La révolution burkinabé du mois d’octobre 2014 restera à jamais dans les annales de notre pays comme un point tournant de notre histoire nationale. Comme la révolution tunisienne qui a fortement secoué le monde arabe, la révolution burkinabé est entrain d’être un exemple d’émancipation pour les peuples noirs d’Afrique sub-saharienne.
Une ère de grandes luttes pour les populations et un moment de déchéance pour le despotisme, l’imposture et la dictature.
Pour ce qui concerne le Burkina Faso particulièrement, on avait pensé qu’après cette révolution, aucune folie ne pouvait encore chatouiller l’esprit d’un paranoïaque et le pousser à un coup d’Etat, comme ce que vient de commettre le Général de brigade Gilbert Diendéré, ce 16 Septembre 2015 contre la transition post- insurrectionnelle. Pour certains inconditionnels de l’ex-majorité tels Léonce Koné et compagnie, ce coup de force était prévisible, pour la simple raison que le nouveau code électoral manque d’inclusion. Aussi de sa propre bouche, Gilbert Diendéré évoqua les mêmes raisons pour justifier son coup d’Etat, en faisant aussi valoir le non respect des consignes données par la CEDEAO aux dirigeants burkinabé pour les élections couplées, initialement prévues pour le 11 octobre 2015.
L’exclusion : un faux débat au Burkina
Selon la CEDEAO et l’ex- majorité burkinabé, les pays ne se valent pas, les vies humaines aussi ne se valent pas. La vie d’un Burkinabé ne vaut pas celle d’un Sénégalais ou celle d’un Béninois. Pour les mêmes fautes commises, un Français, un Américain ou un Sénégalais ne devrait pas être sanctionné de la même manière qu’un Burkinabé, citoyen d’un petit pays pauvre d’Afrique. On se souvient, à cause des seins palpés de Monica Levinski, Bill Clinton a failli ne pas finir son deuxième mandat à la Maison Blanche. Il passa tout de même devant un tribunal pour agitation incontrôlée des muscles de son bas-ventre. Dominique Strauss Kan, quant à lui, en voulant par la force avouer à Fatimata Diallo qu’il l’aimait et qu’il la désirait, s’est lui-même exclu de la course à l’Elysée, sans que personne ne le décrète. Le peuple français ne tolère pas que n’importe qui le représente et le gouverne.
Pour des billets de banque volés, Karim Wade est en prison à Dakar. C’est un pilleur, semble-t-il, et la culture sénégalaise qui hait le vol ne saurait le laisser en liberté pour avoir volé les richesses du pays. Tout cela est normal pour les peuples qui se respectent, qui savent ce qu’ils veulent et qui connaissent bien où ils vont. Comme le peuple burkinabè ne sait pas ce qu’il veut, et, ses richesses n’ont aucune valeur, toute poursuite d’un ancien compagnon de Blaise Compaoré pour enrichissement illicite, est injuste et illégale. Rien de plus normal pour un pays qui est sans repère moral et juridique...
Si les peuples et les pays étaient les mêmes, on ne dirait pas alors que le nouveau code électoral burkinabé est injuste et manque d’inclusion. On ne nous suggérerait pas de laisser aller aux élections ceux qui, directement ou indirectement, ont fait mourir plus de trente personnes en octobre2014 et assassiné quatorze concitoyens en mi-septembre 2015,à cause de la mégalomanie d’un seul homme, autour de qui s’agglutine encore une bande de rapaces habituées à ne faire que du mal.
Nous Burkinabé comprenons alors qu’un sexe caressé par la force à Paris, ou deux milliards d’euros volés à Dakar, est plus délictuel qu’une trentaine de nos concitoyens fusillés à Ouagadougou. Voici les raisons de l’amnistie et de l’inclusion tant prônées par la CEDEAO en faveur de l’imperatorde la secte dénommée ancienne majorité et de sa branche armée,le Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Le citoyen de la rue au Burkina comprend parfaitement cette position de ces quelques leaders de l’organisation ouest africaine,les frères siamois du gourou déchu. A défaut d’aider ces sous-hommes de Burkinabé à se tirer d’affaire, il faut les laisser résoudre eux-mêmes leurs problèmes comme ils peuvent.
