Chronique du fou du roi: Attention, les chefs traditionnels ne sont plus des garanties électorales certifiées au Burkina.

| 29.03.2014
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LE FOU DU ROI.
© DR / Autre Presse
LE FOU DU ROI.
Au Burkina Faso, la perspective de l'élection présidentielle très sensible de 2015 a crispé les débats politiques au moins deux ans avant cette échéance.
L'opposition et le pouvoir rivalisent sans cesse dans la stratégie de conquête des chefs traditionnels dans l'hypothétique espoir de s'assurer une base électorale pour ce scrutin à venir. Cependant, la classe politique burkinabè semble se tromper d'époque. En effet, si les chefs traditionnels ont longtemps joué un rôle dans les élections par leur système de consigne de vote à des populations, nombreux sont aujourd'hui les chefs coutumiers qui n'ont pas une grande influence sur les citoyens de leur circonscription administrative. Beaucoup de chefs sont décriés par leur parti pris en politique au détriment de la sagesse et de la neutralité dont ils étaient jadis crédités. C'est ainsi que des contestations surviennent de plus en plus lors des successions aux trônes dans plusieurs chefferies. Un climat de maturité d'esprit et le caractère secret des votes dans des isoloirs permettent à beaucoup de citoyens de voter librement sans peur et considération des consignes de votes dictés par des chefs. Malgré les meetings exhibitionnistes et les promesses chimériques de victoires éclatantes proférées par des chefs traditionnels, des partis politiques ont constaté que les suffrages sont en deçà des attentes. L'une des preuves manifestes et récentes, est la défaite du parti au pouvoir à la mairie de l'arrondissement 4 de Ouagadougou lors des municipales partielles du 23 février 2014.Les responsables du parti qui, lors de leurs meetings laissaient voir une foule de chefs traditionnels en bonnets rouges, promettaient de rafler les 20 sièges de conseillers municipaux de l'arrondissement. Et ce fut la désillusion car, le parti n'a obtenu que 5 conseillers face à l'ODT qui n'a pas bâti sa campagne électorale sur des chefs traditionnels et de l'argent mais sur la confiance et la popularité de ses candidats dans la zone, ce qui lui a permis de rapporter 14 sièges et d'élire le maire en son sein.

Beaucoup de voix se sont élevées au Burkina pour demander la dépolitisation de la chefferie traditionnelle pour plus de crédibilité et de neutralité. Les chefs s'y sont opposés car, la politique est devenue pour eux à l'instar de beaucoup d'acteurs politiques, un fonds de commerce. Le discrédit grandissant des politiciens a déteint sur un grand nombre de chefs traditionnels. Par conséquent, ni l'argent, ni les chefs traditionnels ne constituent plus des garanties électorales au Burkina Faso. Ce qui importe le plus aujourd'hui, ce sont des candidats humbles, honnêtes, non violents, proches des populations qu'ils écoutent et aident à solutionner concrètement leurs problèmes quotidiens. Les partis qui négligent ces réalités actuelles et qui miseront aveuglément sur l'argent et les chefs traditionnels, auront bâti leur avenir politique sur du sable, un sable mouvant.

Laborpresse

 

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