Prémisses d´une révolution inachevée!

| 09.02.2015
Réagir
Prémisses d´une révolution inachevée!
© DR / Autre Presse
Prémisses d´une révolution inachevée!
Fini le CDP, finis les ABC, finis aussi les petits partis qui s'étaient attroupés ou ameutés autour du président Blaise Compaoré!? Pas si sûr! Ils ont gouverné. Ils ont beaucoup déçu, trahi et frustré le peuple dans toutes ses composantes. Ils ont perdu contre le peuple Burkinabé. C´est ainsi qu´ils ont été privés de ce qu´ils adoraient le plus: le pouvoir et ses privilèges. L´insurrection aurait mis fin aux rêves monarchiques du clan Compaoré. Ce système n´était en réalité qu´un simple "gros et gras buffle" mais ayant les pattes en argile. Deux jours d´intenses manifestations ont suffi à bouter hors du Burkina le chef de cette redoutable soldatesque. Les plus intelligents des caciques de ce régime travaillaient déjà depuis des mois à retourner leur veste le moment venu. Quant aux inconditionnels, ils se terrent maintenant dans l´obscurité ou dans un silence de mort.


Pourtant, par delà les nuages, certains ambitionnent bien de revenir. Aussi vague, agréable ou stupide soit-elle, cette rêverie leur est permise. Qui pourra d´ailleurs les en empêcher!? Personne me dira t-on! C'est ridicule, mais encore plus insipide de voire que nos tortionnaires d'hier cherchent par tous les moyens à revenir aux affaires. Dans cet exercice périlleux, se trouvent aussi bien des civils que des militaires. Mais seule la justice pourra mettre fin à toutes ces ambitions indigestes. Nous ne pouvons pas continuer sans aucun principe juridique, moral, fondamental...en vertu duquel la politique menée par l´ancien régime peut être corrigée, punie voire même châtiée ou le cas échéant félicitée et louée au regard du droit. Nous ne pouvons pas fermer les yeux, ni sur les crimes de sang, ni sur les crimes économiques. Les auteurs de tous ces crimes sont la plupart encore en vie. La justice doit alors pouvoir sereinement travailler et déterminer qui a fait quoi et pourquoi. Si nous ne le faisons pas, notre révolution aura un goût d´inachevé avec des conséquences incalculables pour notre avenir. Alors achevons le travail par notre mobilisation et notre vigilance.

Du cas du Régiment de Sécurité Présidentielle.

"Une loi ne pourra jamais obliger un homme à m'aimer, mais il est important qu'elle lui interdise de me lyncher." Martin Luther King.

