Pourquoi est-il devenu urgent que rapidement, la Transition prennent fin vite? Recommandations (1/2)

| 28.10.2015
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Pourquoi est-il devenu urgent que rapidement, la Transition prennent fin vite? Recommandations (1/2)
© DR / Autre Presse
Pourquoi est-il devenu urgent que rapidement, la Transition prennent fin vite? Recommandations (1/2)
La Transition politique est notre Enfant. Le Peuple dans sa large majorité, l’a accouchée en anéantissant les velléités de pouvoir monarchique, monocratique à relent dictatorial du régime déchu. Pour être notre Bébé, nous la choyons, la tapotons et au besoin, lui administrons des châtiments démocratiques bienveillants, pour lui traduire tout notre grand amour...


Dans l’ordre des remarques, c’est un truisme de dire que la Transition est verrouillée dans l’accession des citoyens à ses organes. Elle s’est caractérisée surtout par la cooptation des autorités et des cadres appelés à animer lesdits organes, au détriment d’une certaine compétition ouverte ou semi-ouverte, priorisant une certaine compétence. Du coup, cette modalité de fonctionnement l’essouffle dans une certaine mesure, parce que la grande masse du Peuple est érigée en observateur, contraint de regarder une infime minorité, faisant office de représentant, dans la conduite du pouvoir d’Etat et bénéficiant de tous ses avantages consécutifs.

Notre intervention repose sur une démarche constructive ; c’est pourquoi la présente tribune a cette particularité d’aller au-delà des critiques sèches, pour proposer des alternatives dans une certaine limite. A ce titre, elle se donne pour point focal, nombre de recommandations issues d’analyses conséquentes. Cependant, par convenance, ces recommandations sont présentées en premier.

RECOMMANDATIONS

1. L’observation de la neutralité affichée, ne laissant place à aucun doute de partialité de la part des Autorités de la Transition, vis-à-vis des candidats et formations politique. Ce principe sacré doit gouverner l’organisation des élections.

2. Il est important d’organiser sans délai, les Etats Généraux de l’Armée, impliquant la participation civile, pour penser/panser notre Armée dans sa globalité, et pour prendre en particulier, des décisions mûres sur le personnel muté de l’ex-RSP, qui a vu son statut bouleversé, sinon changé subitement.

3. Affirmer l’autorité de l’Etat à l’issue des Etats Généraux de l’Armée et tempérer par ce biais, le rôle de certaines organisations de la société civile dans les prises de décision publiques.

4. Tant que possible, limiter, sinon éviter des promotions sur la base de la nouvelle loi de l’Armée, - cette loi quelque peu controversée. La première personne méritant la promotion durant les âpres combats de ces 18 derniers mois, c’est le Peuple et lui surtout, qui mérite le grade de Général civil, et le Président de la Transition en tête, comme Marechal civil.

Notre Président leader et Capitaine Thomas Sankara, a en effet servi la nation burkinabé sous le Conseil National de la Révolution, en consentant le sacrifice suprême de son sang, sans se soucier de l’évolution de son grade à notre connaissance. Le Peuple ne lui dénie pas pour autant, tout son mérite...

5. La sanction sans état d’âme, contre des auteurs et commanditaires de tout cas de fraude ou de velléité manifeste de fraude aux élections.

6. Les partis politiques et leurs leaders doivent s’accorder sur un minimum vital républicain, en ne perdant pas de vue, la fragilité contextuelle de la révolution burkinabè en cours. Ce CONSENSUS MINIMAL est une condition essentielle d’une bonne fin apaisée et délibérée de la Transition, dans l’intérêt de tous. A ce titre, les rivalités manifestées lors des campagnes électorales, gagneraient à éviter l’hostilité et la défiance tous azimuts – défiant quelquefois l’incivilité. Nos leaders politiques doivent garder à l’esprit que notre démocratie reste pour le moment en chantier fragile et supporterait difficilement d’être secouée et tiraillée dans tous les sens comme dans une démocratie vieille et stable, à l’image de celle des nations occidentales (Etats-Unis d’Amérique, France, Grande Bretagne). A ce titre, par consensus, les partis politiques pourraient s’accorder pour désigner des ministres en charge de la défense et des questions sécuritaires, qui pourraient demeurer en poste, pendant six mois à l’issue des élections présidentielles. Eu égard aux enjeux sécuritaires contextuels.

