Putsch : le gouvernement doit mieux communiquer

| 01.10.2015
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Frédéric Nikiéma - Ministre de la Communication, chargé des Relations avec le Conseil National de la Transition, Porte-parole du Gouvernement
© DR / Autre Presse
Frédéric Nikiéma - Ministre de la Communication, chargé des Relations avec le Conseil National de la Transition, Porte-parole du Gouvernement
Les Burkinabè retiennent leur souffle au moment où ils croyaient voir le bout du tunnel. Un tunnel dans lequel l’éphémère coup d’Etat l’a plongé pendant une dizaine de jours. Alors que tout indiquait que l’ordre est de retour dans la maison Burkina, les derniers évènements remettent en cause cette certitude. La paix est définitivement installée ! C’est ce à quoi on a vite cru avec l’annonce de la fin du coup d’Etat, la remise en place des institutions de la transition, la dissolution du Régiment de sécurité présidentielle. Et son démantèlement acquis grâce à un accord des braves entre le RSP et le reste de l’armée. Un démantèlement qui a même débuté dans la foulée, dès le samedi 26 septembre. Pour aussitôt se gripper dès le lendemain. La raison ? La rupture de confiance entre les deux pans militaires. Le Général Gilbert Diendéré et ses camarades du RSP (les putschistes) reprochent aux loyalistes de ne pas respecter leurs engagements, d’une part en termes de garantie de la sécurité des éléments du RSP et de leurs familles, et de l’autre de ne pas respecter le rayon de 50 kms autour de Ouagadougou, comme stipulé dans l’accord. Ce que nient et le commandement de l’armée et le gouvernement de la transition.


Qu’à cela ne tienne ! Est-ce là la véritable et unique cause de ce volte-face du Général Diendéré et de ses hommes ? On peut en douter. La vitesse grand V avec laquelle certaines décisions ont été prises peut en partie, expliquer sans justifier le malaise. En effet, alors même que la confiance entre protagonistes est encore très fragile, deux décisions aux conséquences insuffisamment mûries ont été prises. Il s’agit du gel des avoirs de responsables du RSP et de l’ouverture de l’enquête judiciaire sur le coup d’Etat du 16 septembre dernier. Des décisions, somme toute juste en temps normal. Sauf que nous ne sommes justement pas en temps normal. Il eu fallu apprécier de l’opportunité de ces décisions au regard du climat socio-politique du moment, et envisager de les remettre à plus tard. C’est cela aussi le sens des responsabilités. Hélas !

Pour ne rien arranger, un communiqué gouvernemental annonçant la suspension du démantèlement du RSP a jeté davantage le trouble dans les esprits. En déclarant : " malgré les gages de bonne foi, le processus de désarmement commencé samedi 26 septembre et qui se poursuivait normalement a été brutalement remis en cause hier 27 septembre par le Général Diendéré, qui a fait savoir à ses éléments que le RSP ne saurait être dissous par la Transition et qu’il valait mieux résister.

Cette résistance s’organise actuellement autour d’une poignée d’éléments putschistes, instrumentalisés par le Général Diendéré, appuyé désormais par le Général Djibril Bassolé.

Ainsi, cette poignée d’irréductibles a pris en otage non seulement les membres de l’ancien RSP désireux de rejoindre le camp de la raison, mais aussi le personnel des forces armées nationales chargé de l’enlèvement des armes.

Mais plus grave encore, le Gouvernement a connaissance de la mobilisation de forces étrangères et de groupes djihadistes qu’ils ont appelés à leur secours dans la réalisation de leur funeste dessein ". Ce que les intéressés nient. De toutes façons, cela a semé le doute quant à un dénouement total et rapide de ce coup d’Etat qu’on croyait avoir évacué. Il n’en fallait pas plus pour que les Burkinabè se précipitent dans les stations d’essence pour s’approvisionner. Au cas où ! En tout état de cause, les Burkinabè attendent de leurs autorités qu’elles les rassurent. En communiquant mieux sur les fondements de leurs décisions. En lieu et place, elles donneraient l’impression de faire dans la précipitation, le tâtonnement et l’improvisation. Le peuple a besoin de décideurs visionnaires et courageux. Qui prennent les décisions dans l’intérêt supérieur de la nation, et non pour juste répondre aux désidératas de la foule à un instant T.

Aly KONATE
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