Nul n´est au dessus de la loi. Si nos frères, nos enfants ou nos parents, membres du RSP, ont porté fièrement l´uniforme du "Régiment de Sécurité Présidentielle", jurant fidélité aux institutions de la république, et défendant les Burkinabè et leurs autorités, alors, ils ne sauraient être une force armée en dehors de ces mêmes institutions de la république. Que représente un millier d´hommes par rapport à 17. 000.000 d´âmes qui ne souhaitent que vivre en paix ? Comment se fait-il que dans une démocratie même boitante soit-elle, on puisse accepter que quelques crapules imposent au premier ministre la personne qu´il doit nommer à tel ou tel autre poste!? Si la synthèse est difficile, le consensus mou et plat n'existe pas non plus. Et l'intelligence consiste à s'adapter aux temps nouveaux. Et les temps ont bien changé au Burkina. Ce "Régiment de Sécurité Présidentielle" a oublié qu´il avait été victime lui aussi de la mal gouvernance dans laquelle nous étions? Ce corps dit élite de notre armée n´est pas dans son ensemble mauvais. Je ne le pense pas, mais ceux qui se reprochent bien quelque chose ont peur des changements qui sont entrain de s´opérer. Ils craignent de ne plus être appelés à la soupe, de plus pouvoir donner des bastonnades, ou de ne plus pouvoir faire les gens, sans qu´il n´y ait rien, comme ils avaient coutume de le faire. Peut-être même ont-ils tout simplement peur d´être rattrapés par leur passé sale. Aucun Burkinabè n´oblige le RSP à l´aimer. Il est seulement important que ce RSP respecte et les hommes et les institutions. Nous attendons d´eux qu´ils ne soient pas un "état militariste dans notre Faso"! Si le RSP a eu raison gardée de laisser tomber son géniteur, alors il doit aussi avoir l´intelligence de se mettre à la disposition de la République et de ses institutions, donc la transition actuelle. L´idée reçue, selon laquelle il faut laisser les militaires résoudre leurs problèmes entre eux nous a causé beaucoup de tords. Si nous sommes dans cette merde c´est justement, parce que pendant plus de 27 ans, nous avons fermé les yeux. Personne n´a eu le courage de dire qu´aucune ligne rouge ne devrait être franchie. Ceux qui avaient osé, même s´ils nous ont tracé la voie ne sont plus là pour nous le rappeler. Voilà pourquoi les choses se sont gâtées. Aux hommes honnêtes et intègres du RSP de prendre leurs responsabilités. Parfois, on est obligé de trancher la tête du maître pour sauver sa propre tête. Livrez-nous donc les criminels, et vous serez loués et remerciés! Nous ne sommes pas bêtes. Nous savons que ce n´est pas tout le RSP qui a participé aux crimes politiques. De grâce laissez le premier ministre tranquille, laissez notre Transition faire son travail. Acceptez sans aucune condition, toutes les décisions qui seront prises à votre égard. Votre dissolution est de toute façon inéluctable, car nous voulons désormais être dans un état de droit. Que cela vous plaise ou non , vous serez démantelés!

De le déconfiture généralisée de nos partis politiques

Confrontée aux multiples arias de survie quotidienne, pensons-nous vraiment que cette jeunesse soit prête à servir de projectiles à des Hommes politiques dont la plupart vivent moelleusement!?

Nos partis politiques, qu´ils fussent du pouvoir ou du contre-pouvoir, c´est à dire de l´opposition n´ont jamais été à la hauteur des attentes de notre peuple. Le CDP et ses partis satellites gouvernaient, se partageaient les "belles femmes" et les milliards, pour reprendre l´expression de l´autre. Ils avaient monopolisé toutes les maigres ressources du pays entre leurs mains. Le gouvernement ressemblait plus ou moins à un "club de coquins et de copains, de mangeurs et de buveurs", tandis que l´opposition n´avait que ce seul refrain à la bouche: Alternance, Alternance, tout en caressant le doux espoir d´être un jour aux affaires, non pas pour faire mieux, mais plutôt pour faire comme les autres. Pouvons-nous d´ailleurs vraiment parler d´opposition!? À quelques exceptions près, ces partis politiques sont presque tous issus de l´ancien Front Populaire devenu CDP. En dehors de l´UNIR/PS et de quelques autres petits partis, tous les autres ont "flirté" avec le CDP. Ce qui est marrant dans tout cela, beaucoup dans ce contre pouvoir qui n´existait d´ailleurs que de nom n´ont jamais voulu payer le prix de cette alternance qu´ils réclamaient nuit et jour. Et les militants dans tout cela!? Ah oui, ceux du CDP dans les quartiers de Ouagadougou, dans nos villages au fin fond des zones rurales, eux se battaient assez souvent pour une grosse pièce de 500 francs CFA ou pour un billet de mille francs. Pour quelques tasses de thé ou de café, ils sortaient avec les gourdins! Quelle pauvreté d´esprit! Quant aux autres ils n´ont jusqu´ici connu que la misère et la galère. J´y suis, mais je ne veux pas y mourir, alors je m´engage pour le changement. Ils sont à féliciter! (Ce sont ces derniers qui sont sortis massivement en octobre dernier sous la conduite de la société civile pour se faire tirer dessus, afin que le Burkina soit libéré d´une dictature qui n´avait que trop duré.

Si on peut blâmer le CDP pour sa tentation de porter atteinte à nos droits et à nos libertés, ou tout simplement d´avoir voulu étrangler nos institutions, autant on peut condamner l´opposition de n´être jamais parvenue à mettre en cause la responsabilité gouvernementale devant l´assemblée ou devant le peuple. C´est vrai qu´il y a eu quelques avancées, mais elles sont restées insignifiantes face aux innombrables défis. Apparemment, les partis politiques n´attirent plus du monde. Confrontée aux multiples arias de survie quotidienne, pensons-nous vraiment que cette jeunesse soit prête à servir de projectiles à des Hommes politiques dont la plupart vivent moelleusement!?

Nos partis politiques sont maintenant du genre à coller des affiches le soir et à faire du militantisme plat le week-end. Ils n´ont plus rien à offrir. Notre jeunesse refusera de suivre des hommes sans convictions, ou des opportunistes guidés seulement par leur tube digestif. Pourtant l´opposition authentique devait être en mesure de faire passer un message d´espoir et d´engagement à notre jeunesse. Elle devrait dès à présent, coûte que coûte occuper l´espace politique. Le fait d´avoir laissé cet espace a permis à certains "jeunes égarés" d´envahir nos lieux publics pour appeler à la magistrature suprême des hommes dont les actions politiques nous ont conduit dans la situation où nous sommes. Vu le nombre d´années que les anciens dignitaires du CDP sont restés aux affaires, cette jeunesse aurait dû trouver du travail, si ces dignitaires avaient le moindre projet pour le Burkina. Mais non, après avoir mis leurs progénitures à l´abris, ils continuent à narguer le peuple, en tentant d´exploiter la crédulité d´une jeunesse désorientée. Notre jeunesse consciente et conscientisée veut des leaders de la trempe de Thomas Sankara, dont d´ailleurs la majorité se réclame aujourd´hui. Elle veut être pionnière des aspirations de notre peuple, de sorte à prendre la relève le moment venu.

De l´unité de l´opposition post insurrection

"Face au pire des choix, il faut éviter le choix du pire" NKM. (Citation d´une femme politique Française. Même si elle n´est pas un modèle pour moi, elle a dit vrai

S´il y a quelque chose que nos partis d´opposition ont véritablement en commun, c´est leur comportement autodestructeur. La récupération de l´insurrection populaire par le RSP en dit long sur le sujet. L´absence d´une véritable doctrine de politique nationale ou internationale est notoire. Leur incapacité à se décider, à convaincre et à rassurer constitue leur plus grande humiliation! Notre pays est dans une situation d´angoisse et d´impasse. Eux ne pensent déjà qu´aux prochains postes qu´ils rêvent d´occuper. La luxure ou l´ivresse du pouvoir a déjà changé de camp, avant même que ceux qui seront appelés demain à gouverner ne soient arrivés au pouvoir. Quel paradoxe!? Quand surtout on sait que ce sont cette luxure et cette ivresse du pouvoir qui ont balayé le régime précédent. Alors dites moi où est le changement tant attendu?

Certains à rebours de leurs convictions d´autre fois deviennent ce qu´ils détestaient auparavant. D´autres du fait de leur manque d´idées nouvelles, continuent à nous servir la même tambouille depuis des années. La société civile quant à elle, jure la main sur le cœur, défendre des valeurs. Elle ne veut jamais faire de la politique, mais elle est embarquée malgré elle dans les querelles des politiques. Ne l´oublions pas si vite, le monstre du système Compaoré n´est pas mort. Il est seulement blessé. Et il est entrain de reprendre vie. Les manifestations tous azimuts de ces derniers jours, les prétendus états d´humeur du RSP ont un seul objectif: Empêcher l´opposition vraie et authentique de parvenir au pouvoir. Le MPP, même s´il ne fait pas partie de cette opposition radicale et authentique, constitue aujourd´hui la bête noire du défunt régime. Si l´ensemble des forces d´opposition et la société civile ne prennent pas ces avertissements au sérieux, nous serons bientôt de nouveau à la case départ. Le MPP que je respecte du reste beaucoup, même si je ne partage pas sa vision du pouvoir d´état, doit aussi prendre conscience du danger. Lui qui se croit déjà au pouvoir. L´arrogance de certains de ses membres me donne des sueurs froides. Et pourtant, "la politique est le domaine où celui qui pense que tout lui est permis...où l´extrême certitude de celui qui apparait le plus fort, celui qui semble avoir tous les atouts dans son jeu a finalement quelque chose quelque part qui peut être la faille"! L´impensable est toujours possible en politique. Je disais à un ami qu´il était dur d´exister quand on n´a rien à dire. Si le peuple Burkinabè ne dit rien, alors il lui sera difficile d´exister. Les exemples des organisations de la société civile, et du balai citoyen sont à suivre. Engageons nous sans réserve à leurs côtés. Osons de nouveau inventer notre avenir.

