Cette sortie pose assurément le niveau du débat politique dans lequel les nouveaux « messies en kaki » veulent nous entrainer. Mais qui est-il donc ?
Ministre des sports et Loisirs dans le dernier gouvernement de Blaise Compaoré qui a validé sans sourciller la modification de l'article 37 (la suite, on la connait...), l'homme a profité de son passage pour créer une association (Burkina Nouveau) qu'il vient de muer en parti politique (l'Union pour le Burkina Nouveau). Nous ne nous attarderons pas sur cette contorsion intellectuelle, pas du tout digne d'une personne aspirant à assumer les plus hautes charges de ce pays. Le colonel a sans doute oublié, que le Burkina des compromissions morbides et mortifères, est révolu ; lui qui a été un des acteurs- clés du système Compaoré, jusqu'à son effondrement
La dangerosité et la bassesse des paroles du colonel résident dans la qualité de celui qui les profère. Nous avons sans doute la naïveté de croire que dans notre armée, n'est pas colonel qui veut. L'on se rappelle les propos ubuesques du célébrissime Salia Sanou dont le contenu du langage n'a de limite que sa volonté d'attiser le feu entre les fils de ce pays. Yak aurait voulu se mettre au diapason de l'ex- maire qu'il n'aurait pas fait mieux.
Le colonel, en affublant le MPP d'une filiation dont lui seul en perçoit la nature, montre les limites objectives de sa compréhension de la chose politique. Quelle mouche l'a piqué pour établir ce type de lien si ce n'est pour semer la confusion et taper au bas de la ceinture de l'adversaire. Faire de la politique (pas celle que le colonel et son mentor nous ont imposée durant plus de 25 ans) est avant tout un sacerdoce qui établit des règles de bonne conduite et de civilité auxquelles tous les acteurs se soumettent.
Par ces phrases mal inspirées, le colonel OUEDRAOGO tend à tirer le niveau du débat actuel vers le bas, non pas par ignorance mais pour mettre en relief une incapacité intellectuelle à proposer une alternative au Burkina autre que sa haine viscérale au MPP.
Au juste, colonel, qui est le père et qui est la mère de votre tout « nouveau » parti créé le 18 février et qui miraculeusement, est présent sur l'ensemble du territoire ? Si ce n'est pas de la publicité mensongère, ça y ressemble fort bien. Et dans ce domaine, le colonel semble bien s'y connaitre mais la politique, ce n'est pas cela. De là, on peut douter de votre capacité à assumer une quelconque charge dans ce pays sauf bien sûr, si pour vous, politique rime avec tour de passe- passe comme de transformer en un tour de main, une association en parti politique ?
Le candidat de l'UBN veut se donner une virginité politique mais les Burkinabè sont loin d'être amnésiques. Il y a à peine quelques mois, ne rôdait- il pas aux côtés de Blaise Compaoré pour défendre becs et ongles, la modification de l'article 37 ? Aujourd'hui, dans son costume sombre (comme s'il abhorrait la tenue militaire) et sa couronne de chef de parti- association, il ose sans sourciller et dans un français approximatif, affirmer : « Je suis pour un verrouillage de l'article 37 » : hier aveugle, sourd et muet face aux dérives de Blaise COMPAORE et de ses ouailles cdpistes dont il semble maladroitement se départir, aujourd'hui militaire « grand visionnaire » imbue d'une idéologie cooptée au détours d'une lecture en diagonale, le colonel se doit d'avoir un peu de décence car la lutte menée par le peuple burkinabè n'a pas pour objectif de faire la place à des arrivistes dont les ambitions ne sont affirmées qu'après la fuite de leur protecteur. Ils rêvent de devenir calife à la place du calife.
Ce «dribbleur » en kaki, plutôt que de s'atteler à justifier sa gestion du ministère des Sports et Loisirs et les sources de financement de son centre de formation qui ressemble fort à un abus de pouvoir, se fond dans la précipitation en se forgeant un destin messianique.
Le colonel a choisi de faire de la politique politicienne : c'est son choix, mais cela implique l'adoption d'un code moral qu'il n'a pas eu le courage d'exprimer tout au long de son séjour dans les jardins de Kossyam. Combien de veuves et orphelins avez- vous fait par le comportement coupable, le cynisme et la suffisance dont vous avez fait montre pour être ce que vous êtes devenus aujourd'hui. Colonel, ce n'est pas à vous, chantre de la paix dans le tripatouillage, ministre des sports et loisirs du dernier gouvernement déchu, président d'association-parti qu'on apprendra que vous avez fait plus de mal que de bien, en cautionnant tacitement une forfaiture. La place du militaire n'est pas dans l'arène politique mais bien dans une caserne : c'est la morale dont vous et toute la horde de kaki reconvertie et atteinte de démocratisme subite, devez faire vôtre.
Nous, démocrates convaincus, insurgés d'octobre t'attendons sur le terrain car des ministres CDP (en costume ou en kaki) réduits par le peuple en débris politiques, ne sauraient se prévaloir d'une quelconque capacité à gouverner ce pays.
Enfin, nous prenons l'opinion à témoin quant aux dérapages verbaux d'un individu, tout colonel candidat qu'il est et assurément intelligent, susceptibles de mettre à mal le processus de transition en cours par la vulgarisation d'un vocabulaire impur et immoral.
Saïbou OUEDRAOGO
Secrétaire chargée à l'information et à la Communication Union des Jeunes du MPP