La puissance et les influences de Blaise
Avant de sombrer vertigineusement le 31 octobre, Blaise a déployé toutes ses énergies pour intégrer le rang des grands de ce monde. Il s’est battu pour se faire accepter après la mort de son frère Thomas Sankara. Sur le plan national, il a tenté de ‘’réparer’’ les fautes et les erreurs de la révolution pour montrer qu’il était un ‘’homme bon’’, contrairement à Sankara qui voulait ‘’faire souffrir inutilement‘’les Burkinabé. Pendant 27 ans, il a eu le temps de s’enrichir au point que les hyènes et les chauves-souris de son parc animalier de Ziniaré mangeaient mieux que les cadres moyens de la Fonction Publique Burkinabé. Avec ces moyens, il s’est tissé des relations très solides avec les hommes les plus puissants de la planète. Il a soutenu nombreux leaders africains à accéder au pouvoir dont certains de la zone CEDEAO. Il a aussi appuyé d’autres en dehors du continent. On se rappelle les révélations de Robert Bourgi sur les financements des compagnes électorales en France par les hommes d’Etat africains. On comprend aisément pourquoi, par qui, et comment il a été exfiltré à Ouagadougou et conduit chez son sosie Lassané à Abidjan. Pour mieux assurer ses arrières, il s’était aussi profondément engagé dans quelque secte d’origine occidentale avec nombreux de ses proches. Il acquit ainsi une grande puissance, et ses paroles avaient valeur d’actes. Nombre de grands de ce monde restent encore derrière lui, pour avoir bénéficié de ses bonnes grâces. Il est d’ailleurs toujours en vie, avec des moyens financiers immenses capables d’exécuter n’importe quelle entreprise, qu’elle soit pour le bonheur ou pour le malheur du Burkina Faso. Dans beaucoup d’organisations inter- africaines et internationales, se trouvent ces gens avec qui il a signé plus que des pactes, des gens qui lui doivent plus que de simples reconnaissances. Par là, les Burkinabé comprennent la position de la CEDEAO qui relève de la démence et frise la foutaise.
De la même manière, on comprend le coup d’Etat de Gilbert. Les raisons qui ont acculé Blaise à vouloir le referendum et la modification de l’article 37 de la constitution sont les mêmes que celles qui ont poussé Gilbert, le RSP et les autres au coup de force du 16 septembre dernier.
- Eviter par tous les moyens de se faire rattraper par ses propres actes.
- Eviter de devenir moins que rien après avoir été très grand et si puissant.
- Faire tout pour ne pas comparaitre devant les tribunaux, un enfer réel pour des citoyens qui ont oublié par moment qu’ils étaient des êtres humains comme les autres.
Le dieu qui pouvait à lui seul sauver ces hommes de cette descente à l’enfer, s’appelle la possession éternelle du pouvoir d’Etat. Seule cette condition pouvait sans cesse permettre à leur ange gardien, ‘’Malayika Immunité Diplomatique ‘’ de les couvrir de son épaisse fourrure.
