Parlons maintenant des adversaires du peuple insurgé. Qui sont-ils!? Il s´agit ici d´une certaine catégorie d´hommes politiques. Ces «grands bonimenteurs» qui excellent dans les fausses promesses. Ces «affameurs du peuple»! Ces «capitalistes repus» et ces «vermines totalitaires» !

Si l´insurrection a remodelé le paysage politique, elle n´a pas encore recadré le débat politique. Elle n´est pas parvenue à faire disparaître les pratiques et comportements inappropriés longtemps ancrés dans les habitudes de ceux qui sollicitent le suffrage des populations.

Nos hommes politiques sont plutôt semblables à un "amas hétéroclite d'objets de peu de valeur", dont le seul dessein est de s´installer agréablement au pouvoir. Ils passent du CDP, de l´UPC ou de l´ADF-RDA au MPP, sans le moindre malaise moral, sans aucune gêne. D´anciens maires, députés, ministres et militants changent de partis comme les oiseaux changent d´arbres dans la forêt. Au gré de leurs intérêts présents mais aussi de leurs caprices, ils changent d´idéologie politique. Communistes, Socialistes, Libéraux et Centristes se retrouvent dans le même parti politique, lequel n´a désormais aucune ligne politique claire, si ce n´est celle qui conduit au partage du gâteau! Ils ne sont au service d´aucune idée politique. Leur seul objectif est la conquête, à n´importe quel prix, du pouvoir et son exercice vaille que vaille. Chacun dans son petit univers... rêve d´une impressionnante élection de maréchal! (Remplissage des urnes).

Si le pluralisme est la base de toute démocratie, les partis politiques qui y participent et animent la vie politique se doivent d´être bien organisés et structurés sur des principes et surtout sur leurs capacités à proposer des "projets de société". Mais chez nous au Burkina, l´inconstance, le narcissisme et les "colères d´enfants gâtés" sont les principales caractéristiques de nos hommes politiques. Nos politiques manquent parfois d´énergie et de visions, manquent souvent de sens de maîtrise de dossiers et finalement recherchent toujours les boucs émissaires partout, sauf dans leurs rangs. Ils ont le désir d´étendre leur pouvoir, mais ne sont guère conquérants. Aucune nouvelle idée. Le même charabia est servi depuis plusieurs décennies. Ils ont une formidable capacité à se discréditer aux yeux des électeurs. Ils ont un goût excessif pour le spectacle ou sa mise en scène. "Elections au quart de tour". "Remplir les stades recto verso". «Je suis un vrai Moaga, donc le pouvoir me convient ». Le nivellement des militants- on regarde plus souvent le porte-monnaie du candidat, que les idées nouvelles qu´il peut apporter-, la morosité qui entoure le choix des candidats, le manque d´humilité et l´attentisme (immobilisme et opportunisme) excessif des chefs de parti sont sans doute les causes de nos échecs. La culture de l´illusionnisme (ceux qui les entretiennent dans l´illusion qu´ils sont populaires), les discours politiques qui manquent de cohérence, l´élitisme de certains, la luxure des autres, la violence verbale et le culte naissant des prétendants à la magistrature suprême sont des comportements qu´il faudra bannir!

L´âpreté de la lutte qui est menée au sommet et les moyens utilisés par les candidats constituent les premiers signes visibles des campagnes électorales, bien avant les programmes politiques ou les projets de société. Ils sont nombreux, ces politiques qui brillent plus par cynisme et par hypocrisie que par simple naïveté. Ils prônent ainsi, peut-être sans le savoir, une société de la médiocratie, alors qu´il aurait fallu prôner une société de l´excellence et du maximum pour tous.

Du MPP. Nouveau refuge pour la vieille racaille politicienne!?

