Macky Sall lui-même reconnaît, en privé, que certaines des accusations portées contre Karim Wade semblent exagérées. Le discours que le président sénégalais sert à ses homologues ouest-africains a d'ailleurs changé ces derniers mois. « Avant, résume le conseiller d'un chef d'État de la sous-région, il disait : « Karim est coupable, nous le prouverons. » Aujourd'hui, il est moins sûr de lui. Il maintient qu'il y a eu des détournements, mais il affirme aussi qu'une solution sera trouvée. »
Selon ses proches, Sall vit mal cette situation. Karim Wade fut un ami, et même lorsque leurs chemins ont pris des voies différentes, à partir de 2008, ils sont restés en bons termes. « Macky a été très proche de la famille Wade et c'est un sentimental, rappelle un visiteur régulier du palais présidentiel. Ce n'est pas de gaieté de coeur qu'il observe ce qui se passe. Mais ne comptez pas sur lui pour interférer dans les affaires judiciaires. Il fait confiance aux juges. » Plusieurs sources affirment qu'il a, au début de la procédure, tenté de convaincre Wade, via des intermédiaires, de rendre l'argent détourné et de trouver un accord à l'amiable. La loi le permet. Mais Karim a refusé. Et la machine judiciaire s'est emballée.