Cela se pose avec acuité d’autant plus que ces élections, présidentielle et législatives couplées, ont non seulement un caractère historique, mais aussi ces joutes électorales sont ouvertes autant sur le plan des chances des candidats que sur l’aspect «danger». Et ce dernier paramètre est plus important que tout le reste. Mais il est possible de vaincre le signe indien, de casser le stéréotype que l’on colle aux Africains quant aux difficultés qu’ils ont après les élections.
De fait, il est possible qu’en Afrique il y ait élection sans troubles après. Il faut y travailler et ce taf commence dès la campagne électorale. Or, voilà qu’avant même que la campagne ne soit lancée officiellement, des voix s’élèvent pour dénoncer des velléités de fraudes sur des cartes d’électeurs. Il est vrai que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a abattu un travail fort apprécié qui bloquerait la voie à la fraude. Mais celle-ci a la peau dure car certains ont appris beaucoup de choses et d’astuces en la matière sous l’ère Blaise Compaoré. Il appartient à la CENI de renforcer son dispositif. L’on peut demander aux politiciens de jouer franc jeu, mais en politique, sous nos tropiques, les moyens justifient la fin. Mais déjà, chaque parti politique peut surveiller les autres de sorte qu’à la fin chacun sache ce que l’autre a fait. Aux partis politiques d’être présents sur le terrain.
L’on a remarqué que certains partis politiques n’étaient pas présents au tirage pour le positionnement sur le bulletin unique. S’il arrive qu’ils soient absents aussi dans les bureaux de vote, cela laisse libre cours aux concurrents. Il y en a qui ont des représentants dans les bureaux de vote dont ils ne prennent pas soin. Il s’en trouve à qui c’est le parti concurrent qui donne à manger. Comment bien faire son travail en ce moment? C’est dire que les partis politiques doivent fourbir les «armes» pour suivre de près le processus.
En plus, des organisations de la société civile envisagent de déployer des équipes le jour des élections. Cela peut être mis en œuvre même durant la période des campagnes pour que celles-ci soient apaisées. Peut-être que si les politiciens se savent observés ils seront républicains dans leurs propos et leurs comportements. Si la campagne se déroule bien, il y a des chances que les élections se passent bien également. Des gens sont, en Afrique, habitués à laver leur honte de la défaite avec la contestation.
Qu’ils sachent que des juridictions existent pour leurs contestations. Il faut être républicain, en s’attachant les services d’un huissier s’il le faut. Des exemples existent aussi de candidats qui se sont rendus au domicile de leur protagoniste politique pour le féliciter. Suivons les bons exemples tout en condamnant les trains qui sont en retard. Voilà ce que doit être le comportement de tous au sortir de ces élections. Le pays peut sortir des chantiers battus. Il est clair que les caresses ne font pas grandir le chaton, mais elles lui témoignent l’affection de son maître. Tout aussi, il est clair que des élections réussies ne garantissent pas le développement, mais déjà elles mettent le pays sur le chemin de la démocratie. Et c’est un bon ingrédient qui va aider tous les Burkinabè à ne pas regretter l’insurrection. C’est possible!
Boureima DEMBELE