Et si les Burkinabè décidaient de choisir plutôt l´original que la fausse copie que l´on veut nous présenter? J´ai pitié de la misère intellectuelle de tous ceux qui y courent avec armes et bagages. Le MPP sait de toute façon que la plupart des militants qui viennent, ne le font pas par conviction mais, tout simplement par ce qu´ils savent que c´est là où la probabilité d´avoir sa part de gâteau est plus grande. Soyons honnêtes, et admettons-le. Ma conviction est qu´après les élections le MPP va se disloquer, que Rock soit élu ou pas! Et je pense qu´il sera élu! Normal, puisque beaucoup de ses militants ont quitté d´autres partis pour venir grossir leurs rangs. Aussi rapidement qu´ils sont venus, aussi rapidement ils s´en iront! Je respecte le MPP. Après l´UNIR/PS, je me sens proche du MPP. Je le dis clairement. J´y ai des amis, des frères aussi, tout comme j´ai des amis et des frères dans les autres partis. Je respecte la personnalité du Larlé Naba. Je respecte Roch Marc Christian Kaboré pour sa modestie, et surtout son tempérament modéré. Salif Diallo est un gros travailleur, mais son arrogance me fait peur! C´est aussi un homme de dossiers. Clément Sawadogo est aussi un bosseur! En somme il y a beaucoup de compétences au MPP. Mais je refuse l´idée que ces pauvres militants doivent cotiser pour ces milliardaires, afin qu´ils mènent campagne et accèdent au pouvoir. Oui Salif Diallo est un milliardaire. Rock Marck Christian Kaboré est un milliardaire. Simon Compaoré est un milliardaire! Ils doivent tous, leurs fortunes diverses au CDP et à Blaise Compaoré. Le théâtre à la "William Shakespeare" finit toujours mal. Les Burkinabè n´ont probablement pas oublié qui a été Salif Diallo au CDP. Ou même Simon Compaoré! Il se pourrait, mais l´ex-président Blaise Compaoré lui aussi a probablement dans sa poche sa petite liste d´ingrats.

"Des courtisans inutiles aux ministres encombrants et dépossédés, en passant par les serviteurs viles, l´ex-président Blaise Compaoré n´a rien oublié dans son exil au bord de la lagune Ébrié. Miné par l´âge, la rancœur et les trahisons diverses, il médite sur tous ceux qui avaient bénéficié de ses largesses et qui maintenant le trainent dans la boue...juste par ce qu´ils convoitent son fauteuil^[2]".

Je suis impatient de vivre l´affrontement mortel entre le CDP et le MPP. Peut-être seront-ils tous assez intelligents pour ne pas le faire, sinon nous devrons nous attendre à de grands déballages! Le MPP est de toute façon une "fausse copie du CDP". Beaucoup d´intellectuels...pourraient être tentés de préférer l´original à la copie.

De l´UPC. L´erreur idéologique, les sources ou les origines de son possible échec.

Le libéralisme au Burkina!? J´en doute! Bien voyons, peut-être, mais ce sera difficile. Zéphirin peut être un homme honnête, mais ses convictions ne font plus recette. Nous venons de sortir d´un pouvoir ultra libéral, avec les privatisations sauvages des années 90, les licenciements abusifs. Nous avons souffert du "capitalisme" criminel. Comment faire comprendre aux Burkinabès que l´UPC est ou sera différent des autres partis libéraux? J´attends de lire leur projet de société.

De l´UNIR/PS. Le pari sur l´avenir!?

Si au Burkina, il y a un seul parti politique qui pouvait tirer profit de l´insurrection, c´est bien ce dernier. Le vecteur directeur de l´insurrection populaire qui a emporté le président Blaise Compaoré, c´est la "jeunesse Sankariste". Elle a été sans doute le fer de lance de ce mouvement insurrectionnel! Ce qui ne veut pas dire que l´apport des autres a été négligeable! Dans les manifestions, les slogans de Thomas Sankara apparaissent plus que d´autres slogans. Tout au long de la transition, l´UNIR/PS a montré avec courage qu´il ne pouvait trahir ni les martyrs, ni les objectifs de l´insurrection. Mais à force d´être souvent trop tranchant, les intellectuels ont peur de ce parti. Les autres partis cités ci-dessus aussi, car ils ont tous plus ou moins travaillé avec le CDP, d´où la peur que l´UNIR/PS véhicule. Mais en réalité c´est le parti de l´avenir, par ce que très propre encore.

Enfin du CDP ou du moins de ce qui en reste. Encore un long chemin à faire!

"Fini le CDP, finis les ABC, finis aussi les petits partis qui s'étaient attroupés ou ameutés autour du président Blaise Compaoré!? Pas si sûr! Ils ont gouverné. Ils ont beaucoup déçu, trahi et frustré le peuple dans toutes ses composantes. Ils ont perdu contre le peuple Burkinabé. C´est ainsi qu´ils ont été privés de ce qu´ils adoraient le plus: le pouvoir et ses privilèges. L´insurrection aurait mis fin aux rêves monarchiques du clan Compaoré^[3]."

