Le phénomène MPP ! Analyse de Harouna Dabré (Lengha Fils)

| 27.03.2014
Réagir
Harouna Dabré (Lengha Fils)
© DR / Autre Presse
Harouna Dabré (Lengha Fils)
C'est le sous-titre d'un article paru dans le journal L'évènement en date du 18 mars 2014. Une entrée triomphale à Bobo, certes. Une reconquête presque réussie à Ouahigouya. Et encore et encore. Et ce phénomène continue.
Dès les premiers jours de la naissance de ce parti, nous avons posé trop d'interrogations quant à la bonne foi de ces démissionnaires. Sont-ils vraiment sincères dans leur nouveau rôle? Ils sont devenus subitement des opposants à la langue plus tranchante que l'opposition régulière. Nous avions alors posé des conditions pour vérifier leur bonne foi. Il s'agit alors pour ces démissionnaires, s'ils sont vraiment sincères, s'ils regrettent leur copinage de 27 ans avec le système Compaoré, s'ils regrettent tous les crimes économiques et de sang dont ils sont autant responsables que Compaoré et son système, s'ils ont vraiment pris pitié de la spoliation du peuple dont eux-mêmes étaient parmi les principaux artisans, s'ils veulent vraiment rendre la liberté, la dignité du peuple en aidant à l'avènement d'un autre système autre que celui que plus de 65% de burkinabé n'ont connu depuis leur naissance, (en effet, la population burkinabé est composée de 53% de jeunes de moins de 18 ans selon l'annuaire statistique de l'INSD en 2010.), alors ils ne devraient pas chercher à conquérir le fauteuil présidentiel. Ils devraient être derrière le peuple pour donner suffisamment de moyens à la jeune génération de burkinabé de faire leur preuve.

 

Avant tout, eux, ils ont passé plus de 27 ans de leur vie à planifier, diriger, manœuvrer, comploter, et que sais-je encore. A présent, au presque soir de leur vie, que peuvent –ils nous apporter ou nous démontrer mieux que ce qu'ils ont déjà fait. Tout ce que nous reprochons aujourd'hui au Président Compaoré et à son système, ces démissionnaires sont co-responsables. Pendant qu'on assassinait le Président Thomas Sankara au Conseil de l'entente, certains étaient en train de veiller sur le sommeil du Capitaine Compaoré chez lui. Nous ne sommes pas contre la personne humaine des gens mais contre ce qu'ils ont fait. Faut-il faire un pas en arrière et dire un simple mea culpa pour se faire pardonner aussi simplement par le peuple dont on a spolié durant 27 ans? Un simple mea culpa peut-il avoir valeur de Vérité – Justice – Pardon comme ailleurs? N'oublions pas, le peuple burkinabé a été victime d'un système d'oppression que ces gens ont mis en place pour stabiliser le pouvoir du Capitaine Compaoré en 1987 quand celui-ci ne savait pas comment mettre aux pas un peuple et une jeunesse africaine déboussolés, meurtris et orphelins. Ce sont eux qui ont réfléchis et agit pour construire le système Compaoré. Suffit-il à celui qui a tué votre enfant de revenir crier non au crime pour qu'il soit pardonné? Ou suffit-il à celui qui a volé votre bien de vous rejoindre et crier au voleur pour qu'il soit pardonné?

Dans son Essais intitulé «La Pression de l'Oppression», la jeune togolaise Farida Bemba Nabourema qualifie ces personnages de traîtres sauveurs. Farida dépeint le profil de ces types de politiques. C'est parce que le système les a exclus qu'ils reviennent vers le peuple et veulent se faire passer pour son sauveur. Pour avoir la confiance du peuple qu'ils ont brimé, volé, pillé, massacré, ils veulent nous faire croire aujourd'hui qu'ils sont aussi victimes de ces gens dont ils étaient hier seulement les yeux et les oreilles. Non c'est si facile comme scénario. Ça ne peut pas passer. Ils se jouent de l'ignorance et de la naïveté du peuple. L'engagement politique de la masse populaire est si tardif que ces gens pensent abuser si facilement de leur intelligence. En politique, il faut apprendre à comprendre très vite ce qui se cache derrière une action, une tempête et même une victoire. Il faut se dire la vérité, notre jeunesse a été trop endormie par ce système et il a fallu le mouvement Trop c'est trop survenu après l'assassinat du Journaliste Norbert Zongo, pour faire comprendre définitivement à la jeunesse burkinabé que l'esclave qui ne revendique pas sa liberté ne mérite pas qu'on s'apitoie sur son sort. Mais ce n'est pas suffisant. A cette seule volonté d'en découdre avec un système qu'elle a pensé entre temps indéboulonnable, il faut de l'analyse critique pour séparer le bon discours de l'hypocrisie. Nous devons appeler la jeunesse à ne point accepter comme parole d'évangile tout ce qui est dit sur le terrain politique. C'est par ignorance que les oppresseurs se placent dans nos rangs pour nous esclavager davantage. Mobutu Roi du Zaïre disait que si tu arraches le bifteck de la bouche de quelqu'un, soit certain qu'il deviendra ton opposant. Mais de quel opposant deviendra-t-il? Est-ce l'opposant du peuple ou son propre opposant?

Nous sommes d'avis que certaines personnes peuvent reconnaître leur crime d'avoir servi un système totalitaire et se repentissent à un moment donné qu'elles ne peuvent plus continuer à servir et fortifier un système. Ces gens-là, nous ne les confondons pas. Mais il y a aussi des personnes qui refusent d'être mises à l'écart par le système et par conséquent décident de rejoindre les rangs du peuple pour se venger. Ces gens-là, Farida Bemba dit d'eux que s'ils sont capables de devenir du jour au lendemain les ennemis de leurs anciens amis, c'est qu'ils peuvent aussi devenir les ennemis de leurs nouveaux amis.

Nous restons toujours sur notre position. Rien ne contredit notre position pour le moment. Notre hypothèse est la suivante :

Soit on a retiré le bifteck de la bouche et ils veulent se venger ;
Soit c'est le système lui-même qui les fait jouer une scène de théâtre ;

La volonté affichée et acharnée de prendre le pouvoir ajoute que la peur d'un lendemain incertain au regard de ce qu'ils ont posé comme actes, les contraint à ne point s'éloigner du pouvoir.

Peuple du Burkina Faso, donnons-nous les moyens propres de reprendre pacifiquement ce pouvoir qu'on nous a pris à coup de canon.

Harouna Dabré (Lengha Fils)

---------------------------------------------------------------------------

NB : Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

--------------------------------------------------------------

Vous aimeriez partager aussi vos opinions, envoyez-nous votre article à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité