Hommage aux martyrs du soulèvement populaire du 30 octobre 2014

| 01.11.2014
Réagir
Hommage aux martyrs du soulèvement populaire du 30 octobre 2014
© DR / Autre Presse
Hommage aux martyrs du soulèvement populaire du 30 octobre 2014
A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, a-t-on coutume de dire. La victoire que les forces du changement et du progrès célèbrent depuis ce jour du 30 octobre de l'an de grâce 2014 au Burkina Faso, est une victoire acquise de haute lutte, une victoire de la JEUNESSE burkinabè, de la JEUNESSE africaine.


Au moment où j'écris ces lignes, j'ai les larmes aux yeux. Il y en a qui ont cru au Burkina Faso, qui ont cru en l'avenir de ce pays, qui ont été aux premières lignes des différents fronts depuis que la lutte a été engagée, dans toutes les formes qu'elle a prises. Il n'y a pas de salut individuel. Cette victoire en est une de fierté collective qui est l'aboutissement d'un combat entamé de longue date et dans lequel d'autres filles et fils ont laissé la vie. Les jeunes gens qui ont été les artisans de la victoire que nous célébrons sont les milliers de Sankara qu'avait prédit Feu le président Thomas Sankara (Tuer Sankara aujourd'hui, des milliers d'autres Sankara naitront) et de défenseurs de la liberté et la justice que défendait Norbert Zongo (Si vous tuez Norbert Zongo, vous ne tuez pas la soif de vérité et de justice)

Je voudrais qu'en ces moments d'euphorie liée à la de fin de règne de M. Blaise Compaoré, nous ne perdions pas de vue une seul seconde, qu'il s'agit aussi de moments de deuil de nos martyrs tombés au combat. Nous avons résolu ce qui était considéré comme la contradiction principale : mettre fin au règne sans fin de M. Compaoré. C'était le seul passage obligé pour permettre au burkinabè de penser leur avenir autrement. Depuis la fin du régime Compaoré, d'autres contradictions montent à la surface. En témoignent la cacophonie à la tète de l'armée, les déclarations d'acteurs politiques ou de la société civile sur des antennes de radio et de télévision. Certaines de ces déclarations nous paraissent malheureuses, inopportunes et mal à propos, à l'exemple de celle de cet homme politique qui revendique avoir fait ceci, avoir fait cela, et même avoir dirigé le mouvement de foule qui a saccagé la télévision. En responsable, il y a des choses qu'il faut éviter de dire.

Au regard des différentes tractations en cours entre les différents acteurs, un processus somme toute normale, il nous parait opportun d'interpeller les uns et les autres sur ce qui suit :

1- Dans tous ce que nous engageons comme concertations, pourparlers, dialogue dans de cadre de la gestion de l'après Compaoré, ayons une pensée pieuse à l' endroit des fils et des filles de ce pays qui ont payé de leur sang pour que nous puissions parler aujourd'hui de l'après Compaoré. Le deuil est certes collectif, mais Il y a des pères, des mères, des frères, des sœurs, bref des familles qui ont perdu des êtres chers, qu'ils ne reverront plus jamais. La seule manière pour nous d'honorer leur mémoire et de partager le deuil, est d'œuvrer à la réalisation de l'idéal pour lequel ils se sont sacrifiés.

2- Il y a des victimes dans nos hôpitaux et autres centres de santé sinon à domicile, souffrant de blessures plus ou moins graves qui méritent notre soutien et notre compassion. Il faut saluer les structures et les bonnes volontés qui nous rassurent que ces personnes sont prises en charge gratuitement.

3- Nous ne devons pas donner raison à ceux qui, tant de l'intérieur que de l'extérieur, n'appréciait guère la gouvernance de M. Compaoré mais qui prônait cependant son maintien par crainte des désordres et du cahot que pourrait engendrer son départ, lui même et son clan n'ayant rien fait pour préparer ce départ. Et ces gens, il faut les comprendre, n'ont pas tort quand on se réfère à ce qui se passe, depuis des années dans certains pays, suite à la chute de dictateurs. Notre devoir, aujourd'hui et pour la postérité, c'est de faire la différence. Et pour cela, nous devons commencer par mener des actions décisives contre les atteintes à l'intégrité physique de personnes ; contre les pillages en bandes organisées, le saccage des biens publics et surtout privés. En tout temps, en tout lieu et en toutes circonstances il y a des brebis galeuses, malheureusement. Ne permettons pas à ces gens sans vergogne et sans scrupule de souiller par ces pratiques condamnables le sang de nos martyrs et la pureté de l'aboutissement de notre lutte.

Nous ne saurions terminer sans interpeller les organisations africaines, notamment la CEDEAO et l'Union Africaine. Nous ne le faisons pas nécessairement pour le Burkina Faso, nous nous sommes déjà assumés. Nous le faisons pour l'avenir, au regard des velléités que nourrissent certains Chefs d'Etat africains en fin de mandat, de procéder au braquage de leur constitution pour rester au pouvoir. Il faut que ces organisations arrêtent de jouer au médecin après la mort. Les simples déclarations de complaisance du genre « ... appelle au calme et a la retenue » ou « ... invite les différents acteurs à privilégier le dialogue» ou encore « ... exhorte les différents acteurs a tout mettre en œuvre pour le retour à l'ordre constitutionnel normal », ne servent pas. Une prise de position claire et sans équivoque à temps comme le font les USA et dans une certaine mesure les partenaires européens aurait pu circonscrire l'entêtement de certains Chefs d'Etat et éviter aux pays le cahot et aux populations les affres de conflits armés.

Enfin, rendons hommage a toutes les femmes et hommes de bonne volonté, a nos notabilités religieuses et coutumières, a nos partenaires, qui se sont investis et s'investissent toujours pour la recherche de la concorde et de l'harmonie de tous les acteurs dans la gestion de l'après Compaoré. Que Dieu les accompagne et guide leurs pas.

Que Dieu bénisse le Burkina Faso

Cynthia Benao
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité