Mouvements d’humeur au sein du RSP : Evitons le risque de prendre la partie pour le tout

| 07.02.2015
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Mouvements d’humeur au sein du RSP : Evitons le risque de prendre la partie pour le tout
© DR / Autre Presse
Mouvements d’humeur au sein du RSP : Evitons le risque de prendre la partie pour le tout
Au lendemain du second mouvement d'humeur d'éléments du RSP (que j'espère être le dernier) qui a été la cause du report de l'hebdomadaire conseil de ministres du mercredi 4 février 2015, et à la veille de meetings qu'organisent des OSC au plan national pour réaffirmer leur soutien a la transition, j'ai jugé opportun de partager la réflexion suivante avec l'ensemble des forces vives, des partis politiques, de la population dans son ensemble.


La question du RSP en tant que corps me semble complexe. Je suis d'avis avec un internaute qui dit, parlant de ce corps, que « le nom de la hyène est gâté depuis son enfance » D'autres diront que c'est un seul âne qui mange la farine et blanchit la bouche de tous les autres. Les raisons de la triste renommée du RSP en tant que corps date de depuis les lendemains de sa création, faisant au passage du Conseil de l'Entente un lieu 'sinistre'. Les 'hauts faits' d'éléments de ce corps en termes d'exactions et de tortures, pour ne parler que de cela, défraient de plus en plus la chronique depuis la fuite de M. Compaoré.

On n'oubliera pas de sitôt ces caporaux qui commandaient à des plus gradés, qui mettaient à genoux des ministres de la République, sans compter des disparitions inexpliquées et non encore élucidées. Généralement pourtant, les exécutants de certaines missions courent à leur perte, car les commanditaires ne laissent jamais de témoins capables de raconter un jour ce qui s'est passé.

La phobie générale à l'égard du RSP en tant que corps se comprend donc aisément. Malheureusement, à écouter certaines déclarations et à lire certains écrits, on a le sentiment que c'est tous les éléments de ce corps qui sont voués aux gémonies, sans discrimination. Et pourtant !

Avant de me mettre à partager cette réflexion, j'ai lu un article d'une dame, article signé « Une burkinabè préoccupée par la situation nationale », a qui je tire mon chapeau. L'article, publié ce jour 6 février 2015 par lefaso.net, est intitulé « Et si on sensibilisait la population sur la question du RSP avant de l'appeler à manifester ! » Qu'elle me permette de lui emprunter ce passage, car elle a exprimé mieux que moi ce que je pense : « Des faits très malheureux et regrettables sont attribués dans le passé au RSP et c'est ce qui est mis en avant pour exiger son démantèlement. Si l'on ne peut pas dissocier le RSP en tant que structure de ses animateurs que sont ces militaires, peut-on nous dire combien d'éléments du RSP étaient dans ce régiment au moment où certains évènements ont eu lieu ? Ces militaires ont des familles, des pères, mères, époux, épouses, enfants, sœurs, frères... qui font partie de cette population que vous appelez à manifester. Evitez d'opposer inutilement des Burkinabè contre d'autres Burkinabè ce n'est certainement pas ça l'agenda post insurrectionnel ; en tout cas pas pour le peuple burkinabè intègre et sincère »

Je tiens à souligner que ma préoccupation n'est pas la dissolution ou le maintien de ce corps, quand bien même je suis pour une redéfinition de ses missions, la sécurité du Président devant être confiée à la gendarmerie.

En effet, tout comme les autres corps, le RSP regorgent de jeunes dynamiques pleins d'avenir, comme la capitaine qui a lu leur déclaration le vendredi 6 février à la télévision, qui ne sont mêlés ni de près ni de loin aux exactions reprochées à leur corps. Seulement, qu'ils sachent s'envoyer si quelqu'un les envoie, pour ne pas hypothéquer leur avenir. Beaucoup d'entre eux avaient su s'envoyer les 30 et 31 octobre en ne retournant contre le peuple, les armes que le peuple leur a confiées. Mais en vérité, avaient-ils d'autre choix, dans ce village planétaire qu'est devenu le monde ? Ce n'était pas une affaire de caserne à caserne ! C'est tout un peuple qui a décidé de prendre en main son destin. C'est irréversible, que chacun se le tient pour dit. Qu'ils évitent donc de se laisser instrumentaliser car seules des personnes qui ont des choses à se reprocher ont peur de l'aboutissement heureux de la transition. Ce qui fait sens aujourd'hui pour chacun, c'est de négocier sa place dans le Nouveau Faso en réédification. Tout projet visant à contrecarrer le processus est voué à l'échec.

Vivement que la mobilisation pour les meeting du samedi soit à la hauteur du défi du moment, juste pour passer un message fort à tous et à toutes, que les forces vivent ne permettront à personne de saborder le processus engagé.

Une question qui vaut son pesant d'or : pourquoi faut-il que d'autres personnes, de surcroit celles qui ont été au premier rang des garants de la longévité au pouvoir et de l'entement de l'ancien président, décident de qui doit assurer le rôle de Chef d'Etat Major particulier de la présidence de la transition et celui de Commandant du Régiment de Sécurité Présidentielle pendant la transition ? Le Président ne peut-il pas nommer lui-même les personnes qu'il préfère pour sa sécurité ?

Cynthia Benao
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