7. Coupler plutôt le référendum du passage à la Constitution de la 5ème République avec la présidentielle sans attendre, au regard de leurs enjeux similaires et de la quasi-convergence de la majorité des acteurs publics autour de la pertinence de ce passage. Attendre l’installation d’un nouveau pouvoir, signifierait de donner à la Constitution, les colorations d’un quelconque pouvoir établi, alors que par nature, la Constitution est censée être au dessus d’intérêts quelconques de pouvoir établi. En effet, de telles colorations particulières partisanes dans la Constitution, est de nature à porter les germes de fractures sociales potentielles et de d’exposer aux tensions politiques à moyen ou long terme.

La frilosité traditionnelle des partis et formations politiques à s’engager d’urgence sur des questions d’importance et sensibles avec des résolutions claires et fermes, montre une fois de plus, leurs difficultés à satisfaire les demandes d’urgence, par des offres conséquentes. Elles, principalement censées animer la vie publique, du fait de calculs interminables et paralysantes, se laissent très souvent supplanter par la poussée des citoyens plus dynamiques et motivés à la base.

C’est un constat malheureux connu de tous mais rarement soulevé pour préserver l’unité d’action dans les récentes luttes contre le régime déchu et dans la Résistance. Ce constat malheureux peut être étayé à outrance par des faits précis de l’Insurrection d’Octobre 2014 et du putsch de septembre dernier, qui présente les partis politiques quelques fois comme l’arrière-garde, plutôt que l’avant-garde à des moments pourtant chauds et décisifs !

Si pour une décision aussi bouleversante de la vie quotidienne de chaque citoyen comme l’instauration de la journée continue dans les administrations publiques, le Gouvernement de la Transition a fait dans la promptitude sans que les partis aient pipé mot, pourquoi devrait-on attendre encore pour la réforme de la Constitution – chose la plus attendue d’ailleurs de la Transition ?

Visiblement, peu d’obstacles s’opposent à une large concertation à ce sujet : autant engager ces concertations. Deux à trois bonnes semaines devraient permettre de faire de larges concertations simultanées à travers le pays, avec différentes sensibilités et avec la délégation de pouvoir de représentation. Les charges d’une telle démarche demeurent dans tous les cas, assez limitées et sans commune mesure avec le budget d’un référendum isolé.

Le Pouvoir de la Transition aurait ouvert une brèche de faiblesse dans bilan (véritable boîte de pandore), si elle ne règle pas définitivement le passage à la 5ème République durant son mandat en tranchant tout de suite.

8. Mettre en place ou charger un organe « permanent » de suivi-évaluation de certaines actions pertinentes de la Transition, voire, de l’audit de la Transition de façon générale.

9. L’observation rigoureuse de la civilité recommandable de notre temps, de la part des concurrents à la présidentielle, sur fond de fair-play patriotique, condamnant sans état d’âme, toute référence ethnique, régionaliste et religieuse dans les discours de campagne politique.

Bonne chance à tous les candidats profondément soucieux de l’intérêt supérieur de la nation, dans la prise en compte des diverses composantes du Peuple !

Vive la démocratie burkinabè en chantier, un Modèle à préserver absolument!

Idrissa Diarra
Géographe & politologue.
Secrétaire exécutif du MGC/Faso

Institut Martin Luther King
d’Etudes Politiques (IEP-ML King)
Mobile : (+226) 66 95 04 90
Courriel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Burkina Faso, le 25 octobre 2015.

Unité-Progrès-Justice !

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