A ce titre, la présente tribune se donne pour point focal, nombre de recommandations issues d’analyses conséquentes. Cependant, par convenance, ces recommandations sont présentées dans une première partie isolée (voir lien ci-dessous).
Les proclamations d’intention de certains acteurs, de rendre service au Peuple, sont-elles toujours sincères ?
En seulement une année, la lutte acharnée en quête de postes s’est soldée par plusieurs frustrés, qui ont beaucoup donné - selon les dires de certains -, pour l’idéal démocratique pendant un certain temps et qui pensent être payés en monnaie de singe aujourd’hui. Ainsi, les frustrés peu endurants dans leur conviction pour l’idéal démocratique n’ont pas pu pour certains, contenir leurs ressentiments. Des sentiments, souvent déguisés sous des arguties et manteaux fallacieux. On pourrait même relever des illustres frustrés, qui ont finalement retourné leurs flèches contre la Transition elle-même.
Même parmi certains ayant eu au moins quelque chose à mettre sous la dent pour croquer, il se remarque aussi des manifestations d’insatisfaction ! Ces derniers, estimant sans doute trop peu, la récompense reçue. Mais l’on ne verra personne reconnaitre ouvertement de telles attentes. Tout le monde est idéaliste. Tout le monde travaillerait pour l’idéal démocratique. Ainsi, personne ne pense réellement à son propre ventre. Surréaliste comme fait, est-on tenté de dire ! Est-ce possible de mettre tant de côté son intérêt personnel, dans ce monde d’humains si imparfaits et si égoïstes ! Il faut certainement être idiot, pour ne pas comprendre que si l’hypocrisie existe sur terre, c’est justement pour ses usages opportuns dans de telles situations !
Le Pouvoir Public est en réalité, un Gros Gâteau public, accessible aux seuls initiés par un code secret
La scène publique n’est donc rien d’autre ! C’est un Gros Gâteau où chacun s’invite à la table pour prendre une grosse part en taisant dans une totale discrétion, le fait qu’il s’agit réellement d’un gâteau. Toute autre allégation est autorisée, sauf dire la Vérité, celle de reconnaître la réalité de ce gâteau public, disponible pratiquement en mode self-service, après l’entrée du mot de passe communiqué par les Grands Gardiens.
Le code le plus répandu, c’est de dire qu’il y a trop de travail à faire, trop de chantiers à boucler, trop de soucis de sécurité à stabiliser, trop d’écheveaux de djihadisme à démêler, des termes qui sont de véritables passeports, pour prendre tout son temps à la table. Tant pis pour l’observateur qui croit vraiment à cette diversion, ayant pour rôle régulateur, d’avoir le moins possible d’invités à la table du Gros Gâteau ! L’incrédule artiste musicien Tiken Jah lui, refuse de tomber dans le piège en claironnant avoir tout compris avec le Peuple !
Beaucoup de risques et de sacrifice pour le citoyen ou le Peuple, contre de maigres perspectives à son compte : mettre fin à cette grave distorsion pour une réelle démocratique sociale et économique équitable
Sous la Transition à notre connaissance, seule la Direction générale épineuse de la RTB (Radiodiffusion Télévision du Burkina) a été ouverte à la compétition, sur la base de la compétence technique. Pour tout le reste, ce sont pratiquement les proches ou personnes de confiance qui sont appelés aux commandes...
Pourtant, face aux risques de la mort et des blessures par balles réelles pendant l’Insurrection populaire d’Octobre 2014 et le putsch de septembre dernier, des citoyens « anonymes comme on pense couramment » n’ont pas ménagé leurs courages, pour défendre la Démocratie.
C’est en effet, grâce à ce courage sans calculs de personnes dites « anonymes », mais citoyens burkinabé tout de même, que les plus hautes autorités ont eu leur salut, et ont été arrachées des griffes mortelles, tant redoutées des « usurpateurs » et terroristes putschistes.
Au contraire, des personnes dites proches, hommes et femmes de confiance, nommées au postes de Secrétaires généraux – pour ne citer qu’eux -, ont commis ce que l’on est tenté d’appeler une trahison de la République – jusqu’à preuve du contraire -, par le fait d’aller faire allégeance au général putschiste, pour contribuer significativement comme du lubrifiant, à la marche de sa machine dictatoriale, qui allait nous coûter davantage à tous, très cher ici !
Notre Honneur, notre Dignité, notre Démocratie, l’image de notre Insurrection d’Octobre, notre Transition entière, la Mémoire des Martyrs frais et anciens, étaient en train de se souiller avec ce coup, avec ces adhésions déshonorantes de certains de nos concitoyens, à ce putsch macabre ! Et de surcroît, les postes des plus hautes autorités, du Président de la Transition en tête, aux Secrétaires généraux de Ministères, en passant par ceux du Premier Ministre et de tous les Ministres, seraient partis en fumée ! Comme cela !
Quelle est cette démocratie qui a besoin du Peuple à tout temps pour les mobilisations dans les rues, pour prendre les risques extrêmes à 100%, y compris la mort et presque 0% de jouissance concrète au delà de certaines satisfactions morales ?
Notre idéal de démocratie – justifiant tout notre combat -, est celle comme à l’américaine, qui permette aux plus petits inconnus qui ont la compétence, le talent et la combattivité, de gravir les échelons, à l’image de leur dynamisme.
L’interpellation est faite ici au REN-LAC : il n’y a pas meilleure garantie contre la corruption que la transparence de l’environnement public, garantissant égalité et équité de promotion des citoyens. Les prisons ne pourront rien contre la corruption véritablement ! l’ASCE n’y pourra pas grand chose ! Il faut un cadre institutionnel et culturel impersonnel, transparent de promotion de la compétence et de récompense conséquente de l’effort de chaque citoyen pour la nation.
Du délai annuel de la Transition : une clause constitutionnelle close, un terminus, un rempart non négociable !
(...) A l’élaboration de la Charte de la Transition, les opinions étaient partagées sur le temps maximal à accorder à la Transition. Des voix bien imprégnée de l’état du fichier électoral à la CENI penchaient pour 6 mois maximum ! Il est clair, la méfiance au sujet d’un délai imprécis ou excédant un an, était palpable chez les civils. Malgré le tiraillement, le délai d’un an maximum a été arrêté. Même s’ils n’étaient pas d’accord avec ce temps, les irréductibles partisans d’un délai plus court ont dû faire des concessions à contrecœur. Aujourd’hui, certains de ces acteurs animent les organes de la Transition, mais beaucoup ont perdu cette intransigeance rigoureuse et leur ferveur d’antan sur le délai, alors que le contexte prévalant jadis, deux semaines après le départ de Blaise Compaoré, était plus précaire et tout laissait redouter une situation sécuritaire plus incertaine qu’aujourd’hui!
Ce serait donc, une œuvre quasi-vaine qu’un journaliste s’empresse de tendre le microphone à quelle que autorité de la Transition, si son souhait est d’entendre des propos fermes et résolus sur la fin de la Transition ! En tout cas, jusqu’à preuve de contraire, cela n’a pas été constatée. Des délais supplémentaires de l’ordre de semaine, loin d’être négligés, ont constamment été raflés, sinon négociés en guise de « lenga ».
En effet, l’acteur rationnel s’empressera de mettre fin à une activité, s’il a espoir de trouver mieux à faire après, notamment en terme de rentabilité. Or, tout laisse croire que la politique et le pouvoir en particulier sous nos cieux, est un lieu d’ascension sociale fulgurante pour beaucoup, et généralement le mieux rémunéré.
Le Pouvoir s’acquiert par la force dont celle du droit, tout comme il est cédé souvent aussi par la force et la pression
Pour une personne avertie sur la nature du pouvoir, cet empressement lent ou cette absence de signes affichés et énergique de clôturer la Transition, ponctuée et témoignée par de petites phrases et déclarations subtiles, n’étonne point !
En effet, le Pouvoir s’acquiert par la force – y compris la force du droit -, et quand il est cédé, c’est souvent aussi par la force, autrement, il y a fort à douter qu’il s’agisse réellement d’un Pouvoir.
Au regard de cette vérité, il revient au Peuple d’être mobilisé et d’être sur les gardes et de mener des actions permanentes au quotidien dès à présent, pour qu’aucune autre heure supplémentaire ne se greffe à la date du 29 novembre 2015 pour l’organisation de l’élection présidentielle, pour quel que motif soit-il.
Une veille du Peuple qui rappelle que si nécessité il y a lieu d’ajouter des heures à la Transition pour des raisons dites valables comme la sécurité, elle devrait se faire avec d’autres personnes actrices, soucieuses et respectueuses des délais, depuis le sommet de l’Etat, jusqu’aux différents organes de la Transition. La raison d’une telle disposition d’esprit, sans doute, maximaliste pour certain -, se trouve dans le fait que le non-respect d’un délai, est en soi, un échec total ! Tout prolongement de la Transition devrait équivaloir aussi à une nouvelle désignation du Président de la Transition - soit-elle une reconduction de Michel Kafando -, à la mise en place d’un nouveau Gouvernement, de nouveaux membres du Conseil National de la Transition, etc.
Il appartient à l’Administration publique impliquant les Forces de défense et sécurité, mieux que tout Gouvernement passager, de gérer les questions sécuritaires de routine et de crise
Au sujet des questions sécuritaires, il convient de rappeler que prioritairement, un Gouvernement comme celui de la Transition qui claironne dans sa politique, l’absence d’un programme politique particulier, reste mal situé pour repousser des élections qui s’inscrivent en fin de compte comme son seul programme politique. En effet, le Peuple burkinabé a démontré par sa résistance face au putsch qui a mis à plat toutes les institutions de la Transition avec les plus hautes autorités prises en otage, qu’il est le principal rempart de sa propre sécurité.
L’Administration publique, impliquant la composante Force de défense et de sécurité, est, mieux que tout Gouvernement passager – que ce soit en régime autoritaire ou démocratique, le principal socle incontournable de la sécurité des citoyens. C’est pourquoi, même avec un coup d’Etat comme le tout récent pronunciamiento, l’Etat demeure toujours dans sa continuité, loin de s’effondrer. Il sied de reconnaître à cette Administration stable, tout son mérite !
Au regard de ces observations, de la part du Gouvernement, la récente mesure de la création du Conseil national de défense avec d’autres dispositions, à l’issue du Conseil des Ministres extraordinaire passé, est hautement salutaire.
Mais il faut aller plus loin ! Que ce soit du côté des autorités de la Transition ou celui des partis politiques et de la société civile, il y a lieu de prendre en compte d’urgence, les recommandations, prioritaires à notre sens et déclinées dans la première partie de la présente tribune!
Bonne chance à tous les candidats profondément soucieux de l’intérêt supérieur de la nation, dans la prise en compte des diverses composantes du Peuple !
Vive la démocratie burkinabè en chantier, un Modèle à préserver absolument!
Lecture utile :
Pourquoi est-il devenu urgent que rapidement, la Transition prennent fin vite ? Recommandations (1/2)
Idrissa Diarra
Géographe & politologue.
Secrétaire exécutif du MGC/Faso
Institut Martin Luther King
d’Etudes Politiques (IEP-ML King)
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Burkina Faso, le 25 octobre 2015.
Unité-Progrès-Justice !