Des nouveaux prétendants à la magistrature suprême.

Ils ont été les conseillers ou les plus proches collaborateurs du président Blaise Compaoré pendant plusieurs décennies. Durant tout ce temps, ils n´ont pas vu la misère de notre jeunesse. Et puis, subitement, après que leur maître ait été chassé du pouvoir, ils se rappellent enfin que nos jeunes manquent du travail et que la démocratie n´était pas parfaite. Quelle criarde hypocrisie!? Depuis octobre 1987, je m´étais résolu à laisser le destin faire son œuvre, à la place du vaillant peuple Burkinabè! J´ai eu tort. Le peuple Burkinabè a pris son destin en main les 30 et 31 octobre 2014. L´idée d´un retour aux affaires des pontes de l´ex-régime est inadmissible. Oui je connais la chanson. Je l´ai déjà entendue plus d´une fois. On ne peut pas dire liberté de choix et en même temps s´émouvoir que d´autres en fassent usage. Seulement sous le ciel Burkinabè, il n´y a aucun espace pour un "prédisent Gilbert Diendéré" ou un "président Djibril Bassolé"! Les Burkinabè doivent leur réserver la plus désagréable des surprises qui puissent exister. Echec et Mat! Nous devons leur démontrer que la vérité est encore plus terrible et cruelle que la calomnie. Que n´ont-ils pas fait pendant une trentaine d´années!? Mensonges, crimes, trafic d´influences, Nous n´avons que faire des gens qui criaient meuh..meuh...pour dire qu´ils sont de "drooâte", ou qui disaient wouaf..wouaf...pour dire qu´ils sont de "gooôche". Nous ne pouvons pas supporter le fait que ceux qui hier appelaient leurs soldats à mater notre jeunesse fassent aujourd´hui appel à cette même jeunesse pour être le rempart de leur retour au pouvoir. Ont-ils la mémoire courte!?

Pour terminer je relate cette conversation plus ou moins anodine. J´ai eu quelqu´un au téléphone, un vieil ami de Lycée. Je lui ai demandé des nouvelles de NAFA.

- NAFA!?...Ah oui n´est-ce pas ce sacré cocktail...ou ce puissant valium?

Surpris, je lui répondis que non. Et avec humour je le traitai de bourricot pour enfin lui dire qu´en fait il s´agissait du nom d´un nouveau parti politique. Il se mit à rire. "Je ne suis pas un bourricot, ici nous l´appelons VALIUM ou Cocktail pour endormir la jeunesse". Ah ok, fut ma réponse.

Les Burkinabè ont-ils oublié qui sont leurs véritables ennemis? Il se pourrait, mais l´ex-président Blaise Compaoré lui aussi a probablement dans sa poche sa petite liste "d´ingrats". Des courtisans inutiles aux ministres encombrants et dépossédés, en passant par les serviteurs viles, il n´a rien oublié dans son exil au bord de la lagune d´Ébrié. Miné par l´âge, la rancœur et les trahisons diverses, il médite sur tous ceux qui avaient bénéficié de ses largesses et qui maintenant le trainent dans la boue...juste par ce qu´ils convoitent son fauteuil. Vous ne passerez pas!

La Patrie ou la Mort, Nous vaincrons!

Noraogo Stéphane Samuel SOULY
Pforzheim, Allemagne

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité