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Vu sa très grande virulence, sa mortalité très importante et ses symptômes, le virus Ebola à l'instar du charbon et de la variole, figure au palmarès des pires incarnations de la peur moderne d'un danger biologique. On imagine aisément une pandémie d'une telle trempe, provoquant à elle seule un désastre planétaire via les moyens de transport. Et de nombreux films ou romans catastrophe ont exploité le sujet, faisant de l'Ebolavirus et de ses terribles effets sur l'homme un cauchemar devenu bien familier.
Voilà donc le portrait rapidement brossé de la peste rouge qui vient frapper à nos portes. Mais cette fois, il ne s'agit pas d'une fiction savamment concoctée par un romancier ou un scénariste, car aujourd'hui il est établi que la réalité vient de rejoindre la fiction. Et cette fois le cauchemar est vécu par une nation tout entière et menace ses voisins.
Déjà, le mal, jusque-là inconnu en Guinée où il sévit désormais, a emporté 59 personnes et progresse vers la capitale dont les services sanitaires viennent de recenser quelques cas. Il ne manquait plus que ça dans ce pays potentiellement très riche, mais logé, depuis son indépendance en 1958, dans le rang des nations les plus pauvres de notre planète.
On croyait la terrible pandémie circonscrite à la région de ses origines, c'est-à-dire en République démocratique du Congo, en Ouganda, au Gabon ou au Soudan du Sud. Loin de ses attaches habituelles, elle a effectué une entrée aussi fracassante que meurtrière en Afrique de l'Ouest à travers la Guinée.
Comme quoi cela n'arrive pas qu'aux autres, surtout lorsqu'il s'agit d'une infection aussi virulente. Et c'est sans doute pourquoi des pays voisins du foyer d'infection ont rapidement pris les mesures idoines. Le Sénégal et la Côte d'Ivoire ont été parmi les premiers à réagir, tandis que la Sierra Leone faisait figure de prochaine victime.
Des mesures préventives donc s'imposent dans toute la sous- région, tant la menace est sérieuse. Mais au-delà de la veille sanitaire, c'est l'occasion pour les amis et voisins de faire preuve d'une solidarité agissante, car ne dit-on pas que si la case de ton voisin brûle, il faut contribuer à éteindre le foyer de peur que l'incendie se propage à tout le village ? Or la case du voisin guinéen se consume, alors il faut agir et vite.
H. Marie Ouédraogo