RSP contre le reste de l'armée : Demi échec à Abuja et affrontement à Ouaga ?

| 23.09.2015
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RSP contre le reste de l'armée : Demi échec à Abuja et affrontement à Ouaga ?
© DR / Autre Presse
RSP contre le reste de l'armée : Demi échec à Abuja et affrontement à Ouaga ?
La preuve que le pré protocole concocté dans la suite 1006 de l’Hotel Laico de Ouagadougou et discuté par les chefs d’Etats de la CEDEAO hier 22 septembre est bancal réside en ceci : concomitament alors que le général Gilbert Diendéré reclus au camp Naaba Koom, sous le coup d’une injonction de forces loyalistes de déposer les armes, dit attendre la décision des chefs d’Etats de la CEDEAO, ces derniers sont suspendus à l’évolution sur le terrain pour trancher.


Si on y ajoute que les visages des présidents ne se sont pas dérider ni à la prise de la photo officielle ,ni à l’entrée du huis clos ,c’est que chacun mesure que la correction et la note à apposer sur ce devoir portant sur le Burkina ne sera pas de tout repos.

Disons le tout net la mouture ramenée par Macky Sall à Abuja comporte des passages qui sont des casus belli en l’espèce :

D’abord sur le plan formel la quasi totalité des acteurs qui était à ces 3 jours de négociations ne se reconnait pas dans cette mouture notamment dans les exergues relatifs aux aspects sensibles et querellés tels l’amnistie, la reforme des forces de l’armée, le retour des candidats pro compaoré dans la présidentielle...Roch Kaboré s’est dit « surpris »par ce draft ,Zéphirin Diabré affirme qu’il n’a pas été associé à ces propositions . Il n’est pas jusqu’au président de la Transition Michel Kafando , actuellement à la résidence de l’ambassade de France qui s’est dissocié de ce protocole. Et sans doute le fait que le général Diendéré ait dit ’hier que « l’amnistie a été proposée par la CEDEAO autrement dit par Macky Sall clarifie d’un jour nouveau l’environnement dans lequel s’est déroulé cette médiation.

Ensuite dans le fond peut-on décréter comme ça à la hussarde une amnistie et qui va la légiférer ? Sans doute, dans le but de mettre quelque chose dans la balance ,pour inciter les putschistes à abdiquer ,les émissaires de la CEDEAO ont ils voulu bien faire, mais hélas ces bonnes intentions viennent paver un Burkina aux portes de l’enfer depuis ce 17 septembre 2015 et qui en a assez de l’ impunité dont l’amnistie est l’antichambre.

Sur l’inclusion il s’agit d’un come back du régime déchu car on n’impose pas par la mitraille des candidats pour les voir perdre.

Depuis hier aux environs de 18 h la note affectée par les chefs d’Etat au devoir de Macky Sall et Yayi Boni sur le Burkina est bonne . On pourrait l’estimer à 15 sur 20 . En effet on constate quelques embellies dans ces 12 propositions tel le retour des autorités de transition et le dépôt des armes au niveau du RSP . Un petit fléchissement qui donne des chances aux négociations surtout qu’un Haut comité de chefs d’Etat notamment ceux du Ghana ,du Togo ,du Nigeria,et du Senegal vont déboitr dare dare à Ouagadougou aujourd’hui après ce sommet pour revoir la copie .Un petit aveu d’echec . Une façon aussi de désamorcer l’éventualité d’un affrontement . Et malgré que le go between entre le RSP et les forces loyalistes le chef d’etat major des armées, le général Pingrénoma Zagré tantôt tamporise tantôt met la pression, les populations rongent leur frein et veulent la reddition hic and nunc des putschistes.

« Il est nécessaire de pardonner et de partir sur de nouvelles bases » a laché sur un ton grave Macky Sall à Abuja .OK le Burkina dont le ciment national est la tolérance a toujours accepté les mea culpa de ses fils qui ont fauté mais lorsque l’un d’eux persiste ce ciment peut se transformer en dissolvant.

Mais le fait meme que la CEDEAO revienne dans la capitale burkinabè est la preuve que rien n’a évolué sur le terrain car lorsque les chassés croisés diplomatiques se multiplient dans une crise , et que les émissaires courent partout c’est que le feu couve et il suffit d’une étincelle....

Résumons alors l’existant et l’urgent :

La cavalerie de la CEDEAO revient à Ouaga pour faire déposer les armes aux retranchés du casernement Naaba Koom .Y parviendront ils ? Quelle garantie exigera le général Diendéré avant cette abdication ? Les forces loyalistes donneront elles enfin l’assaut si les putschistes rechignent lesquelles forces loyalistes ont vu leur ultimatum d’hier piétiné par les putschistes ? Quand ? Pourtant l’isolement des putschistes et leur nombre au camp collé au palais de Kosyam sont la certitude de l’affaiblissement d’abord, qui fera ensuite place au syndrome obsidional (détestation de l’autre ) puis sans doute la reddition car un état de siège ne peut durer éternellement même avec des universel soldiers. Et le général Dienderé qui joue la montre le sait bien. Mais il joue son va-Tout. Quid de la problématique de l’amnistie dont « les putschistes sont preneurs mais qui aviseront si elle n’est pas obtenue ? »

Pendant ce temps le quotidien des Burkinabè qui n’était déjà pas reluisant sous la transition se dégrade davantage. Tout est paralysé et dans de nombreuses familles le basique commence à manquer (bouffe,eau,). Le système D (débrouillardise) est impossible .Demain 24 septembre en temps normal « l’âne doit « péter » expression imagée pour parler du virement des salaires. Problème : le Trésor Public reste hermétiquement fermé, de même que les banques. D’ailleurs la fête de la Tabaski ou fete du mouton est prévue pour demain 24 septembre ,mais ou trouver les sous pour payer le mouton et comment fêter dans cet environnement kafkaïen ? Voici venir les jours et les nuits les plus longues du Burkina .

Joachim de Kaibo

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