Seule cette possession intégrale du pouvoir d’Etat,pouvait encore permettre la banalisation continue de leurs actions impunies et d’envisager d’autres crimes pour mieux asseoir leur puissance, leur féodalité.Les meetings organisés dans les chefs-lieux de région ont contribué, une fois de plus, à donner l’illusion aux groupes Blaise Compaoré qu’ils étaient toujours populaires, et que tout était toujours possible,malgré l’âge pris par ses ennemis, les enfants des années 80, les pionniers de la révolution du 4 août 1983. Ils se sont alors ... à Bobo, à Ouagadougou et nombreux ont ...abondamment à Tenkodogo en août dernier, parce que chatouillés par les grosses injures d’un ancien dinosaure de la place à l’égard des révolutionnaires du 31 octobre.Le soir du 16 septembre à été un véritable réveillon, mieux que la Sainte Sylvestre, pour certains de ceux qui mangeaient gras et buvaient frais sous le régime de Blaise. Ils crurent en quelques heures à un retour rapide de l’Age d’Or, une superstition ! La vérité après le coup d’Etat reste pourtant simple ; c’est que l’argent et la brutalité militaire ne peuvent plus rien contre la force mentale des populations burkinabé, la force de l’âme selon les expressions de Gandhi et de Martin Luther King. Face à la désobéissance civile, comme celle que les travailleurs burkinabés viennent de développer, un coup d’état militaire devient une stupidité, chose que les boyorguyan de l’ancien régime ont ignoré jusqu’au 16 septembre, jour de l’avortement de la diendiero-gilbertose. Cette défécation en plein milieu du marché, en plus de son caractère tristement criminel et honteux, a été une véritable peine perdue pour ses auteurs. Maintenant,dans la douleur et la désolation, ils regardent grise mine, les portes de la justice qu’ils ont eux-mêmes élargies pour leur interrogatoire. Assommés par leurs propres actes, ils rendent dans la détresse les sites miniers et les autres richesses naturelles du pays aux populations. Pendant trois décennies, ce fut leur gombo personnel. Leurs amis, messieurs les filous-sangsues, amnésiques ou ignorant simplement que les hommes et les temps ont changé, furent arrêtés à l’aéroport international de Ouagadougou en flagrant délit,en possession illégale de nos précieux minerais.
Une vérité s’impose à tous les Burkinabé d’aujourd’hui, eu égard à ce nous venons de vivre cette automne.
Le 31 octobre, un début et non une fin
Quoiqu’on dise, la révolution d’octobre a été un succès sans précédent en matière de lutte politique des masses populaires au pays des hommes intègres. Un succès qui ne garantit nullement une vie politique et sociale faite de tranquillité et de démocratie, si les populations ne veillent pas à la consolidation et au renforcement des acquis de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre2014. Après les dictatures, les chemins qui mènent aux libertés et à la démocratie sont toujours parsemés de tous les obstacles et de tous les dangers. Plus de deux décennies après la froide tyrannie du Feu Félix Houphouët Boigny, le peuple ivoirien peine encore à trouver les marques d’une véritable démocratie, débarrassée des démons du régionalisme et de l’ethnicisme. Le 16 septembre apparait alors au Burkina comme un signal fort, un avertissement, voire une mise en garde. Il ne faut pas baisser la garde. Il faut maintenir la pression et veiller à ce que les vieux carnivores à la crinière abondante et aux yeux teintés ne se déguisent pas en agneaux, pour mieux rejaillir dans la bergerie. La lutte reste âpre et le chemin plus que jamais long et tortueux. Le blaisisme est à l’affut et guette le Faso. Comme un berger devenu lépreux, et qui ne peut encore traire le lait, le blaisisme à tout moment peut renverser notre calebasse de lait, mettre le pays à feu et à sang, à défaut de pouvoir à nouveau le gouverner. Il peut le faire avec l’aide de ses partenaires et amis qui sont partout dans le pays et dans les cinq continents. Avisé, le peuple burkinabé à ce niveau a encore donné un exemple de vaillance par la mobilisation et la détermination de son armée. Une armée républicaine qui a su démontrer le 29 septembre2015, que la paix peut s’acquérir à partir d’un certain équilibre de la terreur. Cette armée, à notre humble avis, mérite un symbole national comme nos martyrs. Un tel symbole, expression du patriotisme de nos forces de défense et sécurité, aidera à immortaliser les événements et à enseigner la postérité, comme l’Arc-de-Triomphe continue d’enseigner le peuple français et tous ceux qui franchissent la porte de Paris pour la première fois. Très certainement, tous les peuples du monde ont les mêmes besoins en termes de dignité, de liberté et de bonheur. On peut le croire très sincèrement, car, tous sommes-nous les rameaux d’un seul et unique arbre qu’on appelle HUMANITE.
YAMEOGO Ignace
Tel : 70 76 83 43
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