Vérité tant entendue, vérité toujours vérifiée et traduite par cette sagesse : « les peuples ont les responsables qu’ils méritent ». On pourrait dire à chaque peuple, « dis moi qui te gouverne et je te dirais qui tu es » comme le disait Norbert Zongo. Pris dans tous les contextes et dans tous les cas de figure, cet axiome semble indéniable ; si le peuple a élu ses dirigeants et s’est trompé sur son choix, il mérite les conséquences de son choix. S’il est obligé d’accepter un régime d’exception qui viole ou qui ruse avec les principes comme la transition actuelle : vous êtes libres ; seulement de la liberté qui est offerte à chaque instant par le régime, si le peuple est obligé de subir un tel régime, il lui revient d’user de la force ( cas du régime Compaoré), soit pour l’écarter, soit pour tempérer ses ardeurs.
D’un côté comme de l’autre, chaque peuple mérite ses dirigeants. Les tyrans comme les démocrates. Quand le peuple se laisse subjuguer, il est autant responsable que quand il vit. Vues sous cet angle, les choses sont d’une logique implacable. Nous Burkinabé avons logiquement et de façon méritoire nos dirigeants. Nous sommes coresponsables de leurs frasques, de leurs pillages, de leur dictature, etc. ils sont nos dignes représentants. L’exemple tangible et récent est la transition.
Kafando lors de son premier discours disait, je cite « je me suis toujours fait une haute idée de la gestion de la chose publique... plus rien ne sera comme avant ».
Oh c’est malheureux quand on a son âme pauvre, en moins d’un an, c’est la même personne qui a baissé les poings avec son gouvernement pour piller l’Etat : augmentation de salaire, nomination tout azimut, des marchés publiques de gré à gré de plus de trente milliards. Et c’est lui et son gouvernement qui sont dignes représentants.
Voilà un débat fort captivant et fort enrichissant auquel nous convie Henri Lopez par cette affirmation sur la coresponsabilité de la rue et du palais Grace à une simplification par axiome. Est-ce que les burkinabé en ont fait bon usage lors des élections du 29 Novembre ?
De ce qui en est et sera, nous serions tous et chacun coresponsables des maux qui minent notre pays le Burkina. Les milliards et les milliards volatilisé par l’enrichissement illicite, le pillage, la corruption, etc. sont à mettre au dossier de tous et de chacun de nous.
Mais voilà, il y a aussi le fait qu’une responsabilité n’est établie que lorsque l’auteur est informé de son forfait : lorsqu’il en prend acte en toute conscience. Or, la grande majorité des burkinabé ne sont informées de rien. Elle ignore la confiscation des libertés pour la bonne et simple raison qu’elle n’en a jamais entendu parler, ou tout simplement elle croit en avoir maintenant après le traumatisme d’un régime de gouvernance donné, tout comme elle ignore les détournement et l’enrichissement illicite qu’elle classe dans la logique des pouvoirs des « grands hommes de la ville st du pouvoir ».
Tout cela plaide pour l’abolition de la coresponsabilité de cette frange de la population et entraine de facto la très grande responsabilité de ceux qui sont doublement informés : nous sommes informés chaque jour de la confiscation des libertés, des détournements et de la corruption et nous sommes informés à chaque instant que la grande majorité ignore tout, qu’elle n’est informée de rien. La rue c’est donc nous ; la coresponsabilité c’est encore nous.
Lorsque nous ouvrons la bouche pour dire : « ça ne va pas dans le pays » nous reconnaissons notre coresponsabilité.
Lorsque nous disons « le pouvoir d’achat a chuté », nous démontrons notre coresponsabilité. Même lorsque nous ne disons rien après la lecture d’un journal, une émission radiophonique ou télévisuelle ou la simple audition d’un discours, nous établissons notre coresponsabilité.
Tout homme informé est responsabilisé.
Nous de la rue, sommes coresponsables de tout ce qui arrive. Et c’est bien nous qui méritons les responsables que nous avons.
De la rue au palais, il n’y a que nous...
TOUS RESPONSABLES, TOUS COUPABLES !
Arielle Traoré
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