Non mon Lieutenant-Colonel, n’enterrez pas le cadavre et laissez ses pieds au dehors, sinon, il pourrira encore l’atmosphère

| 12.11.2014
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Non mon Lieutenant-Colonel, n’enterrez pas le cadavre et laissez ses pieds au dehors, sinon, il pourrira encore l’atmosphère
© DR / Autre Presse
Non mon Lieutenant-Colonel, n’enterrez pas le cadavre et laissez ses pieds au dehors, sinon, il pourrira encore l’atmosphère
Mon Lieutenant-Colonel, vous avez déclaré le dimanche 09 novembre 2014 dans le journal Le Monde, que : « je retournerais dans ma caserne en novembre 2015 », après les élections sans doute. Vous vous voyez donc assurer « un rôle dans le domaine de la sécurité » jusqu'au scrutin. S'il est vrai que cette décision, si elle venait à se concrétiser dans les deux semaines que vous avez donné, nous allons sans doute vous élever au grade des officiers qui ont le sens de la parole donnée.

Mais mon Lieutenant-Colonel, votre désir de vouloir jouer un rôle dans le domaine de la sécurité hors des casernes inquiète sérieusement. Normal pour un officier supérieur d'une armée dans l'armée (le RSP). Le processus de sélection des membres de la transition n'a pas encore commencé. Mais avec cette déclaration, vous semblez mettre en garde ces différents comités sur un poste précis qui vous reviendra forcement. Cependant, je trouve qu'en décidant ainsi, vous abandonnez un bras pour vous accrochez a l'autre bras. Pensez-vous vraiment qu'en ce moment que vous auriez quitté la transition comme le peuple vous le demande? Votre rôle d'assurer la sécurité, vous pouvez l'accomplir ailleurs qu'au sein de la transition. Il ne peut avoir meilleur bureau pour un militaire que dans une caserne autour de ces éléments et prêts à répondre aux décisions des politiques. En voulant rester dans cette transition, je crains fort que vous ne biaisiez l'indépendance du nouveau Président de la transition. Il est clair que votre présence constituera un ombrage sérieux dans sa gouvernance. Le Général Sanogo du Mali nous a démontré un très bel exemple quand il avait exigé exactement le rôle que vous voulez exiger dans cette transition. Au final, c'était plutôt Sanogo qui gouvernait et non le Pr Diaconda Traoré, désigné comme Président de la transition.

La preuve, il a organisé la bastonnade du Pr Diaconda Traoré et le limogeage de Modibo Keita alors Premier Ministre de la transition. Tout se décidait à Kati, quartier général de Sanogo et compagnie. J'imagine que votre quartier général ici au Faso sera naturellement le Conseil, siège du Régiment de Sécurité Présidentielle. C'est ce que vous voulez nous servir? Mon Lieutenant-Colonel, il vous souviendra que l'une des recommandations fortes du collège des sages, des organisations de la société civile en tout temps, est la dépolitisation de l'armée. Lisez le rapport du collège des sages. Notre constitution n'a prévu aucun rôle politique des forces armées nationales. L'armée est à la disposition du peuple à travers les politiques. Le rôle d'une armée c'est de défendre l'intégrité du territoire et d'assurer la sécurité des institutions républicaines. Mon Lieutenant-Colonel, j'ai longtemps chanté à mon cher ami Gilbert Noel Ouedraogo qu'un pied dedans, un pied dehors mène toujours à l'échec. Vous voulez exprimer votre bonne foi de rendre le pouvoir aux civils, alors faites le proprement et bien. N'enterrez pas ce cadavre en laissant les pieds au dehors, sinon, il pourrira encore l'atmosphère. Prenez des galons de Général comme Sanogo et bien d'autres et rentrez définitivement dans la caserne pour attendre les instructions du politique. C'est ça une armée républicaine. L'occasion est enfin donnée à l'armée toute entière de prouver sa bonne foi de ne point se mêler de la politique mais de se consacrer entièrement a sa fonction régalienne.

 

Harouna Dabré (Lengha Fils)

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