Putsch avorté : collision ex majorité-RSP, mortelle…

| 30.09.2015
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Putsch avorté : collision ex majorité-RSP, mortelle…
© DR / Autre Presse
Putsch avorté : collision ex majorité-RSP, mortelle…
L’histoire retiendra que le coup d’Etat perpétré le 17 septembre n’aura vécu que moins d’une semaine. Le 23 septembre, sous la pression de la rue, des autres forces militaires du pays et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), les putschistes ont plié. La transition est de retour avec la mise en selle des organes de la transition. Durant ce temps de règne du coup de force, l’ex majorité s’est illustrée de la plus mauvaise manière pour des démocrates en soutenant le coup d’Etat.

Après l’insurrection populaire d’octobre 2014, l’ex majorité avait mis du temps a réalisé de ce qu’il avait perdu le pouvoir. Ses membres ont mis au moins un mois pour sortir du bois et ont commencé à faire leur mea culpa en demandant pardon. D’autres ont parcouru le pays larmes aux yeux en faisant le tour des confessions religieuses pour obtenir le pardon des Burkinabè. Quelque temps après, volte face. Des membres de l’ex majorité vont jusqu’à faire du reniement et à remettre en cause le caractère populaire de l’insurrection. Puis au fur et à mesure, l’ex majorité chargeait les autorités de la transition et surtout quand le processus électoral s’est enclenché avec le dépôt et les recours contre des candidatures aux élections présidentielles et législatives.

Eddie Komboigo avait dit...

Après avoir bruyamment protesté contre les candidatures recalées, l’ex majorité, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) en tête se ravise et dit prendre acte des candidatures frappées d’inégibilité. Mais de nombreux Burkinabè se rappellent que le président du CDP Eddie Komboigo affirmait que si leur candidature était frappée d’inégibilité il n’y aura pas d’élection au Burkina. « S’il n’y a pas d’inclusion, il n’y aura pas d’élection. Ceux qui dans leur rêve ont vu des élections dans l’exclusion, nous leur dirons le contraire... Qui va me refuser d’être candidat ? Qui ? », lançait le patron du CDP le 13 aout en conférence de presse. A son temps, il y avait eu l’indignation et des menaces de sit in au siège du CDP à Ouagadougou. Il ya eu des tribunes pour exiger l’arrestation ou au moins l’interpellation de Eddie Komboigo pour être entendu. La suite des événements a donné raison à ceux qui s’étaient indignés et inquiétés. Un mois trois jours exactement, voilà que le général Gilbert Dienderé entre en scène et tente de faire un passage en force. Après les protestations, le CDP s’est allié au Régiment de sécurité présidentielle pour perpétrer un coup de force.

Collision ex majorité-RSP, mortelle...

Les revendications du RSP étaient claires, permettre aux candidatures de l’ex majorité frappées d’inégibilité de pouvoir participer aux élections. Ce qui est inacceptable pour un parti politique qui se dit démocrate. Inacceptable pour des gens qui disent avaient instauré la démocratie et dirigé le pays pendant plus de 25 ans. L’ex majorité qui n’a pas suffisamment tiré les leçons de l’insurrection populaire en mettant en cause leur action politique a commis une erreur politique grave digne d’un bébé politique. Comment un parti politique peut il cautionner un coup d’Etat ? La sortie médiatique de l’un de ses vices présidents Léonce Koné qui n’a pas caché son adhésion aux putschistes et le porte parole de l’ex majorité Herman Yaméogo reçu par les médiateurs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) déclarait que l’ex majorité prenait acte ce putsch et est disposée à travailler avec les putschistes ont choqué les Burkinabè. C’est une attitude politique grave. C’est déjà une bonne chose que la machine judiciaire se met en branle. Le gel des avoirs des 14 auteurs et complices du coup d’Etat en plus de 04 autres partis politiques soupçonnés de soutien politique au putsch n’est qu’un début et tous les acteurs politiques doivent payer de leur participation à ce coup de force. Un gel des avoirs qui va durer trois mois. De quelles ressources financières l’ex majorité va disposer pour battre la campagne électorale ? La question peut aussi s’étendre sur les ressources humaines de l’ex clan au pouvoir. Avec la machine judiciaire qui est en branle, les jours de liberté des différents soutiens politiques au putsch sont comptés. Nul doute aussi que cette crise a entamé sérieusement la cote de l’ex parti au pouvoir, décrédibilise encore plus l’ex majorité et complique gravement les conditions d’animation de la campagne électorale. L’ex majorité ne pourra que s’en prendre qu’à elle-même. Il est évident et il est incontestable que la transition a commis des errements mais de là à penser qu’il faut en profiter pour revenir sur la scène politique de façon tonitruante à travers un coup d’Etat, c’est mal connaitre le peuple burkinabè.

Henry BOLI

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