La véritable raison du voyage est apparue quand Obama a déclaré que « la Chine porte beaucoup d'attention à l'Afrique » et que c'est l' « intérêt des Etats-Unis d'approfondir et d'élargir les partenariats avec les pays africains ». Il y a pourtant un problème : les USA n'arrivent pas à rivaliser avec la Chine, dont les investissements sont pour les pays africains beaucoup plus utiles et avantageux que les étasuniens, qui, eux, visent le profit maximal en se concentrant sur l'exploitation des ressources énergétiques et minérales. Pour parer à l'influence chinoise et renforcer celle des Etats-Unis en Afrique, l'administration Obama a surtout recours à des instruments politiques et militaires. Parmi ceux-ci, « l'Initiative pour les jeunes leaders africains », dont l'objectif est de « développer un réseau prestigieux de jeunes leaders dans des secteurs fondamentaux et de cimenter des liens encore plus forts avec les Etats-Unis ». A travers des « forums de haut niveau » et plus de 2mille « programmes pour la jeunesse » financés par des millions de dollars, Washington essaie de créer en Afrique de nouvelles élites dirigeantes pro-USA.
En même temps, par le biais du Commandement Africa, on renforce la présence militaire étasunienne sur le continent. La principale base pour cette opération est Sigonella (Sicile). C'est là qu'a été déployée la Special-Purpose Marine Air-Ground Task Force (Magtf) du Corps des marines, qui, dotée de convertibles (rotors basculants, Ndt) MV-22 Ospreys et d'avions-citernes C-130, envoie des escadrilles en Afrique, par roulement. Depuis janvier, partant de Sigonella, elle a entraîné des forces spéciales africaines en Ouganda, Burundi, Cameroun, Ghana, Burkina Faso, Seychelles, Mozambique, Tanzanie, Sénégal et Libéria. La task force de Sigonella collabore aussi au Military Intelligence Basic Officer Course-Africa, dans lequel sont formés des officiers des services secrets africains au Kenya, en Ethiopie, Soudan du Sud, Nigeria et autres pays. Le cours Miboc-A est défini comme « une des centaines d'activités pour la sécurité réalisées par les militaires USA en Afrique ». Ainsi s'étend sur l'Afrique le réseau militaire étasunien, qui à travers de multiples liens recrute officiers et forces spéciales locales. Opération dirigée par le Commandement Africa, qui a installé il y a quelques jours, auprès de la Task force conjointe pour la Corne d'Afrique et Djibouti, son premier « poste de commandement avancé » sur le continent. Nouvelle version des vieux instruments de domination coloniale.
Mais qu'Obama fasse attention : comme il l'a lui-même dit, « l'Afrique est en train de se soulever ».
Manlio Dinucci
Mondialisation