Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, a fait sa première apparition publique depuis près de deux ans en déposant son bulletin dans l'urne, poussé dans un fauteuil roulant. Souffrant encore des séquelles d'un AVC subi il y a un an et qui a réduit ses capacités d'élocution et de mobilité après trois mois d'hospitalisation au Val-de-Grâce à Paris, Abdelaziz Bouteflika a accompli son devoir électoral
ce jeudi à 10 heures (GMT) à l'école Cheikh Bachir el-Ibrahimi à El-Biar, sur les hauteurs d'Alger. Il était entouré de deux de ses frères, dont Saïd, son conseiller spécial, et d'un jeune neveu. Il a salué la presse de la main mais n'a fait aucune déclaration. C'est sa première apparition publique depuis le 8 mai 2012.
À cette date, il avait laissé croire à une succession ouverte en déclarant que sa génération avait "fait son temps". Le 22 février dernier, il a finalement annoncé sa décision de se lancer à la conquête d'un quatrième mandat après une lutte au sommet de l'État. Et malgré les doutes sur ses capacités à diriger le pays pendant un nouveau quinquennat. Plus de 260 000 policiers et gendarmes sont déployés sur le terrain pour assurer la sécurité de près de 23 millions d'électeurs appelés à voter dans 50 000 bureaux en faveur de l'un des six candidats en lice, dont l'ex-Premier ministre Ali Benflis et une femme, la députée trotskyste Louisa Hanoune.
"Transition démocratique"
Durant la campagne du 23 mars au 13 avril, les Algériens ont pu le voir à trois reprises à la télévision recevant de prestigieux invités. Sa maladie l'ayant empêché de mener lui-même cette campagne, il a chargé sept de ses proches de sillonner le pays pour convaincre les électeurs. Quarante-huit heures avant l'ouverture des bureaux de vote, il a exhorté les Algériens à se rendre aux urnes parce que "l'abstention dénote une propension délibérée à vouloir demeurer en marge de la nation".
Le taux de participation sera un des enjeux de la consultation. À la présidentielle de 2009, il était officiellement de 74,11 %. Un câble de l'ambassade américaine à Alger révélé par WikiLeaks l'avait cependant estimé entre 25 et 30 %. Une coalition de cinq partis d'opposition appelle au boycottage du scrutin, plaidant en faveur d'une "transition démocratique", tandis que le mouvement Barakat ("Ça suffit"), hostile à un quatrième mandat de M. Bouteflika, juge que cette élection est "un non-événement".