Goodluck et Boko Haram : Un SOS qui sonne comme un aveu d’incompétence

| 06.05.2014
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Goodluck et Boko Haram : Un SOS qui sonne comme un aveu d’incompétence
© DR / Autre Presse
Goodluck et Boko Haram : Un SOS qui sonne comme un aveu d’incompétence
«Faites quelque chose pour nos filles». Il est là, le désarroi des familles des lycéennes enlevées depuis le 15 avril dernier et dont on est toujours sans nouvelles.

Une supplique inscrite en peu de mots sur un morceau de papier mais qui en dit long sur le sentiment qui anime ces parents des 223 jeunes filles sortis manifester pour que quelque chose soit enfin entrepris pour retrouver leurs progénitures.

Depuis le jour où elles ont été kidnappées dans leur école à Chibok, dans l'Etat de Borno au nord-est du Nigeria, on dispose de peu d'information sur leur sort.

Où ont elles été conduites ? Combien sont-elles au juste ? A quoi vont-elles servir ? Au tant de questions qui sont restées jusque-là sans réponses.

Il a fallu cette vidéo obtenue hier lundi 5 mai 2014 par l'Agence France-presse (AFP) pour en savoir davantage sur cet enlèvement aussi surprenant que révoltant.

Sur les images, on aperçoit le chef de la secte islamiste Boko Haram, Abubakar Shekau, menacer de réduire ses captives en esclaves et de les marier de force. Certaines informations font état de leur transfert au Tchad ou au Cameroun où elles auraient été vendues à ... 12 dollars chacune.

Du côté des autorités gouvernementales, aucune nouvelle sur la suite de ce rapt massif. Ni sur les moyens mis en œuvre pour les recherches ni sur le lieu de détention des jeunes filles.

Stratégie savamment développée pour une meilleure traque des ravisseurs ou silence qui trahit quelque incompétence dans la lutte contre le terrorisme ?

Ce mutisme a fini par engendrer un sentiment d'abandon auprès des proches des victimes, qui ont commencé à donner de la voix face au silence des pouvoirs publics. Aussi bien au Nigeria que dans bien d'autres pays, des manifestations sont organisées pour dénoncer la «léthargie» du gouvernement fédéral.

C'est dans ce concert de clameurs que le président nigérian, Goodluck Jonathan, a lancé, dimanche dernier, un appel à son homologue américain à «aider son pays à résoudre ses graves problèmes de sécurité». Le même jour, il a tenu, pour la première fois, une rencontre avec les chefs des services de sécurité et militaire, des hauts responsables gouvernementaux, le gouverneur, des représentants ainsi que le chef de la police de l'Etat de Borno, et les responsables de l'école où les jeunes filles ont été enlevées.

Pourquoi avoir mis tout ce temps ? Le gouvernement de Goodluck avait-il sous-estimé la gravité de cet enlèvement et le retentissement qu'il aurait au sein de l'opinion publique nationale et internationale ?

Certes il n'est jamais trop tard pour bien faire. Mais cet appel à l'aide de la Communauté internationale sonne comme un aveu d'impuissance face à la secte islamiste.

Tout se passe comme s'il a fallu cette levée de boucliers des populations pour que le «Géant de l'Afrique» reconnaisse ce qu'il a pendant longtemps refusé d'admettre par orgueil : ses limites objectives dans la lutte contre le terrorisme. Ce n'est pas infamant de reconnaître son impuissance dans un domaine ou dans un autre. Encore moins quand il s'agit de la lutte contre le terrorisme. En la matière, même les Etats-Unis, nonobstant leurs moyens de lutte très élaborés et leurs systèmes de renseignement hypersophistiqués, font de la coopération internationale une pièce maîtresse de leur sécurité nationale.

Quoique formulé sous pression, espérons que cet aveu d'incompétence d'Abuja marquera le début d'une volonté politique réelle de lutter contre une secte qui le nargue chaque jour que Dieu fait.

Alain Saint Robespierre

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