Ont-ils appris la leçon de leur échec!? Sont-ils prêts à faire leur mea-culpa!? Pourront-ils se détacher de l´ex-président!? Auront-ils envie!? Vont-ils accepter le verdict des urnes!? S´ils font leur auto critique, et demandent pardon aux Burkinabè. S´ils se démarquent de toute tentative de déstabilisation du Burkina, et se mettent dans la république tout en condamnant les agissements de ces officiers corrompus encore actifs dans l´armée, alors ils pourront revenir plus vite que prévu! Un nettoyage s´impose, et dans les idées et dans les hommes qui devront les animer. Si cette purification des hommes et des idées n´est pas faite, le CDP va devoir tirer le diable par la queue pendant encore quelques années. Ne nous y trompons pas, le CDP n´est pas mort et il peut encore surprendre car toujours implanté dans les campagnes. Je suis convaincu que ni les moyens, ni les ressources humaines ne manquent à ce parti. Je lançais cet avertissement dans un de mes articles en août 2013.

"Jamais nous n´avons prôné l´égalitarisme. Nous voulons une juste répartition des revenus de nos maigres ressources. Jamais nous n´avons renoncé au débat d´idées, nous voulons seulement le réajuster. Nous sommes convaincus qu´il y a au CDP des hommes et des femmes épris de paix et de justice sociale. À ces hommes et femmes nous lançons un dernier appel: -Nous voulons un véritable pacte républicain, lequel va réduire les inégalités sociales, mettre les voleurs en prison, juger les auteurs de crimes économiques et de sang, accorder des bourses d´études à nos jeunes frères et sœurs inscrits dans les universités, éloigner la chefferie traditionnelle de la politique, supprimer le sénat, laisser l´article 37 de notre constitution en son état actuel, rétablir un véritable état de droit, équiper nos hôpitaux et nos CSPS, construire des routes et des écoles, permettre á tout Burkinabè de se vêtir se nourrir et de se soigner, réhabiliter le président Thomas Sankara. Enfin il nous permettra de vivre libres, indépendants et différents sur la terre sacrée de nos ancêtres-. Alors Messieurs les politiques et les tenants du pouvoir, si ceci n´est pas trop vous demander, prenez garde car bientôt il risque d´être tard, sinon même trop tard"^[4].

Les diverses mises en garde et les différents (derniers) appels...incessants lancés, n´auraient apparemment servi à rien, car tombés dans une oreille sourde.

Ainsi survint l´insurrection, suite logique de cet état de fait. Désormais il appartient à ces hommes et à ces femmes du CDP (nouveau), cités plus haut, de prendre les rênes du parti. De se démarquer du clanisme et du sectarisme. Ils devraient reconnaitre leurs fautes, faire amende honorable, et accepter éventuellement la vindicte populaire pour les coupables de crimes. C´est seulement à ce prix, qu´ils pourront espérer revenir!

En résumé, je dirais que le MPP n´est qu´un "parti d´électeurs". L´UPC essaie d´être un parti d´intellectuels. L´Unir /PS un parti des masses, pas au sens propre du terme. L´UNIR/PS par ses prises de positions courageuses veut faire table rase sur le passé et transformer ainsi la société. Il n´est pas aussi bien structuré que les autres partis, mais il a une vision claire de l´ordre nouveau qu´il veut réaliser et établir au Burkina. L´UPC se situant plus ou moins trop à droite et prônant une politique libérale, est à la limite un parti du "capital". Cela passe moins bien en Afrique, où les états ont toujours besoin d´intervenir dans l´économie afin d´éviter les dérives. Le MPP est à la limite une "union du plus grand nombre". Recherche t-il seulement un consensus afin de gagner les élections!? Difficile à dire, ça ressemble fort bien à cela. Il est le parti le mieux structuré, le plus riche après le CDP. Il ressemble à une machine pour seulement gagner les élections.

L´insurrection, est-elle vraiment parvenue à changer les choses!? J´en doute! Le peuple insurgé souhaitait pourtant la rupture! Il n´est pas encore trop tard pour corriger le tir! Aux insurgés de le montrer aux prochaines consultations électorales!

La Patrie ou la Mort! Nous Vaincrons!

Noraogo Stéphane SOULY
Pharmacien, Allemagne.

^[1] Lire dans mon dernier article: "Seule la vérité est révolutionnaire"! L´ennemi commun c´est ce "micro-état armé" qui est à Kosyam et qui refuse de délocaliser.
^[2] Paragraphe d´un de mes articles, "Prémisses d´une Révolution inachevée"
^[3] Citation parue dans un de mes articles "Prémisses (non prémices) d´une révolution inachevée."
^[4] Citation parue dans un de mes articles. "Pays des hommes intègres ou pays d´ingrédients pour un cocktail explosif", Août 2013