M. Mamadou Djibo, de grâce, épargnez-nous vos théories d’homme irremplaçable ad vitam aeternam

| 21.10.2014
Réagir
M. Mamadou Djibo, de grâce, épargnez-nous vos théories d’homme irremplaçable ad vitam aeternam
© DR / Autre Presse
M. Mamadou Djibo, de grâce, épargnez-nous vos théories d’homme irremplaçable ad vitam aeternam
Dans votre article intitulé « L'appel à la souveraineté du peuple est indépassable », publié dans lefaso.net du 14 octobre 2014 vous dites, pour justifier pourquoi tous les moyens doivent être mis en œuvre pour lever la limitation des mandats présidentiels afin de permettre au président Compaoré de continuer à régner : « Il y a une globalité géopolitique en jeu. Il y a surtout, dans une Afrique en panne de bons dirigeants, la nécessité de trouver le mécanisme démocratique pour garder les meilleurs ».

Sans blague ! Cette phrase me rappelle étrangement un des arguments 'forts' de la Majorité qui avait sous-tendu la modification du même article 37 en 1997, pour supprimer le verrou limitatif : « ... pour ne pas permettre des candidatures médiocres ». En termes clairs, en 1997 tout comme aujourd'hui selon vous, il n'y a qu'une seule personne qui n'est pas médiocre, qui est meilleure et c'est le président Blaise Compaoré. En 2005, arguant de de la non rétroactivité des nouvelles dispositions constitutionnelles qui ont ramené le mandat à cinq ans avec possibilité de réélection une fois, le président Compaoré a poursuivi son règne qui prend définitivement fin, constitutionnellement, en novembre 2015. Et il se trouve encore des 'spécialistes du droit' comme vous pour dire, 17 ans après 1997 et 27 ans après sa prise de pouvoir, pour tenir un tel langage. Et toute cette gymnastique, juste pour justifier le viol de la constitution pour lui permettre de demeurer au pouvoir à vie. Monsieur Djibo, Ph.D philosophie, est-ce que vous êtes au sérieux ?

À Lire sur lefaso.net : L'appel à la souveraineté du peuple est indépassable

Pour notre propre gouverne, donnez-nous les sources de l'information selon laquelle « Le Président Compaoré est l'un des cinq meilleurs du continent selon des données américaines récentes ». Précisez-nous la période et le domaine considéré dans ce classement ; les indicateurs pris en compte aussi. Quel mérite un Chef d'Etat a-t-il à être classé parmi les cinq meilleurs d'un continent de 55 pays, alors que dans le classement mondial 2013 du PNUD (IDH), son pays est 181e sur 187 pays, tout juste derrière le Burundi et devant des pays comme l'Erythrée, la Sierra Leone, le Tchad, la république Centrafricaine, la République démocratique du Congo et le Niger. Pour rappel, le Burkina Faso était classé 160è en 2010, 181è en 2011 et 183è en 2012 (source : Abdou Zouré, burkina24.com du 20 octobre 2014).

Vous dites aussi que « Le Burkina Faso est devenu « un exportateur de stabilité que saluent tous les grands dirigeants d'ici ou d'ailleurs », soit. C'est un mérite que nous reconnaissons tous au président Compaoré, et qui nous fait honneur. Mais prenez la peine de lire le conte « Naaba Laibse, le royaume du Sofa Kiburna et la Long-régnite » du Dr Issaka SNODE publié dans lefaso.net du 30 septembre 2014 et vous constaterez avec nous qu'a quelques exceptions près, les pays ou le Burkina a apporté son expertise en matière de médiation ou de facilitation, et donc d'« exportateur de stabilité », ont fait l'expérience de crises sévères et aigues. Mais c'est généralement la volonté des présidents de ces pays de se maintenir au pouvoir a tout prix, de tailler la constitution sur mesure, qui a été à l'origine de ces crises : le Niger, le Togo, la Cote d'Ivoire, la Guinée, ... le Mali.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets par ailleurs, si le président Compaoré se laisse induire en erreur au point de passer à l'acte de modifier l'article 37 en supprimant à nouveau sa clause limitative pour pouvoir se représenter en 2015, il sera celui là qui importera l'instabilité chez lui-même, après avoir « exporté la stabilité » chez les autres.

Nous parlons tous de paix, mais certains, sinon beaucoup de nos paroles, comportements et actions sont aux antipodes de la paix. La recherche, l'entretien et la pérennisation de la paix vont de pair avec le respect de la parole, des engagements, du serment prêté.

Aujourd'hui, les pro referendum présentent les choses comme si l'opposition et les forces du changement ont peur du verdict des urnes, du referendum. Ce n'est pas exact. Des referendums, la Hautes Volta aujourd'hui Burkina Faso en a connu : de la première à la 4e république. Mais il n'y a jamais eu cette opposition farouche. Personne n'a peur du referendum dans son sens générique. Le referendum de 1991 a connu une très forte participation. Ce que l'opposition et les forces du changement rejettent, c'est ce referendum personnalisé, juste au bénéfice immédiat d'une seule personne. Par exemple, s'il s'avérait nécessaire un jour d'organiser un referendum sur l'une des questions comme la peine de mort, le mariage pour tous, l'autonomie ou l'indépendance que réclamerait une partie du territoire, nous sommes persuadée qu'il n y aura pas ces résistances, parce que justement ce sont des questions d'intérêt national.

Si tant est que ce referendum n'est pas personnalisé, et que si le oui l'emporte la loi prend effet avec le successeur du président Compaoré en novembre 2015 (lui n'étant pas candidat parce qu'en fin de contrat), alors ce referendum peut être couplé avec la présidentielle de 2015 comme le propose une OSC, le Front de Resistance Citoyenne.

Cynthia Benao
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

NB: L'opinion de l'auteur ne reflète pas forcément le point de vue de Bâyiri.com

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité