On l'aura constaté, tout est fin prêt pour qu'Air Force One, qui a décollé de Washington et mis le cap sur le Sénégal, puisse se poser tranquillement aujourd'hui 26 juin 2013 à l'aéroport international Léopold Sédar Senghor. Avec à son bord son passager attitré Barack Obama, le président des Etats-Unis d'Amérique.
En effectuant cette visite de 72 heures (26-28 juin), Obama rend la politesse à son homologue sénégalais, Macky Sall, qui avait séjourné à Washington du 28 mars au 2 avril 2013.
Derrière cette marque de civilité, le n°1 américain parachève une tâche entamée lors de son premier mandat : en effet, le 11 juillet 2009, il avait donné à Accra un cours magistral sur les vertus de la démocratie aux Africains via les parlementaires ghanéens.
Cette seconde tournée sonne comme un air de service après-vente. 4 ans après avoir rendu hommage aux "institutions fortes", tout en fustigeant les timoniers de tout acabit ("l'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts", avait-il dit), Obama revient sur le vieux continent pour encourager davantage les pays qui ont opté pour ce mode de gouvernement.
Il avait d'ailleurs invité, en 2011 et courant mars 2013 à la maison ovale, certains dirigeants de pays africains "exemplaires" pour une "rencontre de solidarité démocratique".
Pendant cette présente visite en Afrique, l'accent sera encore mis sur la démocratie et la transparence, ainsi que sur le renouvellement de la classe politique, autrement dit sur l'alternance.
L'alternance ou ce qu'il nomme "le nouveau leadership" est un concept chevillé au corps du premier président noir des USA, puisque, déjà en 2010, 120 jeunes Africains avaient été conviés par lui aux USA au "Forum des jeunes ledears".
Pour ce second séjour de son dernier mandat, les pays visités ont été triés sur le volet : Sénégal, Afrique du Sud et Tanzanie. Encore une prime à la démocratie !
Sans doute faut-il prêter une attention particulière au discours qui sera prononcé à Dakar, qui portera sur la lutte contre le djiadisme et la piraterie dans le golfe de Guinée, sujet sur lequel se sont penchés des chefs d'Etat africains à Yaoundé les 24 et 25 juin derniers.
Cependant, c'est bien qu'Obama vienne accrocher une médaille d'or au cou de la démocratie sénégalaise, chanter une ode à la liberté et aux droits de l'homme, mais on ne respecte pas les droits de l'homme le ventre vide. Misère et démocratie ne font pas toujours bon ménage. On n'a pas la même notion de ces droits selon qu'on est devant ou pas un plat fumant de tieboudjène ou de tiep yap ! Il serait de bon ton que notre frère Obama (à l'instar de "Doubleou" Bush avec son Millenium Challenge Corporation) ait aussi son Compact, qu'il l'appelle "African Marshall Plan" ou autre ; ce qui pourrait être vu sous l'air du rattrapage, eu égard au fait que les Africains avaient cru, à tort, qu'Obama multiplierait ses séjours en Afrique et surtout y ferait pleuvoir des tombereaux de dollars.
Comme lâchait un Sénégalais au sujet de cette visite, "Obama est le président des USA, mon président est Macky Sall" ; comme pour dire que dès le 29 juin au matin, les flons flons estompés, les Dakarois retrouveront la réalité quotidienne : les marchés de Sandaga ou de Tilène avec ces petites gens qui se "débrouillent" pour joindre les deux bouts, et ses millions d'autres Sénégalais qui n'ont que la misère comme lot quotidien.
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana