait que nous n´avons jamais instauré de véritables institutions que tous seraient en mesure de respecter. Ceux qui ont voté dans ce pays les lois, ont su comment les établir, pour ne pas être eux-mêmes concernés par ces mêmes lois. Conséquences: les injustices sont criardes et notoires. Ce sont ceux qui sont chargés de veiller au respect de la loi, qui enfreignent le plus la loi. Ce sont alors ces individus qui se croient tout permis qui constituent une menace pour l´aboutissement de la transition. Ils constituent également une menace pour la paix sociale. Nous n´avons jamais connu un état de droit. Nous vivons plutôt dans une jungle, où n´importe quel quidam au quotient intellectuel zéro, peut se rendre à une place publique et narguer comme il veut le peuple...juste par ce qu´il a une Kalachnikov en bandoulière. "J´ai une arme, donc je fais ma loi". Pour eux rien n´a changé depuis octobre 2014. Ils se croient toujours dans leur "état voyou"...ou dans leur "république de copains et de coquins"! Cependant, ils oublient que ce sont les mêmes comportements qui nous ont amenés dans la situation où nous sommes aujourd´hui.

Nous ne devons pas avoir peur d´interpeller l´armée. ou le RSP Nous ne devons plus accepter l´intimidation, quelle que soit sa nature: qu´elle soit armée ou verbale. Aussi démarquons nous de la subversion, du mensonge et des intrigues. Si nous nous taisons, nous serons des complices. L´anonymat est aussi un manque de conviction. Tout au plus, il est le résultat de notre incapacité à affronter de face l´adversaire. Sortons de nos idéologies et de nos sectarismes qui ont tant causé de mal à nos compatriotes. L´ennemi commun, c´est ce "micro-état armé" qui est à Kosyam et qui refuse de délocaliser! Les obstacles, ce sont ces officiers corrompus qui ont peur de la justice. Les adversaires, ce sont ces "grands bonimenteurs" d´hommes politiques qui sont pressés d´arriver au pouvoir. Les ordures auront toujours peur du balai. Mettons fin aux divers caprices de ces enfants gâtés de la république.

Vive le peuple insurgé du Burkina Faso.
La patrie ou la mort, nous vaincrons!
Nan Lara, An sara!

N. Stéphane SOULY, Allemagne.

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