Chronique : Les martyrs, la justice ? Allons seulement !

| 09.10.2015
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Chronique : Les martyrs, la justice ? Allons seulement !
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Chronique : Les martyrs, la justice ? Allons seulement !
Les martyrs, la justice ? Allons seulement !


Regardez leur frénésie et dites-moi où se trouve l’hérésie. Suivez les détours de leur discours et décryptez les non-dits de leur pensée. Depuis le chant du cygne du RSP, c’est l’orgasme politique au Faso. Le débat est désormais focalisé sur les « ébats électoraux » avec à la clé une certaine indécence tatouée d’un puritanisme juridique plein d’impuretés politiques. Chacun se bat pour sa chapelle en prêchant la bonne nouvelle démocratique sous fond d’agenda parfois mal caché. Entre la moralité et la légalité, il y a des opportunités à saisir et certains sont prêts à tout pour écraser la réalité et marcher sur le tapis rouge. Tant pis pour le martyr qui attend dans le starting-block de l’enfer. Les élections, c’est une priorité absolue. Tant pis pour les blessés qui croupissent sur leur lit d’hôpital avec leurs ordonnances médicales, le jour des élections le parti vous enverra des béquilles pour que vous clopiniez vers l’urne et remplir votre devoir de citoyen perclus. Surtout, votez pour eux !

Si j’étais un politicien, je ferais moins de bruit pour ne pas perturber le sommeil de ceux qui ont été fauché. Je ne me préoccuperais pas de la prolongation de la transition, pendant que des vies ont été écourtées lors de la crise. Elles n’ont même pas encore rejoint leur dernière demeure. D’ailleurs, faites vite, enterrez-les aujourd’hui-même et passons aux élections. N’oubliez pas de construire d’autres monuments en leur hommage. Leur famille y trouvera de l’opium et du valium. Les voies de la démocratie sont insondables, la voix du peuple retentira toujours pour rappeler la mémoire de ceux qui sont partis sur l’autel du sacrifice. Celui qui perd un fils par balle n’est pas pressé d’aller aux élections, mais plutôt au prétoire. Celle dont le mari baignait dans son propre sang se moque de vos excitations politiques. Elle veut juste une garantie que justice sera vite rendue, sans état d’âme, loin de toute interférence.

La sécurité des personnes devant répondre est une gageure et l’histoire ne manque pas d’exemples pour confirmer les inquiétudes du peuple. Une crise d’hypertension doublée de diabète est vite arrivée, une crise cardiaque peut s’inviter dans une cellule, un témoin-clé peut avoir un accident de la circulation, pire, un détenu en or peut se suicider. La justice doit hâter le pas, le politique doit faciliter les choses, si et seulement s’il n’est pas en cause. Mais comme on aime le dire au Faso, même si la santé des prévenus venait à être une déconvenue à plusieurs inconnus, sachez faire preuve de retenue, car qui échappe à la justice des hommes subira la sentence du tribunal divin. Il ne faut pas remettre au ciel ce qui est à la terre, évitons les subterfuges fatalistes et soyons réalistes. Ce pays a soif de vérité et de justice, soyons à l’heure au rendez-vous de l’histoire. Au soir de la proclamation des résultats, pense à tous ces jeunes qui ont versé leur sang pendant que tu étais couvert en lieu sûr dans un bunker. Au soir fatidique du grand saut, fais ton introspection, agis avec conviction, mais ne fais pas obstruction à la justice. Sinon les mêmes causes produiront les mêmes effets. Si tu veux atteindre le sommet pour narguer le bas et régler tes comptes. Tu pourras renflouer tes comptes et n’avoir de compte à rendre à personne, mais sans te rendre compte, on te règlera tes comptes en plein midi dans un compte à rebours où seul un hélico peut sauver ton égo macho, loin de la furie de la meute qui ameute ses troupes. Alors Monsieur le prochain Président, ne vous précipitez pas pour rendre justice. La justice peut toujours attendre, et puis, elle est toujours lente d’ailleurs. Laissez les dossiers brûlants se refroidir, rendez les dossiers pendants au « prochain-prochain » président. Après tout, les questions de justice sont très sensibles et nécessitent beaucoup de tact et de temps. Et puis, on ne peut pas juger tout un Général en cinq ou dix ans ! Mes chers compatriotes, gardez la foi aux juges indépendants. En cachette, ils vous diront que tout dépend du politique et le politique affirmera se garder à toute immixtion dans les affaires judiciaires. Et c’est parti pour des années de mutisme coupable, mais le Burkinabè d’hier n’est plus celui d’aujourd’hui. « Plus rien ne sera comme avant ! ».

Clément ZONGO
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