En dehors de ces chantres francophones de la négritude, à la même période, dans les colonies britanniques, d’autres leaders luttent pour la dignité africaine. Pour sa part, le leader Ghanéen Kwamé N’Krumah, mène un combat rude pour la création des Etats Unis d’Afrique. Dans un discours, il énonce les axes objectifs majeurs de politique des Etats Unis d’Afrique en trois points : i) une planification économique générale à l’échelle continentale, ii) l’unification de la stratégie militaire et de défense et iii) l’adoption d’une politique étrangère et d’une diplomatie communes.(2)
Concernant les limites géographiques des Etats Unis d’Afrique, Cheikh Anta Diop apporte une précision à travers son ouvrage intitulé, Nation nègre et Culture.(3) Cette entité selon lui, s’étend des rives de la Méditerranée au Cap et de l’Océan Atlantique à l’Océan Indien.
Au Burkina Faso, le Capitaine Thomas Sankara a défendu de façon mémorable, l’unité africaine en mettant l’accent sur le développement endogène. Ce leader révolutionnaire ne s’encombre pas de détour pour dénoncer avec véhémence et constance, le néocolonialisme et l’impérialisme sous toutes ses formes, dans tous ses discours, y compris à la session de l’Assemblée générale des Nations Unis. Aussi, Joseph Ki-Zerbo, par son ouvrage monumental édité sous le titre, « Histoire générale de l’Afrique », contribue largement à une lecture d’ensemble unifiée du continent et d’interprétation endogène, au détriment d’une certaine connaissance fragmentaire et souvent, délibérément falsifiée dans un intérêt étranger.
Au niveau de la diaspora africaine en Amérique, des figures emblématiques favorables à la constitution des Etats Unis d’Afrique se sont également distinguées de façon inédite dans des luttes pionnières. Ce sont, Marcus Garvey, W.E.B. du Bois, Matin Luther King, Malcolm X, Bob Marley et bien d’autres.
Une ou plusieurs décennies après la disparition des pionniers de première et deuxième générations de luttes anticoloniales et postcoloniales, l’Afrique a du mal à s’exprimer face aux très grands ensembles que sont les Etats Unis d’Amérique, l’Union Européenne, la Chine, etc. En réalité, du fait de son morcellement, de son individualisme étatique dominant, l’Afrique, demeure vulnérable sur divers plans. Elle est en proie aux puissances étrangères qui y trouvent un terrain de prédilection pour piller ses importantes ressources diverses, aggravant ainsi le retard économique, social, scientifique et l’instabilité politique...Aussi, plusieurs difficultés se dressent devant l’Afrique balkanisée avec les multiples frontières coloniales tracées à l’équerre scolaire, arbitrairement imposées pour le principal intérêt des puissances colonisatrices (voir la carte de l’Egypte). Tout bon observateur en voyage sur le continent et même à l’extérieur, s’aperçoit des tracasseries douanières et policières du fait des frontières nationales ou tout simplement, du fait de la couleur d’origine africaine de sa peau. Hors du continent, le témoignage des maltraitances infligées aux peuples africains et leurs descendants de la diaspora en raison de leur origine, réveille cette conscience de la cause africaine et justifie les idées de Kwamé N’Krumah. « L’Afrique doit s’unir », c’est un impératif !
Reporter l’échéance de cette unité ne fera qu’aggraver les souffrances des Peuples du continent et compromettre l’avenir des jeunes générations. Au risque de se résigner dans son impuissance, la génération actuelle, la nôtre, se trouve dans l’intime devoir de poursuivre ce combat. Elle dispose comme atout majeur, du sillon déjà tracé par les braves devanciers intrépides et de l’important héritage littéraire à nous légué. Aussi, les peuples africains sont d’avantage instruits avec une société civile plurielle, puissante en veille, plus nombreuse et assez consciente. La communication est devenue un puissant canal de mobilisation des masses avec comme supports, les Technologies nouvelles de l’Information et de la Communication (TIC).
A l’origine de cette prise de conscience, le rôle de l’école est majeur en tant que cadre pertinent d’éclairage du citoyen dans la réelle compréhension de l’itinéraire historique et présent de l’Afrique, pour mesurer tous les enjeux de son unité.
La présente communication s’appuie sur le Burkina Faso dans sa marche démocratique - en raison du parcours politique de ce pays, riche en enseignements. Des exemples pertinents puisés dans le passé et le présent devront donner une vision claire de l’avenir démocratique de ce pays et de l’Afrique en général, ce continent pour lequel la généralisation de la culture démocratique semble une voie solide de son unité, via la participation d’une société civile forte. Cette condition durable offrira à l’Afrique unie, la puissance nécessaire pour donner à ses filles et fils, toutes leurs dignités et respects dans le concert des nations.
C’est pourquoi, le panafricanisme est dans notre entendement, l’affirmation de la dignité africaine, des peuples africains et de leur diaspora dans leurs existences aussi bien en Afrique, que hors du continent, cette dignité implacable (motrice) suscitant unité et solidarité et imposant sursaut et mouvement social, que ce soit sur le plan intellectuel, économique, politique, culturel, etc. (...)
(Extrait de communication sur le thème : « L’école et la société civile dans la construction des Etats Africains Unis ». Nov. 2015, Colloque panafricain de Howard University, USA.)
([1]) « Légitime défense » tout comme « L’étudiant noir » sont des noms illustres de journaux dans lesquels ces trois compagnons noirs publient durant leurs études en France.
(2) Discours du panafricain Kwamé N’Krumah : L’Afrique doit s’unir, http://congo-liberty.com/?p=4880
(3) Cheikh Anta Diop, Nations nègres et Culture, Edition Présence Africaine.
Diarra Idrissa
Conférencier
Géographe & politologue
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Site Web: http://panafricanhoward2015.com/program/
Site Web: http://etatsafricainsunis.org/
12 mars 2016.